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Les réformes décidées par le Vatican

Les décisions du concile entrent dans les faits. Le bilan est imposant : organismes créés au Vatican, textes publiés, travaux d'approfondissement entrepris. 1966 demeure, cependant, une année d'attente. Deux questions de nature très différente, mais d'une importance fondamentale pour l'Église et le monde, n'ont pas encore reçu de solution.
Le gouvernement de l'Église est appelé à subir, dans de brefs délais, une transformation profonde. Paul VI lui-même l'a dit à maintes reprises. Plusieurs nominations à des postes clefs de la Curie et la création de 27 nouveaux cardinaux représentent cette année le premier pas de la réforme attendue.
La seconde question, l'attitude de l'Église dans le domaine du contrôle des naissances et de la contraception, reste encore sans réponse. La divulgation du rapport confidentiel des experts du Vatican est le seul élément nouveau de ce dossier dont le pape poursuit l'étude.
Année d'attente encore, car le premier sommet postconciliaire, le synode épiscopal, se réunit en septembre 1967. « L'année de la foi », instituée par Paul VI, débute le 29 juin.
Une année d'attente, mais non pas une année creuse. En regard des problèmes, nombreux, qui demeurent en suspens, un certain nombre de réalisations retiennent l'attention : les textes sur l'Église et les prêtres, les organismes nouvellement créés, dont l'un assure le contact entre l'Église et les laïcs, l'autre entre l'Église et le tiers monde, l'encyclique sur le développement des peuples.

La Curie romaine

L'action de l'Église s'est donc schématiquement orientée autour de deux pôles définis comme essentiels par les pères conciliaires : le renouveau intérieur et l'ouverture au monde.

« Aujourd'hui, instruite par l'expérience et désirant accueillir les formes nouvelles suggérées par le récent Concile, la Curie s'apprête à introduire dans ses structures des modifications qui, tout en lui conservant son efficience, rendront sa composition et son fonctionnement conformes aux exigences de l'Église. »

Le pape rappelait en ces termes, le 24 décembre 1966, la nécessité d'une réforme de la Curie ; mais les décrets dont il annonçait la publication ne sont pas parus. Pour autant, la Curie n'est pas restée tout à fait ce qu'elle était avant l'ouverture de Vatican II.

À une réforme globale qui n'aurait pas manqué de provoquer de vives réactions, le pape a sans doute préféré une action de longue haleine. Faute de pouvoir réorganiser sans que l'Église en soit profondément troublée, Paul VI s'est efforcé d'introduire au sein de la Curie des hommes neufs, favorables aux réformes.

Réticences

Les responsables des Congrégations, ces ministères du gouvernement de l'Église, montrent à l'égard des réformes préconisées par le Concile une réticence qui, à des degrés divers, ralentit leur mise en œuvre. Par ailleurs, l'âge souvent avancé des plus hauts personnages de la Curie nuit parfois à l'efficience du travail.

Le cardinal Ottaviani, préfet de la Congrégation pour la défense de la foi, a 86 ans ; le cardinal Cicognani, secrétaire d'État, 84 ans ; le cardinal Pizzardo, préfet de la Congrégation des séminaires, 90 ans ; le cardinal Masella, préfet de la Congrégation des sacrements, 88 ans.

Aux nominations de Mgr Garrone, encardiné en juin, comme pro-préfet des Séminaires et de Mgr Mœller comme sous-secrétaire à la Congrégation de la foi, ont succédé, en avril 1967, celles du cardinal Carpino (62 ans), qui devient pro-préfet de la Congrégation des sacrements, et celle du cardinal Villot (56 ans) qui, après le décès du cardinal Ciriaci, prend la tête de la Congrégation du concile. Cette Congrégation, créée en 1564, pourrait, à la faveur de cette nomination, retrouver son importance, qu'elle avait perdue au cours des siècles.

L'arrivée au sein de la Curie d'hommes jeunes et actifs, forts d'une expérience acquise dans leurs diocèses et qui, au cours du Concile, sont intervenus en faveur des réformes, n'a pas, loin de là, aplani les difficultés. Il est trop tôt encore pour juger des problèmes qui se posent au nouveau préfet de la Congrégation du concile. Celui-ci, du moins, s'est trouvé placé directement à la tête de son dicastère.