Des grèves éclatent à la fin de mai 1968 aux mines de fer exploitées par la Société Miferma. L'intervention des forces de l'ordre provoque la mort de 8 personnes à Zouerate et le gouvernement de Nouakchott doit faire face à des manifestations organisées par des jeunes gens qui proclament leur solidarité avec les grévistes. Il est cependant difficile d'apprécier si ces incidents ont, ou non, un rapport direct avec la crise qui sévit alors en France.

Les efforts déployés par Ould Daddah pour accorder aux minorités noires une plus large représentation au sein du gouvernement — à la suite du remaniement ministériel de janvier — sont passés pratiquement inaperçus. En janvier également, la langue arabe devient langue officielle, au même titre que le français.

Dans le domaine de la politique étrangère, l'événement le plus important est le renforcement des liens entre Pékin et Nouakchott, après la visite officielle effectuée en octobre en Chine populaire par Ould Daddah.

Niger

3 433 000. 3. 3,2 %. Consomm. énergie (*65) : 13 kg e.c.
Transports. Parc autos (*65) : 2 600 + 4 500.
Information. Journaux : 1 quotidien ; tirage : 1 300. Récepteurs radio : 45 000. Cinéma (59) : 2 salles. Postes téléphone : 2 408.
Santé (64). 49 médecins.
Éducation (64). Prim. : 55 146. Sec. et techn. : 3 010.
Institutions. État indépendant le 3 août 1960. République (18 décembre 1958). Constitution de 1960 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Diori Hamani, réélu le 30 septembre 1965. Parti unique : Parti progressiste nigérien.

Nigeria

58 600 000. 63. 2 %. Consomm. énergie (*65) : 44 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 859 M pass./km, 1 987 M t/km. Parc autos (64) : 46 000 + 24 000. Aviat. civ. (*65) : 202 710 000 pass./km.
Information. Journaux : 22 quotidiens ; tirage : 391 000, sur 19 quotidiens. Récepteurs radio (64) : *600 000. Téléviseurs : *30 000. Cinéma (60) : 67 salles. Postes téléphone : 68 748.
Santé (64). 1 777 médecins.
Éducation (64). Prim. : 2 849 488. Sec. et techn. : 242 198. Sup. : 7 951.
Institutions. État fédéral indépendant le 1er octobre 1960. République proclamée le 1er octobre 1963. Constitution de 1967. Président du Conseil militaire suprême : lieutenant-colonel Yakubu Gowon. Partis politiques dissous. Le Conseil exerce l'ensemble des pouvoirs.

La guerre civile au Biafra : plusieurs dizaines de milliers de victimes

En un an, la guerre civile qui oppose la République séparatiste du Biafra au gouvernement fédéral de Lagos a probablement fait autant de victimes que la guerre du Viêt-nam en sept ans.

Il semble, bien qu'aucune estimation ne puisse être retenue avec certitude, que plusieurs dizaines de milliers de civils aient trouvé la mort au cours des opérations militaires et que plusieurs millions de personnes aient été chassées de leurs foyers, contraintes de se réfugier hors de la zone des combats. La situation est angoissante dans l'ancienne région orientale de la fédération, notamment dans la partie encore contrôlée par les troupes séparatistes, où femmes et enfants manquent de vivres et de médicaments et sont menacés par les épidémies.

Les troupes fédérales ont prouvé dès juin 1967 leur supériorité militaire, sans avoir remporté aucune victoire décisive. Sur le plan psychologique, pourtant, le gouvernement du major général Yakubu Gowon est loin d'avoir gagné la partie. Au contraire, un courant d'opinion hostile aux autorités fédérales se développe au sein des États d'Afrique, et dans les chancelleries européennes la cause biafraise semble également gagner quelques sympathies.

En août 1967, les Biafrais commettent une erreur psychologique et militaire en quittant le territoire de la région orientale, dont ils ont proclamé quelques semaines plus tôt l'indépendance, pour lancer une offensive sur la région voisine du Moyen-Ouest, puis — à travers la région occidentale — contre la capitale fédérale. Après de premiers et rapides succès, les troupes biafraises, qui comptent sur l'appui de certains leaders politiques partisans de la sécession dans la région occidentale, sont écrasées par les fédéraux. Un cabinet de guerre est constitué à Lagos, tandis que, intensifiant les raids aériens contre les populations civiles du Biafra, le gouvernement fédéral reprend progressivement en main le contrôle de la situation.