Une autre colonne fonce vers le canal de Suez, prenant au passage Rafah et El-Arich.

Dans le secteur central, les unités israéliennes ont conquis avant la nuit Hadj el-Hafir, Taramul-Basis et ont pénétré dans les défenses d'Unkatif.

Au sud, la colonne qui se dirige vers Charm el-Cheikh se heurte, à Kuntilla, à une forte concentration de blindés égyptiens. Presque tout un régiment israélien est anéanti, mais un second passe. Les Égyptiens s'enfuient, poursuivis par l'aviation, qui les bombarde au napalm.

Sur le front jordanien, les troupes israéliennes portent leurs coups dans quatre directions : au nord de la Cisjordanie, elles mettent le siège devant Djenin ; dans la partie la plus étroite de la poche, elles s'emparent de Qalqilya ; un peu plus bas, elles isolent la ville de Latroum ; mais elles consacrent le gros de leurs efforts sur la vieille ville de Jérusalem, où la Légion arabe a pris l'initiative en s'emparant de l'enclave israélienne du mont Scopus et du mont Monkaber, où se trouve le QG de la commission des Nations unies.

À 2 heures du matin, quand le général Rabin, commandant en chef de l'armée israélienne, fait le bilan de cette première journée, le monde est saisi d'étonnement.

Fermeture du canal

Les pays arabes commencent à entrevoir l'ombre de la défaite. Ils tentent alors d'internationaliser le conflit. « Il est indiscutablement prouvé, annonce Nasser dans un message aux chefs d'État arabes, que les Britanniques et les Américains ont directement participé à l'offensive aérienne israélienne ». La manœuvre est destinée à provoquer une intervention soviétique. Mais le procédé est trop grossier. Non seulement les Soviétiques n'interviennent pas, mais leur représentant à l'ONU, Fedorenko, s'entretient avec le délégué américain Goldberg sur la meilleure façon de ramener la paix.

Avec un désespoir calculé, Nasser abat ses atouts internationaux : il ferme le canal de Suez, il demande aux producteurs d'interrompre les livraisons de pétrole.

Le mardi 6, l'avance des armées d'Israël se poursuit dans le Sinaï, sans plus rencontrer de résistance notable. Les Égyptiens filent vers le canal ou tentent de se regrouper dans le massif du Sinaï.

L'essentiel des combats, ce jour-là, se déroule dans Jérusalem. Le choc est sanglant. Du fait d'abord de l'entraînement et de la vaillance des unités bédouines engagées dans la bataille, mais aussi de la topographie compliquée de la ville sainte, qui se prête à la résistance.

La conquête de Jérusalem

Malgré les consignes formelles du commandement israélien d'éviter un affrontement autour des Lieux saints, il faudra utiliser l'artillerie et l'aviation pour déloger les Jordaniens. À 13 h 40, les troupes juives parviennent devant le mur des Lamentations, que le peuple élu retrouve après 2 000 ans de tribulations et d'exil. Mais vingt-quatre heures seront encore nécessaires pour achever la conquête de la ville. Les pertes sont lourdes des deux côtés ; Jérusalem — l'ancienne cité arabe aussi bien que la nouvelle ville israélienne — est très abîmée. L'église de la Dormition notamment, qui abrite le tombeau de la Vierge, a été incendiée.

L'armée israélienne avant la chute de Jérusalem a envahi la Jordanie ; des éléments avancent dans le nord vers Naplouse, dans le sud vers Bethléem et Hébron. La Cisjordanie est conquise.

La nuit précédente, le Conseil de sécurité, réuni depuis le 5 au soir, se met d'accord sur un texte demandant un cessez-le-feu immédiat. Le mercredi 7, le roi Hussein de Jordanie fait parvenir à Manhattan son acceptation. À peu près à la même heure, les chars marqués de l'étoile de David stoppent à quelques kilomètres du canal de Suez, après s'être emparés de Masar et de Roumana. Les parachutistes israéliens, largués dans le désert, opèrent la jonction à Charm el-Cheikh avec les péniches de débarquement venues d'Elath.

Le jeudi 8, malgré un nouvel ordre de cessez-le-feu du Conseil de sécurité, les combats se poursuivent. Une puissante force blindée égyptienne s'est regroupée dans le centre montagneux du Sinaï et tente de rejoindre Suez. Au col de Mitla, elle est prise en tenailles par les Israéliens. Pendant toute la journée, la bataille fait rage. Aidée de l'aviation, l'armée israélienne anéantit les forces de la RAU, détruisant 200 chars et faisant de nombreux morts. À 19 h, Nasser accepte le cessez-le-feu de l'ONU.