Journal de l'année Édition 1967 1967Éd. 1967

Matières premières

Le marché mondial

Les cours des matières premières, qui, dans l'ensemble, étalent stables au début de l'année 1966, sont en baisse depuis. L'indice londonien Reuter (moyenne géométrique pondérée de 21 articles, en fonction de l'importance dans le commerce mondial), calculé sur la base 100 au 18 septembre 1931, a passé de 465,3 à fin juin 1966, à 421,2 au début décembre, niveau le plus bas qui ait été noté depuis la fin de 1962, pour remonter autour de 450 à la mi-juin 1967, à la faveur de la guerre israélo-arabe. Quant à l'indice américain Moody's (moyenne arithmétique pondérée de 15 marchandises importantes à New York et spéculatives), calculé sur la base 100 au 31 décembre 1931, il a décliné, pendant le même temps, de 403,3 à 373, pour s'établir à près de 380 pendant les quatre jours de guerre au Moyen-Orient.

Métaux non ferreux

L'évolution des cours a été influencée surtout par la guerre du Viêt-nam, gourmande de cuivre et de nickel. Pour ces deux produits, le gouvernement américain a retenu jusqu'à 25 % de la production nationale pour les besoins de la défense.

Le différend Rhodésie-Zambie au sujet du transport du minerai de cuivre par voie ferrée, ainsi que l'échec des entretiens Wilson-Ian Smith sont également deux faits marquants de l'année écoulée.

CUIVRE. Le cuivre a été, sans conteste, la matière première la plus en vue, tant en raison des variations considérables enregistrées sur les marchés à terme et au comptant, que des éléments politiques et stratégiques qui ont influé sur les cours du métal rouge.

Des conflits sociaux au Chili et en Afrique ont également perturbé les approvisionnements. Les écarts ont été considérables, allant de 350 livres à 800 livres par tonne. Les cours, qui s'étaient par la suite assagis, sont remontés à 412 livres le premier jour du conflit au Moyen-Orient. Au début de juin 1967, une conférence s'est ouverte à Lusaka (Zambie) entre les principaux producteurs de cuivre. Elle a pour but de rechercher le moyen de stabiliser les cours à un niveau suffisamment rémunérateur pour les mines et les États qui les ont données en concession.

NICKEL. La demande a été très importante aux États-Unis et la consommation a atteint un record proche de 840 millions de lbs en 1966, contre 760 millions en 1965. Les approvisionnements demeurent tendus au milieu de l'année 1967, malgré un effort de production. Après quatre ans et demi de stabilité, le prix du nickel a été relevé au mois de novembre 1966. La hausse a été d'environ 10 % dans les deux principaux pays producteurs : le Canada (où il est passé de £ 642 à 702 la tonne longue) et la France (965 F contre 875 F les 100 kg). Le souci de juguler l'inflation n'a pu, en effet, prévaloir contre le fait qu'à moins de permettre aux sociétés productrices de financer l'exploitation de nouveaux gisements une pénurie de métal pourrait bientôt menacer.

PLOMB et ZINC. Une tendance à la baisse a sans cesse dominé le marché du plomb en 1966. En fin d'année, le zinc a enregistré une reprise sensible et a rejoint presque ses hauts niveaux du début de l'année.

Le Groupe international d'études pour le plomb et le zinc estime qu'avant la fin de l'année 1967 l'offre devrait dépasser la demande d'environ 45 000 t pour le plomb et de 123 000 t pour le zinc.

ARGENT. La demande industrielle d'argent métal (photographie, électronique) augmente à un rythme beaucoup plus rapide que l'extraction minière depuis de nombreuses années. Les stocks du Trésor américain ont baissé très rapidement et, au milieu du mois de mai 1967, la cessation des ventes d'argent métal à tous acheteurs autres que les firmes nationales utilisant l'argent dans leur production a été annoncée. Simultanément, le Trésor a interdit la fonte, le traitement et l'exportation des pièces d'argent.

Denrées

Les marchés ont été surtout influencés par la situation statistique des produits. À noter, aux États-Unis : les marchés ont réalisé 88,6 milliards de dollars de transactions en 1966, ce qui constitue un record.

SUCRE. Le sucre a été particulièrement touché par l'abondance de l'offre, et la baisse amorcée au début de 1966 s'est poursuivie pendant les derniers mois de l'année, de sorte que les cours à Londres de dépassaient guère, à la fin décembre, 13 livres par tonne, niveau le plus bas depuis la fin de la guerre. Le conflit du Moyen-Orient a fait bondir les cours à près de 32 livres, mais ces cours ont été de courte durée. Le marché n'est plus réglementé depuis la dénonciation, en juin 1966, de l'accord aux termes duquel les producteurs s'étaient engagés à ne pas vendre au-delà du prix minimal de 23 livres par tonne. Aussi bien, en raison de l'échec de toute tentative de contrôle, il est peu probable qu'une reprise intervienne durant les prochaines années. Les pays producteurs restent ainsi condamnés à vendre sur le marché mondial à un prix inférieur au prix de revient.