Pour les dirigeants de la Mutuelle, l'entreprise était viable. Elle a échoué pour n'avoir pas eu le temps de digérer le passif, très supérieur aux prévisions, de la Mutuelle des cycles et motocycles dont elle avait pris la succession.

Mais, pour la Fédération des assurances, cette affaire « consacre l'échec d'une tentative voulant démontrer qu'il était possible de garantir les automobilistes en leur demandant des primes sensiblement inférieures à celles qui sont pratiquées par les sociétés sérieuses ». Pourtant, d'autres mutuelles jouissent d'une très bonne santé, peut-être parce que leur ancienneté leur assure une expérience profonde, gage de bonne gestion ; peut-être aussi parce qu'elles s'adressent à une clientèle à la fois très nombreuse et particulièrement sûre : fonctionnaires, instituteurs, artisans, industriels et commerçants, etc.

Ces bons risques permettent d'appliquer des tarifs inférieurs à ceux des grandes compagnies, qui sont par ailleurs souvent handicapées par des frais généraux considérables et des méthodes artisanales.

Les Français laissent leur voiture au garage

Plus de 11 milliards ont été versés en 1966 par les automobilistes français au Trésor. À titre de comparaison, le montant de cette dîme n'était que de 2,3 milliards de francs actuels en 1954 et de 10,4 milliards en 1965. Sur le total 1966, les taxes initiales, c'est-à-dire payées une fois pour toutes (cartes grises et permis de conduire), représentent 2,5 % ; les taxes annuelles (surtaxe sur les voitures des sociétés, taxe sur les véhicules de transport de marchandises) 11 %, dont 8 % pour la vignette seule. La taxe sur les carburants routiers et les lubrifiants a rapporté 9,5 milliards, soit 85 % du produit total. La France a le prix du carburant routier le plus élevé du monde, après l'Italie, alors qu'il est, hors taxes, le moins cher d'Europe.

La moyenne des prix en Europe s'établit à 80,5 centimes. L'écart entre le prix français et le prix moyen, encore notable, a été réduit ces dernières années par les augmentations effectuées dans plusieurs pays, dont l'Italie, qui a instauré, après la catastrophe de Florence, une surtaxe destinée au financement des réparations.

En dernier lieu, il faut ajouter les péages d'autoroutes — 44 millions de francs en 1965 et 80 millions en 1966 — et le prélèvement du Fonds de soutien des hydrocarbures — 201 millions en 1965 et 74 en 1966.

Le montant annuel total de cette charge fiscale a été calculé pour une voiture de 1 500 cm3, consommant 11 litres de carburant au 100 km et parcourant 13 500 km : il est de 1 141 francs pour la France, 962 francs pour les Pays-Bas et 788 francs pour l'Allemagne.

Le poids de cette fiscalité et aussi l'insuffisance du réseau routier et autoroutier se répercutent directement sur la circulation des véhicules. La voiture française parcourt en moyenne 9 800 km par an, alors que la moyenne dans le Marché commun est de 15 000 km.

Cette moindre utilisation du véhicule par les Français est d'autant plus frappante que la France se place au 3e rang dans le monde pour son parc automobile. Ce parc a triplé de 1955 à 1966, avec un taux d'accroissement annuel toujours supérieur à 8 %. Si 24 ménages sur 100 possédaient une voiture en 1955, le pourcentage de 51 sur 100 était atteint à la fin de 1966. À la même époque, un ménage sur 20 possédait plus d'une automobile.

Mais le faible parcours effectué chaque année entraîne une durée de vie plus longue du véhicule et un appel plus important au marché des voitures d'occasion.

La France bat aussi tous les records européens pour les ventes de voitures d'occasion : leurs immatriculations représentent près des deux tiers (63,4 %) du total des immatriculations.

Circulation et stationnement à Paris

Avant de quitter la préfecture de police, Maurice Papon a pris un certain nombre de mesures pour faciliter la circulation et le stationnement dans Paris, à compter du 2 janvier 1967.

Livraisons : De 7 h 30 à 21 heures, les réceptionnaires devront prendre en charge les marchandises livrées « dès le seuil » du magasin (sauf si la livraison exige un personnel spécialisé). De 21 heures à 7 h 30 du matin, en revanche, les marchandises pourront être déposées sur le trottoir, sans en occuper toutefois plus du tiers de sa largeur.