La première grande bataille de l'année se livre dans la région de Quang Tri. C'est, en juillet 1966, l'opération Hastings : 8 000 Américains et 3 000 Sud-Vietnamiens contre, estime l'état-major américain, 10 000 viêt-congs et Nord-Vietnamiens. Précédée de bombardements massifs sur la zone supposée être occupée par l'adversaire, l'opération dure environ un mois. En août, les Américains font le bilan : 800 adversaires tués. Parallèlement, un commando viêt-cong attaque au mortier la base américaine de Cu Chi, à 30 km au nord de Saigon.

D'août à octobre, les Américains lancent une série d'opérations de grande envergure dont les bilans se situent, toujours selon les chiffres de l'état-major, entre 300 et 1 500 morts viêt-congs ou nord-vietnamiens. Ce sont essentiellement les opérations Colorado entre Chu Laï et Da Nang, Paul Revere II sur les hauts plateaux, Thayer au nord de Quinhon, Irving dans la province de Binh Dinh et Prairie près de la zone démilitarisée.

Quel que soit le résultat de ces lourdes opérations, les Américains ont l'initiative, et ils paralysent relativement l'activité viêt-cong, qui se manifeste surtout par des coups de main.

L'offensive vietcong

En revanche, à partir de novembre, avec le retour de la saison sèche, le Viêt-cong reprend l'offensive. De durs combats se déroulent près de Saigon et de Hué, et les deux grandes batailles de Tay Ninh (où le PC américain est attaqué au mortier) et de Binh Dinh se soldent par de lourdes pertes aussi bien pour les Sud-Vietnamiens que pour les Américains.

Les forces américaines ripostent en janvier 1967, en déclenchant deux grandes opérations.

La première dans le delta du Mékong, jusque-là domaine réservé des troupes sud-vietnamiennes.

Devant le peu de résultats obtenus par ces dernières, les Américains ont décidé de prendre leur relève, montrant ainsi une fois de plus, mais cette fois aux autorités sud-vietnamiennes elles-mêmes, que cette guerre est désormais entièrement leur affaire.

S'ils tiennent à ratisser eux-mêmes le delta du Mékong, c'est qu'il constitue le grenier à riz du pays et que les impôts (en argent et en nature) perçus par les quelque 85 000 viêt-congs qui l'occupent permettent d'entretenir la rébellion dans tout le pays.

Les Américains, toutefois, n'auront guère plus de chance que les Sud-Vietnamiens. Malgré des jours et des jours de ratissage, ils ne rencontrent pour ainsi dire jamais l'adversaire. C'est pratiquement un échec.

La seconde opération se déroule dans le Triangle de Fer, à 40 km au nord-ouest de Saigon, où ont été signalées d'importantes concentrations de troupes viêt-congs et nord-vietnamiennes. Dix raids de bombardiers B-52 en cinq jours sur la région n'empêchent pas les Américains de se heurter à de fortes unités adverses. 711 viêt-congs sont tués, 722 prisonniers, tandis que les Américains avouent des pertes élevées.

Fin février, enfin, les Américains lancent l'opération Junction City à 100 km au nord-ouest de Saigon. 45 000 hommes y sont engagés et, pendant plus d'un mois, des combats acharnés se déroulent dans la province de Tay Ninh. Bilan : 581 viêt-congs tués.

Comme pour les raids sur le Viêt-nam du Nord, le mois d'avril 1967 marque un tournant. Le lieu de la bataille se déplace au nord du Viêt-nam du Sud, le long de la frontière laotienne et du 17e parallèle.

Quatre divisions nord-vietnamiennes, selon les Américains, se sont infiltrées au Sud et toute la région est pratiquement aux mains du Viêt-cong : en plein jour, ses commandos ont même réussi a s'emparer pour quelques heures d'une capitale provinciale, Quang Tri.

Contrôle de la frontière

C'est le début d'une des plus violentes et des plus longues batailles de la guerre. Le point culminant en est la prise de la colline 881, qui domine le passage obligé entre le Nord et le Sud, et dont les Américains ne prennent possession qu'après quatre jours d'assaut.

Le contrôle absolu de la frontière entre les deux pays est devenu l'objectif no 1 des Américains. Le 18 mai, 5 000 Marines et Sud-Vietnamiens pénètrent même dans la zone démilitarisée. De nombreux et très violents contacts s'y produisent avec de petites unités nord-vietnamiennes fortement retranchées. Depuis cette date, des combats s'y déroulent.

Échec des tentatives diplomatiques

Les tentatives diplomatiques pour mettre fin au conflit n'ont pratiquement pas cessé tout au cours de l'année.