Par ailleurs, les dernières œuvres de Singier (Galerie de France), de Bertholle et de Borès (Villand Gallanis), celles de Michaux (Le Point cardinal), de Léon Zak (Jacques Massol), de Montanier (Synthèse), de Dubuffet (Jeanne Bucher), les gravures de Friedlander (La Hune) et les empreintes gravées de Roger Vieillard (Coard) ont affirmé de façon certaine les partis pris esthétiques de chacun de ces artistes.

Parmi les peintres plus jeunes, les classifications sont encore plus difficiles à établir. Si des individualités comme Zao-Wou-Ki (Galerie de France), Maryan (Claude Bernard), Hundertwasser (Karl Flinker), Rebeyrolle (Maeght) s'affirment de jour en jour, on voit des peintres comme Fichet (Arnaud), Vielfaure (Galerie 342), Martin Barré (Arnaud), Claude Georges (Le Point cardinal) ou Benrath (Karl Flinker), n'ayant rien renié de leur audace primitive, eux non plus, poursuivre une voie de plus en plus individualisée, tandis que d'autres, comme Bolin (Kriégel) ou Bierge (Simone Badinier), réaffirment en un langage actuel un certain nombre de données éternelles de la peinture.

Où en est l'avant-garde actuelle ? Disons qu'à cette question difficile répondent l'exposition du cinétisme d'une part, celle des bandes dessinées, d'autre part, et celle encore du groupe Arc. Rigueur et mouvement d'un côté, explosion baroque avec emploi des procédés issus de la publicité, de l'affiche et du photo-montage d'un autre côté.

Partout une certaine provocation pleine d'agressivité, dénonçant la vanité des procédés traditionnels, un goût prononcé pour l'objet et des souvenirs très précis du surréalisme. Des expositions chez Denise René, Alexandre Iolas, Claude Levin, Illéana Sonnabend et quelques autres encore ont concrétisé cet état de fait.

Car le surréalisme est de plus en plus à l'honneur et les expositions Magritte et Brauner (Alexandre Iolas), Delvaux (Bateau-Lavoir) en sont de vivants exemples.

Faut-il classer parmi ces peintres Rohner (Galerie de Paris) ou le ranger parmi les tenants de la tradition dont Brayer (Galerie de Paris), Chapelain-Midy (Drouant) et Buffet (David et Garnier) sont toujours les porte-drapeaux ?

Les expositions de naïfs auront apporté cette année encore un souffle d'air pur : Bauchant (M. Bénézit), Demonchy (Antoinette), Lagru (l'Imagier), Lefranc (Berri-Lardy).

La tapisserie contemporaine a été mise à l'honneur par les dernières œuvres de Lurçat, Tourlière, Dom Robert et Gilioli à la Galerie la Demeure, tandis qu'on pouvait voir également les peintures de Lurçat (Suillerot). Quant à la sculpture, Rodin (Au pont des Arts), Bourdelle (Claude Bernard) et aussi les œuvres maya (Jeanne Bucher) ont formé trois belles expositions.

Cette liste ne peut être complète, de toute évidence. Plutôt qu'une énumération subjective, il convient de considérer les noms d'artistes cités ici comme des exemples significatifs des grandes options tracées par les galeries d'art.

Les salons

Les Salons demeurent l'institution la plus favorable pour les jeunes sans marchand et sans moyens pour organiser une exposition. C'est sans doute pour cela que les peintres parvenus à une certaine notoriété finissent tôt ou tard par fuir les Salons.

Certains sont spécialisés, comme le Salon des antiquaires ou l'Art sacré. Certains ont un thème comme les Peintres témoins de leur temps, qui ont consacré cette année leur exposition à la chanson ; d'autres se veulent de grands panoramas, tels que Grands et Jeunes d'aujourd'hui, Comparaisons, les Indépendants ou le Salon d'automne, qui a eu lieu cette année au printemps pour des commodités de locaux.

Quelques Salons se consacrent à une technique, ainsi les Peintres-Graveurs, qui ont réuni en particulier un hommage à Degas très remarquable ; ainsi le Salon du dessin et de la peinture à l'eau, explicite par son titre lui-même, ou le Salon de la jeune sculpture, qui eut lieu cette année dans les jardins du Palais-Royal.

Mais les trois Salons qui demeurent les plus vivants et les plus courus sont sans aucun doute les Réalités nouvelles, le Salon de mai, le Salon de la jeune peinture. C'est là qu'aînés et jeunes sont confrontés chaque année dans leur production la plus récente, permettant au visiteur une vue souvent chaotique, mais néanmoins assez complète de l'art d'aujourd'hui, dans ses différents affrontements.