Les décisions conciliaires et le mouvement qu'elles impliquent n'ont pas été sans avoir également de profondes répercussions sur les ordres religieux.

Paul VI adressait aux jésuites, le 16 novembre 1966, une stricte mise au point lors de la clôture de la Congrégation générale. Il insistait tout particulièrement sur l'importance de l'obéissance, en évoquant les « suggestions étranges et déplorables » faites au cours de la Congrégation générale. « Notre confiance vous est conservée », conclut le pape. Cette mise au point s'adressait d'ailleurs à « d'autres familles religieuses ».

Les textes publiés

Dans les affaires intérieures de l'Église, l'évolution joue en faveur d'une plus étroite participation des évêques à l'élaboration des réformes entreprises par le Vatican. Cette collaboration se situe essentiellement dans l'exercice de la collégialité épiscopale définie par la Constitution de l'Église.

Dans la réalité quotidienne, l'organe collégial de l'épiscopat national, la Conférence épiscopale, s'est vu investi du double pouvoir de parole et de décision ; elle devient l'expression officielle de l'Église nationale, quand cette dernière est consultée par le Vatican, et l'organe de décision qui applique et adapte au niveau local les réformes ordonnées par Rome.

Les quatre textes fondamentaux (motu proprio Ecclesiae Sanctae) signés par Paul VI le 6 août 1966 accordent aux Conférences épiscopales de larges pouvoirs de décision à l'échelon local.

La fin d'un privilège

Ces décrets portent application de quatre décisions conciliaires et concernent : 1o la charge pastorale des évêques ; 2o le ministère et la vie des prêtres ; 3o le renouveau et l'adaptation de la vie religieuse ; 4o l'activité missionnaire de l'Église. Les Conférences épiscopales sont chargées, dans ce cadre, de la répartition du clergé entre les diocèses d'une nation et, au besoin, de la création d'un organisme compétent ; de l'équilibre dans la rétribution des membres du clergé, et surtout de la présentation au Saint-Siège des candidats à un siège épiscopal vacant.

Ce dernier point revêt une particulière importance. Il est essentiel qu'appartienne collégialement à l'épiscopat intéressé le droit de présentation du candidat. Dans certains pays, en outre, l'Espagne par exemple, la désignation du candidat revenait au chef de l'État, en vertu d'un concordat signé avec le Saint-Siège. Il est donc mis théoriquement fin à ce privilège, ce qui ne manquera pas de créer des situations difficiles. Et c'est à la Conférence épiscopale qu'est transmis ce pouvoir.

Le rôle des Conférences épiscopales, inscrit dans les décrets du 6 août, ne se borne pas à l'exécution locale des décisions. En effet, les quatre textes sont promulgués à l'essai et n'entreront dans le nouveau code de droit canonique qu'après une expérience dont la durée n'a pas été spécifiée. Et, en vue de l'élaboration du texte définitif, les Conférences épiscopales sont invitées à faire connaître leurs remarques. Le caractère provisoire de ces textes conserve donc au Vatican le contrôle de l'application qui en sera faite ; néanmoins, la compétence à émettre vœux et opinions est reconnue aux Conférences épiscopales.

Le motu proprio du 6 août contient, par ailleurs, une décision qui eut un certain retentissement : les évêques ayant charge de diocèse et les curés sont instamment invités à renoncer à leur fonction dès lors qu'ils ont atteint soixante-quinze ans. Huit cardinaux ou évêques français et environ 11 % des 1 759 évêques du monde entier étaient concernés. On a prêté au pape lui-même l'intention de s'appliquer cette norme. Un certain nombre d'évêques se sont immédiatement inclinés, et leurs démissions, celle du cardinal Feltin, archevêque de Paris, en particulier, ont été acceptées par le pape, quand les conditions d'opportunité et de continuité ont été jugées réunies.

Les réformes liturgiques

La liturgie est l'un des domaines où les réformes préconisées par le Concile ont connu une mise en œuvre rapide et atteint une certaine dimension. Les textes publiés les années précédentes avaient autorisé l'usage des langues nationales, simplifié et adapté la liturgie de la messe en particulier. Mais le problème est vaste et il restait énormément à faire.