En 1965, les vues du professeur Hawkins sont exposées dans un livre qui fait grand bruit en Angleterre : Stonehenge déchiffré. Ce monument, qui, dans son état le plus ancien, date de 1 800 à 2 000 ans avant notre ère, aurait donc été un « calculateur néolithique ». L'auteur est catégorique : « Il ne peut y avoir aucun doute : Stonehenge était un observatoire ; l'impartiale mathématique des probabilités et la sphère céleste sont de notre côté. »

La réaction des milieux archéologiques est vive. Le grand spécialiste du site, le professeur Atkinson, n'a aucune peine à relever dans le livre des erreurs archéologiques flagrantes. Il souligne en outre que, pour un astronome, l'auteur se contente de plans et de mesures bien peu précis : ce qui enlève beaucoup de valeur à ses conclusions.

Trouvant les explications du professeur Hawkins « choquantes » au point de vue archéologique, certains archéologues se sont tournés vers une des sommités de l'astronomie anglaise et mondiale, le professeur Fred Hoyle.

Il examine à son tour le problème, se passionne, et fait connaître ses propres conclusions au cours de l'été et de l'automne 1966. Elles sont peut-être encore plus étonnantes.

Un Einstein néolithique

Pour lui, l'existence des alignements ne fait pas de doute. Et le calcul des probabilités montre qu'ils ne sont pas dus au hasard, mais bel et bien à la volonté humaine. Reste le problème des éclipses.

Selon le professeur Hoyle, leur prédiction pouvait se faire en utilisant le cercle extérieur des fosses non plus comme un calculateur destiné à prévoir les cycles lunaires, mais comme une sorte de rapporteur géant. Chaque fosse du cercle représenterait une division sur le cadran du rapporteur, et la grande taille de l'appareil aurait évidemment été due au souci d'améliorer la précision angulaire des mesures. Pour conclure, il faut penser, déclare Hoyle, qu'une sorte d'Einstein a existé dans l'ouest de l'Angleterre à cette époque, au milieu d'une société dont on n'attendait certes pas autant.

Prédire les éclipses

On ne connaît pas encore officiellement la réaction des archéologues. Mais deux autres auteurs scientifiques ont déjà pris position. Pour R. Colton et R. L. Martin, de l'université de Melbourne, toutes ces hypothèses sont beaucoup trop élaborées, « sophistiquées », compte tenu des connaissances que l'on peut accorder aux paysans du néolithique anglais.

Il existait une méthode beaucoup plus simple pour prédire les éclipses à Stonehenge. Pour qu'une éclipse de Lune se produise, il faut que le Soleil et la Lune soient diamétralement opposés dans le ciel. Si, de plus, la Lune se lève un court moment avant que le Soleil se couche (jusqu'à 15 ou 30 minutes), une éclipse de Lune se produit au cours de la nuit. Si elle se lève après le coucher du Soleil, c'est que l'éclipsé a déjà eu lieu. Le cercle de fosses de Stonehenge a donc pu permettre à ses utilisateurs de vérifier l'alignement correct de la Lune et du Soleil. Il suffisait pour cela de se placer au milieu du cercle, au milieu du monument.

Selon les auteurs, la prévision pouvait se faire par ce moyen avec une très grande précision. En outre, les observateurs pouvaient prévoir dans une certaine mesure les éclipses à venir en notant les positions de la pleine Lune par rapport à celle du Soleil lors des phases antérieures. Et l'on aurait enfin une hypothèse pour expliquer les nombreux cercles mégalithiques trouvés en Grande-Bretagne.

Le projet Tikal : les mystères de la civilisation des mayas

Une campagne de fouilles d'une ampleur exceptionnelle — elle a duré onze ans — vient de s'achever sur le site de Tikal, dans le nord du Guatemala.

Au début de 1967 a commencé une période de consolidation et de restauration des monuments, qui durera jusqu'en 1969. En même temps, on analyse l'immense moisson archéologique.

Tikal est le plus vaste site maya connu. Il a sans doute constitué la plus grande métropole de cette magnifique civilisation précolombienne dont bien des aspects nous restent mystérieux — y compris son déclin subit au ixe siècle avant notre ère.