L'Early Bird peut retransmettre au-dessus de l'Atlantique une émission de télévision ou bien acheminer des signaux téléphoniques par 180 voies à la fois. Ces lignes téléphoniques sont louées au mois, au prix de 20 000 F pour un service quotidien de seize heures (les huit heures restantes servent à recharger les batteries). Ce prix paraît si élevé que 78 voies seulement ont trouvé preneur à ce jour.

Canary Bird et Lani Bird

Après un lancement le 27 octobre 1966, qui se solda par un échec, la NASA a mis sur orbite le 11 février 1967 le deuxième satellite INTELSAT, baptisé Lani Bird (Oiseau céleste, en hawaiien et anglais).

Ce relais se trouve sur le Pacifique, sensiblement au-dessus de l'intersection de l'équateur et de l'antiméridien de Greenwich. Il permet de relier tous les pays riverains du Pacifique. Il a le même nombre de voies qu'Early Bird, mais la puissance de son émetteur est double (12 watts au lieu de 6). Son premier et plus gros client est la NASA elle-même. Elle a retenu un grand nombre de voies, dont elle aura besoin lors des vols Apollo pour établir des communications permanentes avec le réseau de stations de poursuite et de contrôle disséminées dans le monde entier. Un client en puissance des plus importants — dont la demande a provoqué un malaise certain au sein de l'INTELSAT — est le département américain de la Défense, désireux de louer 30 voies téléphoniques pour ses liaisons militaires avec l'Extrême-Orient.

Comme les demandes des agences de presse et surtout des compagnies américaines de télécommunications sont nombreuses, on peut dire que ce satellite est d'ores et déjà saturé.

Enfin, un troisième relais INTELSAT, le Canary Bird, a été satellisé le 23 mars 1967. Remarquablement situé au-dessus de l'équateur, près des côtes d'Afrique, à 6° du méridien de Greenwich, ce satellite peut relier entre eux quatre continents : l'Amérique du Nord, celle du Sud, l'Europe et l'Afrique.

Deux fois plus puissant qu'Early Bird, il double ce dernier, condamné à partir à la dérive lorsqu'il aura épuisé les réserves de gaz qu'il éjecte de temps à autre pour se maintenir en place.

L'aîné de la famille n'en continue pas moins à rendre service. La COMSAT estime qu'il devrait fournir à lui seul, pour l'exercice 1967, des recettes de l'ordre de 20 à 25 millions de francs, représentant un bénéfice net de 10 millions.

Les Molniya

L'Union soviétique a son propre réseau de satellites de télécommunications Molniya, dont le cinquième a été lancé dans le courant de mai 1967. Ces engins constituent un exemple de l'esprit pratique qui caractérise la recherche spatiale soviétique.

Un coup d'œil sur un globe terrestre montre que les Russes pouvaient se passer de satellites équatoriaux sur orbite stationnaire de vingt-quatre heures, puisqu'ils ne doivent relier entre eux que des points situés dans l'hémisphère boréal au-dessus du parallèle 40°.

Or, un satellite stationnaire comme ceux de l'INTELSAT coûte cher : lancé d'abord sur une orbite d'attente très allongée, il est propulsé de nouveau par sa fusée à son passage par l'apogée, afin d'être transféré sur une nouvelle orbite circulaire de 36 000 km ; enfin, la base de lancement se trouvant loin de l'équateur, il faut faire basculer l'orbite jusqu'à faire coïncider son plan avec celui de l'équateur.

C'est pourquoi les Russes ont préféré tirer profit des avantages qu'offre pour leurs propres besoins une orbite synchrone de douze heures spécialement étudiée.

Le satellite Molniya a un périgée bas (environ 500 km), qui se trouve au-dessus des régions australes du globe, et un apogée de 40 000 km situé au-dessus de l'Union soviétique. Il est donc très rapide dans l'hémisphère austral et très lent au-dessus du territoire qu'il doit desservir.

1 tonne contre 68 kg

Tant et si bien qu'au cours d'une première révolution (douze heures) il assure huit heures de service continu comme relais de télévision, radiotéléphonie, etc.

La seconde révolution de douze heures, en raison de la rotation de la Terre, l'amène à survoler l'Amérique du Nord ; l'engin met ce temps à profit pour accumuler de l'énergie électrique avec ses batteries solaires. Le lendemain, la troisième révolution reproduit les conditions de la première, et ainsi de suite.