Paul VI propose d'intensifier la campagne de propagande en vue de développer le sens de la solidarité des hommes. Il appelle les peuples à constituer un « fonds mondial » d'aide mutuelle. Il invite les économistes à une vaste réforme des règles actuelles du commerce mondial : « C'est le principe fondamental du libéralisme comme règle des échanges commerciaux qui est ici en question », écrit le pape.

Il s'adresse aux catholiques, certes, mais, comme il l'a fait à plusieurs reprises déjà en faveur de la paix, « à tous les hommes de bonne volonté », puis, d'une manière très ferme, aux hommes d'État et enfin aux « sages », desquels l'on attend des idées pour tirer l'humanité de l'angoisse où elle se trouve plongée par l'insuffisance de développement.

Le monde a pénétré au Vatican, et cet apport indéniable du concile éclaire encore les efforts entrepris par Paul VI pour parvenir à un règlement des conflits internationaux, au premier chef celui du Viêt-nam.

Armistice et négociation

Une dizaine de documents relatifs à la paix du monde ont été publiés par Paul VI au cours de la seule session 1966 de l'Assemblée générale de l'ONU, à quoi s'ajoutent les audiences, les délégations et l'action indirecte par l'intermédiaire des épiscopats nationaux.

Il ressort de tout cela une prudence dans le détail qui atténue sensiblement la fermeté des principes. L'encyclique Christi Matri Rosarii du 20 septembre 1966 est une exhortation angoissée pour le retour de la paix dans le monde. Plus précis dans son message de Noël, Paul VI parle explicitement du Viêt-nam et demande que la trêve de Noël débouche sur un armistice et que soient entamées des négociations. Il réitère sa demande lors de la trêve du Têt, dans ses lettres aux présidents Johnson, Van Thien et Ho Chi Minh. Au cours des audiences qu'il accorde à Podgorny, de Gaulle, U Thant, le pape exprime son inquiétude devant la situation internationale. Il propose, en avril, un plan de paix fondé sur l'arrêt des bombardements au Nord et des infiltrations au Sud. En octobre 1966, Mgr Pignedoli a conduit une délégation pontificale à Saigon. Officiellement, mais approuvés par le pape, les contacts se sont poursuivis avec Hanoi.

Cependant, la nuit même de Noël, le cardinal Spellman, aumônier des troupes américaines, affirme à Saigon que cette guerre est faite pour la défense de la civilisation et qu'il n'est qu'une issue, la victoire des États-Unis. Les vives réactions de certains évêques dans le monde sont sévèrement critiquées par l'Osservatore romano. Le Vatican garde le silence.

Une intense activité diplomatique a permis d'améliorer les rapports avec les pays socialistes, la Pologne en particulier, où Mgr Casaroli effectue une mission de huit semaines au printemps 1967.

Après le conflit palestinien, le Vatican a pris position en faveur de l'internationalisation des Lieux saints.

En France, les décisions conciliaires entrent dans les faits

C'est à Lourdes, du 17 au 23 octobre 1966, que s'est tenue l'Assemblée plénière annuelle de l'épiscopat français (121 évêques) ; c'était la première fois depuis la clôture du IIe Concile du Vatican que les chefs de l'Église de France se rencontraient. Leur premier soin fut de donner, par un vote, valeur juridique aux statuts de la Conférence épiscopale que le Vatican avait préalablement approuvés.

L'Assemblée a abordé plusieurs problèmes importants dans la perspective des réformes conciliaires et des besoins particuliers de l'Église française.

Il est bien évident que la raréfaction des vocations, la disparité des ressources matérielles et spirituelles à travers le territoire, les formes nouvelles d'apostolat appellent une réorganisation importante de l'administration ecclésiastique et une révision de ses cadres. Par 102 voix contre 2, l'Assemblée approuve la création d'un Secrétariat d'études chargé de veiller à une meilleure répartition des effectifs du clergé dans les diocèses et des revenus divers des membres de ce clergé.

Dans les séminaires, les programmes seront remaniés ; leurs élèves étudieront davantage les orientations de la pensée moderne et seront mis en contact avec une théologie plus christocentrique. Un séminaire d'adultes sera créé à l'échelon national.

Le diaconat

Les évêques acceptent de mettre en œuvre une restauration du diaconat tel — ou à peu près — qu'il était pratiqué dans l'Église primitive. Des diacres mariés pourront être ordonnés, qui seront les auxiliaires actifs des prêtres ; par ailleurs seront ordonnés des célibataires, qui ne pourront pas se marier.