Plus que jamais, l'exportation française est restée en 1966 très concentrée en direction des pays européens voisins, et spécialement ceux du Marché commun.

Cette concentration excessive n'est pas sans présenter un danger certain, l'exportation étant trop dépendante de la conjoncture environnante.

Le fait, par exemple, que l'Allemagne fédérale absorbe à elle seule, habituellement, un cinquième de nos exportations toutes destinations le démontre amplement. Il a suffi d'une perte de vitesse sensible de l'expansion ouest-allemande en 1966 pour freiner brutalement un courant par conséquent important de nos ventes à l'étranger.

En 1966, le Marché commun a renforcé sa place dans l'exportation française : 42,2 % (contre 40,9 % en 1965 et 27,8 % en 1959). Les livraisons françaises y ont atteint 22 769 millions de francs.

Vers l'Europe

Nos ventes ont enregistré un développement spectaculaire de 22,8 % vers l'Italie (contre 5,5 % en 1965). Beaucoup moins brillants ont été, bien entendu, les résultats sur l'Allemagne fédérale, avec un taux d'accroissement de 8,2 % seulement (+ 24 % en 1965), également de 8,2 % sur les Pays-Bas (+ 32,6 % en 1965). Sur l'UEBL, la progression s'est située à 13,4 %, légèrement supérieure à celle de l'année précédente (+ 11,3 %).

Vers l'ensemble des pays de l'Association européenne de libre-échange, les exportations sont pour ainsi dire restées stationnaires, n'augmentant que de 2,1 %.

Vers les États-Unis, une augmentation non négligeable des ventes a pu être obtenue, les livraisons d'automobiles et d'avions y ayant largement contribué. Bonne progression également sur le Canada (+ 12,7 %).

Nos exportations se sont très bien comportées à destination d'autres pays extérieurs à la zone franc : vers la Chine populaire (+ 53,5 %), qui devenait notre premier client hors l'Europe et l'Amérique du Nord, vers l'Espagne (+ 17,1 %), le Japon (+ 20,3 %), l'Australie (+ 63,6 %), certains pays latino-américains comme le Mexique (+ 42,2 %), le Brésil (+ 39 %), le Venezuela (+ 20,9 %). Accentuation notable également sur le Moyen-Orient (+ 20,9 %), où des expositions françaises étalent organisées.

Progrès des produits finis

Un nouveau bond en avant, très remarquable, des exportations françaises vers les pays de l'Europe de l'Est appartenant au Comecon (+ 28,4 %) porte à 3,6 % la part de ces pays dans les exportations totales françaises (3 % en 1965). Dans les ventes (1 908 millions de francs), les céréales y occupent une place importante (30 %). Les fournitures d'équipements s'accroissent avec les premières réalisations des gros contrats signés depuis 1964 avec ces pays et s'insérant dans le cadre d'accords commerciaux à long terme. Les exportations progressent le plus à destination de la Pologne (+ 89 %), de la Bulgarie (+ 80 %) et de la Tchécoslovaquie (+ 78,4 %), le moins vers l'URSS (+ 4,8 %).

Enfin, vers la zone franc, la part n'est plus que de 14,1 % dans nos exportations (contre 15,8 % en 1965 et 31,7 % en 1959). Les ventes diminuent de 3,5 %, l'Algérie — notre premier client à l'intérieur de la zone — ayant très sensiblement réduit ses achats en France, de l'ordre de 15 %.

Sur le plan de la structure de nos exportations vers les pays hors zone franc, caractérisée par 16,5 % de produits agricoles et alimentaires, 4,1 % de produits énergétiques, 10,9 % de matières premières et de produits bruts, 23,2 % de demi-produits, elle montre une amélioration digne d'intérêt en ce qui concerne les produits finis (biens d'équipement et de consommation). La part de ces derniers s'est élevée à près de 45 % en 1966 (contre 43,5 % en 1965). Mais ce pourcentage est encore trop peu représentatif du niveau de développement scientifique, technique et industriel du pays.

Début 1967, le contexte conjoncturel chez nos principaux pays clients du monde occidental (sauf en Italie où l'expansion était soutenue et les importations en pleine croissance) ne semblait toujours pas devoir être favorable au développement des exportations françaises, tout au moins durant le premier semestre. Sur la zone franc, les perspectives n'étaient pas meilleures.