Journal de l'année Édition 1968 1968Éd. 1968

Viêt-cong et Nord-Vietnamiens ont l'initiative, Américains et Sud-Vietnamiens sont sur la défensive, quand, dans la nuit du 29 au 30 janvier, éclate comme un coup de tonnerre l'offensive du Têt (jour de l'an vietnamien).

Auparavant, les opérations lancées par le FNL (Front national de libération) et les Nord-Vietnamiens – ces derniers, en effet, interviennent de plus en plus dans la bataille – se déroulent essentiellement sur trois plans :
– Contrôle de la zone démilitarisée qui, à la hauteur du 17e parallèle, sépare les deux Viêt-nams. Les atroces combats en juin 1967 pour la possession de la colline 881 en étaient le signe précurseur ;
– Harcèlements et attaques des bases américaines ou des postes sud-vietnamiens ;
– Raids sur les villes ou les villages, avec leur occupation provisoire.

Affrontements localisés

De juillet 1967 à fin janvier 1968, chaque mois aura pour ainsi dire sa grande bataille en un endroit précis.

Juillet

Le 15, tandis que des combats se déroulent encore dans toute la zone démilitarisée, le Viêt-cong déclenche une violente attaque contre la base de Da Nang. Agissant par surprise, ses commandos, en quelques heures, détruisent 8 chasseurs bombardiers, 3 avions cargos et 15 hélicoptères. Douze Américains sont tués, 145 blessés. Jamais la base aéronavale n'avait subi un tel assaut.

Août

Accrochages, embuscades, harcèlements se multiplient, notamment dans la région des hauts plateaux, sans aucune opération marquante. Mais brutalement, le 28, à une semaine des élections présidentielles sud-vietnamiennes, le FNL lance une offensive contre Dong Ha, Hoi Nan, Tru Quay, Can Tho et Da Nang, qui, à la suite de la destruction de huit ponts, va se trouver isolée pendant quelques heures. En une journée, on compte plus de 500 morts et blessés.

La base de Con Thien

Septembre-octobre

C'est la bataille de Con Thien. Con Thien est l'une des grandes bases construites de toutes pièces par les Américains, juste au sud de la zone démilitarisée, afin d'éviter les infiltrations nord-vietnamiennes. Le scénario de l'attaque est révélateur, car il se reproduira quelques mois plus tard pour Dak To et Khe Sanh.

En dépit de leur système de défense et de leur puissance de feu, les Américains se trouvent dans une position statique, en quelque sorte prisonniers de leur puissance et d'un terrain qui leur est défavorable.

Au contraire, la parfaite connaissance du terrain permet aux Nord-Vietnamiens de s'approcher jusqu'au périmètre de la base, sans que les Américains puissent déceler un mouvement de troupes important.

C'est le 7 septembre que les Nord-Vietnamiens déclenchent l'offensive contre Con Thien ; elle sera marquée par le plus violent duel d'artillerie que la guerre du Viêt-nam ait connu. Pour la première fois, les Nord-Vietnamiens font usage de leurs canons lourds. Le 28 septembre, la base est encerclée.

Les Américains, après des combats acharnés, arrivent à la dégager. Le 4 octobre, les Nord-Vietnamiens s'éloignent, mais le 12, ils se lancent à nouveau à l'assaut, avant de décrocher définitivement. Définitivement ? Au moins en apparence, car, en fait, la menace demeure, mettant les Américains en situation d'infériorité.

Novembre

À la bataille de Con Thien succède, sur les hauts plateaux, la bataille de Dak To, qui, pour les Américains, est l'un des lieux de contrôle essentiels de la piste Hô Chi Minh par laquelle arrivent au Viêt-cong renforts et munitions. Du 9 au 21, les combats font rage ; ce n'est que par la reconquête de la colline 875 que les Américains resteront maîtres de la situation. Mais, comme à Con Thien, le Viêt-cong lance, huit jours plus tard, un nouvel assaut.

L'offensive du Têt

Le 3 janvier, les bases de Da Nang et de Kon Tum sont attaquées ; le 6, le Viêt-cong investit et occupe pendant plusieurs heures les villes de Tai Uyen, Khiem Luong et Phu Loc. Et le 25, les Nord-Vietnamiens lancent l'assaut contre Khe Sanh, la base clef des Américains près de la zone démilitarisée, presque au début de la piste Hô Chi Minh. Artillerie lourde et tanks entrent en action. Cela va être la bataille décisive de la guerre, disent tous les observateurs.