Dans le domaine de la distribution, 1967 aura vu apparaître une nouvelle marque, ELF (Essence et lubrifiant français), lancée en mai par le groupe d'État ERAP.

La prospection de nouveaux gisements a été continuée en Aquitaine et dans le golfe de Gascogne. Des sociétés de recherche ont également poursuivi ou entrepris leur prospection au Gabon, au Nigeria, à Madagascar, au large du Sénégal, dans la mer Rouge, mais depuis 1965 c'est la mer du Nord qui constitue le pôle d'attraction des chercheurs d'or noir. Des sociétés françaises ont notamment obtenu d'y prospecter soit seules, soit en participation.

Au Nigeria, le gisement d'Obagi, exploité par l'ERAP (12 millions de tonnes par an), est entré en production.

Le gaz naturel

Le gaz naturel a fourni en 1966 34 % de l'énergie combustible vendue par le Gaz de France (au total 28,6 milliards de thermies, en accroissement de 5,2 % par rapport à 1965). Ce gaz naturel a été fourni par le gisement de Lacq et par les gisements sahariens.

Le contrat privé passé en 1966 avec les producteurs du gisement de Groningue, aux Pays-Bas, prévoit la fourniture en France de 5 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, à partir d'octobre 1967.

Métallurgie

Difficultés d'adaptation aux nouvelles conditions du marché

Depuis trois ans, la production sidérurgique française progresse très peu. Cette année encore, elle se situera à peu près au même niveau qu'en 1964, 1965 et 1966, soit un peu en dessous de 20 millions de tonnes d'acier brut.

Déjà, les quatre années précédentes avaient vu un palier semblable, mais au niveau de 17,5 millions de tonnes. Contrastant avec une croissance de 7,5 % par an au cours des années 1950 à 1960, la production ne s'accroît plus que par étapes, et à un taux voisin de 2,5 % par an.

À peu près analogue dans tous les pays voisins, cette nouvelle allure de l'activité sidérurgique tient moins à des causes conjoncturelles qu'à une évolution structurelle de la demande, des échanges et de la production.

L'équipement général du pays s'est ralenti, et avec lui les besoins d'acier qu'il entraîne. Des industries moins consommatrices, comme l'électronique et la chimie, se développent, pendant que stagnent les vieilles industries lourdes. Les progrès de la technique permettent partout de meilleures performances avec moins de métal.

Une concurrence acharnée

À cette première évolution structurelle s'en superpose une seconde, qui a été aussi sensible, en 1966, que dans les années immédiatement antérieures, et qui marque également l'année en cours.

Il s'agit de la concurrence que se livrent les producteurs d'acier. Ils avaient organisé leurs plans et prévu leur extension en fonction d'une croissance constante de la demande. Ils se trouvent devant un marché moins demandeur de ces tonnes supplémentaires qu'ils se sont mis à même de fabriquer pour l'équilibre de leurs usines et de leurs finances. Par conséquent, ils s'arrachent les bribes de marché disponibles, fût-ce au détriment des prix, lesquels baissent et cessent d'être rémunérateurs.

Cette situation se reflète dans les chiffres du commerce extérieur français de l'acier. Les exportations sont passées de 4,5 millions de tonnes en 1962 à 5,8 millions de tonnes en 1966, traduisant ainsi le mordant des entreprises françaises. Les importations, image du mordant de la concurrence étrangère, sont passées, elles, de 3 millions de tonnes en 1962 à 4 millions de tonnes en 1966. Le solde des échanges, quant à lui, ne s'est amélioré que faiblement : 1,3 million de tonnes au lieu de 1. Exprimé en recettes, il s'est même stabilisé par suite de la dégradation des prix.

À cette double évolution structurelle, celle de la demande et celle des échanges extérieurs, les professionnels, ainsi que les autorités nationales et européennes, cherchent des remèdes. Ils s'efforcent d'adapter, à court et à long terme, leurs industries sidérurgiques, qui restent une base nécessaire au développement dans tous les pays.

Une partie des mesures prises a consisté à protéger le Marché commun contre les importations venant de pays placés dans des conditions de production leur permettant des prix de vente de combat. Une autre, à inciter les producteurs européens à ne plus se faire, sur le marché de la communauté, une concurrence ruineuse parce qu'anarchique.

Un contrat État-industrie

Mais l'essentiel a consisté dans une adaptation profonde de la sidérurgie européenne au changement des conditions techniques et économiques qui constitue la troisième mutation structurelle de cette industrie.