La même loi organise une diffusion cohérente des résultats de la recherche à partir d'établissements départementaux de l'élevage. Elle prévoit également sous la forme d'un programme quadriennal 1966-1970, 450 millions de francs de subventions pour la modernisation des étables.

Le gouvernement poursuit dans le même temps avec les professionnels l'assainissement du cheptel. Après en avoir terminé avec la tuberculose et la fièvre aphteuse, ils engagent depuis 1966 la lutte contre la brucellose bovine, qui cause chaque année des pertes évaluées à 600 millions de francs.

Le fleuve blanc

Deux fois sur trois, le bœuf n'est en réalité qu'une vache laitière réformée. L'encouragement à la production de viande entraîne indirectement une nouvelle crue du fleuve blanc.

Si la production de lait estimée à 275 millions d'hectolitres en 1966 est en hausse de 6,5 %, la collecte a enregistré un taux de progression presque deux fois plus élevé. Les producteurs renoncent à entreprendre des fabrications artisanales et utilisent des aliments tout préparés pour alimenter les bêtes. Le rendement par vache (3 000 kg par an) laisse encore une grande marge d'expansion. Les excédents de produits laitiers augmentent chaque année.

La France a exporté 40 000 t de beurre en 1966, sans épuiser tous ses stocks. La CEE est excédentaire (l'Allemagne est exportatrice depuis 1965) et les cours mondiaux sont à un niveau trois fois plus faible que sur le marché intérieur. Toute exportation est coûteuse pour le trésor public.

Les exportations de fromage (76 500 t en 1966) et de poudre de lait (150 000 t) se font dans des conditions plus avantageuses. Le soutien des cours des produits laitiers (exportation et stockage) a coûté néanmoins près de 1 300 millions de francs au budget de l'État en 1966.

La production de porc reste inférieure en 1967 aux besoins du marché national, en dépit de l'industrialisation des élevages.

Il en est ainsi depuis 1963, sans interruption, et même lorsque, dans le cycle de production qui est de trois ans, la phase d'expansion atteint son maximum, comme en 1965 (+ 10 %) ; a fortiori lorsque se manifeste son ralentissement cyclique, comme en 1966 (+ 0,9 %). La reprise enregistrée par les services de prévision à travers le nombre des saillies ne commencera à se traduire qu'à la fin de 1967.

Il est vrai que la consommation de viande de porc progresse au rythme de 4 % l'an. Le Français consomme en moyenne plus de viande de porc (23,8 kg) que de bœuf (20,7 kg).

Les industries agricoles et alimentaires

Elles transforment ou conditionnent les deux tiers des produits agricoles avant que ceux-ci ne parviennent aux consommateurs : les industries agricoles et alimentaires (IAA) jouent un rôle déterminant dans la vie économique de l'agriculture française.

Ce secteur extrêmement vaste, qui totalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 45 milliards de francs (industrie automobile, une trentaine de milliards), connaît actuellement de grands bouleversements. Après être restée à l'écart des courants de concentration, l'industrie alimentaire amorce, en effet, un mouvement de regroupement dont le rachat de la raffinerie Say par un groupe dirigé par Beghin aura été, en 1967, l'illustration la plus spectaculaire.

Dans la mesure où les aliments sont plus élaborés et plus Industrialisés, les entreprises vendant des produits de consommation courante cherchent à acquérir des dimensions leur permettant de s'assurer de vastes marchés. Or, jusqu'à ces dernières années, les entreprises françaises de l'alimentation atteignaient pour la plupart d'entre elles une taille insuffisante pour prétendre à la diffusion de grandes marques sur un plan national et au-delà de nos frontières.

Caractère artisanal

Il existe en France environ 20 000 entreprises dans l'industrie alimentaire (sans tenir compte de la boulangerie). Mais 1 000 entreprises réalisent ensemble un chiffre d'affaires correspondant aux deux tiers de l'ensemble.

Les experts du Ve Plan, en insistant sur la nécessité de faciliter les concentrations, constataient que 45 % du marché français étaient détenus par des entreprises ne réalisant pas un chiffre d'affaires égal à 10 millions de francs par an.