Les partis demeurent sur la réserve, malgré l'entrée de quelques personnalités dans le gouvernement. Le souverain a toutefois laissé entendre dans son discours du trône, le 3 mars, qu'il désirait élargir les assises du régime en procédant à une révision constitutionnelle qui sera soumise à référendum.

Le 29 décembre 1966, le ministre des Finances, Mamoun Tahiri, a présenté un « modeste budget de convalescence ». Après une année d'« austérité positive », on a pu constater un assainissement financier.

La réforme agraire

L'attention du gouvernement se porte plus particulièrement vers le secteur agricole. Après avoir constaté au début de juillet 1966 l'insuffisance de la récolte céréalière (moins de 15 millions de quintaux) et l'obligation d'importer les 14 millions nécessaires à la consommation nationale, le roi a décidé de récupérer les derniers lots de terre de la colonisation (20 000 ha — il y en avait 250 000 en 1963 — exploités surtout par des Français) et d'activer la réforme agraire : le 6 juillet 1966, Hassan II distribuait 6 000 ha de terres à 500 fellahs de la région du Gharb, groupés en coopératives.

Par sa politique étrangère, le gouvernement marocain s'est efforcé de trouver un dérivatif à ses difficultés intérieures.

Premier fournisseur

L'année avait mal commencé avec l'affaire. Les visites, en août et septembre 1966, des souverains d'Iran, de Jordanie et d'Arabie ne sont pas faites pour lui rallier les sympathies de la nation arabe. Les relations avec l'Algérie, en outre, ne cessent de se détériorer. Inquiet de la fourniture massive d'armement dont bénéficie le pays voisin, Hassan II fait part de ses craintes au secrétaire général de l'ONU en mars 1967.

Un voyage du souverain en URSS, dont le résultat devait être essentiellement psychologique, et une visite aux États-Unis, beaucoup plus lucrative, rompent l'isolement du Maroc. Les relations avec les Américains, dont les milieux d'affaires montrent un intérêt croissant pour les investissements chérifiens, semblent devoir être appelées à se développer, en cas de différend avec la France, premier fournisseur, avec 40 % des échanges. Washington a accordé, cette année, 15 millions d'aide militaire au Maroc et des livraisons de blé.

Paris a déjà suspendu son aide (220 millions en 1965).

Cependant, la condamnation par contumace du général Oufkir à la réclusion criminelle à perpétuité — compensée, il est vrai, par l'acquittement du colonel Dlimi — le 5 juin n'a nullement empêché le gouvernement de Rabat de manifester son désir de normaliser ses relations avec Paris.

Son engagement, enfin, auprès des pays arabes, dans le conflit palestinien lui assure un regain de popularité.

Mauritanie

(*64) : 900 000. 1. 2,2 %. Consomm. énergie : 56 kg e.c.
Transports. Parc autos : 200 + 300.
Information. Récepteurs radio (63) : 30 000. Cinéma : 7 salles.
Santé (63). 29 médecins.
Éducation (63). Prim. : 18 640. Sec. et techn. : 1 397.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961 ; régime présidentiel. Président de la République et président du Conseil des ministres : Moktar Ould Daddah, réélu le 7 août 1966 avec 96 % des voix des inscrits. Parti unique : Parti du peuple mauritanien.

Niger

(*60) : 2 766 130. 3. 3,4 %. Consomm. énergie : 13 kg e.c.
Transports. Parc autos : 2 200 + 3 900.
Information. Journaux (63) : 1 quotidien ; tirage global : 100. Récepteurs radio (63) : 20 000. Cinéma (59) : 2 salles. Postes téléphone : 2 258.
Santé. 49 médecins.
Éducation (63) : Prim. : 49 856. Sec. et techn. : 2 547.
Institutions. État indépendant le 3 août 1960. République (18 décembre 1958). Constitution de 1960 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Hamani Diori, réélu le 30 septembre 1965. Parti unique : Parti progressiste nigérien.

Nigeria

(63) : 55 670 052. 61. 2 %. Consomm. énergie : 38 kg e.c.
Transports. Rail : 775 M pass./km, 1 931 M t/km. Parc autos : 46 000 + 24 000. Aviat. civ. : 190,9 M pass./km.
Information. Journaux (63) : 20 quotidiens ; tirage : 370 000 sur 19 quotidiens. Récepteurs radio : *600 000. Téléviseurs : *15 000. Cinéma (60) : 67 salles. Postes téléphone : 60 428.
Santé (63). 1 108 médecins.
Éducation (63). Prim. : 2 896 382. Sec. et techn. : 250 821. Sup. : 5 900.
Institutions. État fédéral indépendant le 1er octobre 1960. République proclamée le 1er octobre 1963. Constitution de 1967. Président du Conseil militaire suprême : lieutenant-colonel Yakubu Gowon. Il succède au général Aguiyi Ironsi, qui avait renversé, le 15 janvier 1966, Abubakar Tafewa Balewa. Partis politiques dissous. Le Conseil exerce l'ensemble des pouvoirs.

La sécession hypothèque l'avenir du plus grand État d'Afrique

Déjà sévèrement éprouvé par le coup d'État de janvier 1966, à l'issue duquel le général Ironsi avait chassé les civils du pouvoir, la fédération du Nigeria est, le 29 juillet, le théâtre d'un nouveau putsch.