Le cinétisme a des origines déjà lointaines, ne serait-ce que chez Gabo ou le futurisme russe et italien, mais c'est depuis quelques années surtout que lumière et mouvement ont été le point de départ de recherches plus concrètes. Des hommes comme Schöffer, Soto, Malina, le groupe de recherche d'art visuel, avec, en particulier, Le Parc, Agam et d'autres encore, ou Vasarely, en un domaine plus particulier, ont créé des œuvres où l'art et la science semblent se rejoindre. Animées généralement de mécanique, les œuvres qu'ils nous proposent font directement appel au spectateur, qui devient un partenaire actif.

On peut admirer l'imagination de ceux qui ont créé cet art à mi-chemin entre la peinture et la sculpture, qui s'efface le plus souvent dans l'anonymat et rejoint les problèmes de l'architecture, donc du monumental. On peut aussi être séduit par la rigueur de ces machines. On peut enfin reconnaître en l'art cinétique une nouvelle féerie du monde contemporain ; créé par les moyens les plus simples, il atteint souvent un caractère obsessionnel, ce qui est bien encore une preuve de son actualité.

Bande dessinée et figuration narrative
(7 avril - 19 juin, musée des Arts décoratifs)

La bande dessinée, qui a produit, paraît-il, depuis sa naissance, de 8 à 12 millions d'images, fait son entrée au musée. Les cartoons représentent-ils un phénomène sociologique ? Certainement, si l'on considère qu'environ un tiers de l'humanité se trouve ici concerné et que l'auteur de Blondie a 70 milliards de lecteurs par an. Mais s'agit-il d'un phénomène artistique ? Les experts en matière de bandes dessinées prétendent que s'il y a 75 % de feuilletons du plus bas niveau, et 20 % de médiocres, il y en a 5 % de valeur.

La seconde partie de l'exposition montre l'influence de la bande dessinée sur une partie de la jeune peinture actuelle. Il s'agit de la Figuration narrative, où l'image se déroule anecdotiquement tout au long du tableau, où les cartoons, comme la photographie, l'affiche, servent de support ou de matériau au peintre, rappelant sans cesse que nous vivons le siècle de l'image.

Il est courageux d'avoir introduit les bandes dessinées dans un musée. L'avenir nous dira si c'est bien ici leur place.

Les tendances contemporaines

Il est toujours difficile de donner une synthèse des différents courants de la peinture contemporaine à la lumière des expositions particulières fort nombreuses qui se succèdent dans les galeries de Paris pendant une saison.

Le fait qu'il existe sur les deux rives plus de 400 galeries, dont la moitié organisent des manifestations temporaires à un rythme peut-être moins accéléré qu'autrefois (mais fréquent tout de même), ne fait que compliquer la tâche de l'amateur d'art.

La première constatation qui s'impose est la présence des maîtres. Bonnard a fait l'objet d'un brillant hommage (Bernheim-Jeune), avec des tableaux qui ne figuraient pas à l'Orangerie ; l'œuvre gravé de Chagall a été mis en lumière parallèlement au Louvre (Berggruen), Rouault a été présent par une exposition intitulée les Fleurs du mal (Creuzevault) et Marquet a bénéficié de deux présentations importantes (Schmidt et Galerie du Cirque).

L'un des ensembles les plus émouvants fut certainement les dernières œuvres de Braque groupées sous le titre Dernier Message (Maeght), où esquisses, études et simples croquis, accompagnés de peintures plus élaborées, rendaient très présent son esprit patient de chercheur raffiné. On a admiré également les dessins et aquarelles de Pascin (Bellier), les dessins de Pougny (Beaux-Arts) l'évolution de Marcoussis (Berri-Lardy) et la fraîcheur ailée du magicien Christian Bérard (Au pont des Arts). Quelques œuvres de Klee (Alexandre Iolas), de Wols et de Fautrier (Michel Couturier) ont suffi à situer ces importants artistes, tandis que les derniers Miro (Maeght) ont été très bien accueillis.

Parmi les expositions consacrées à des artistes de la génération suivante, celle de Francis Bacon (Maeght) a été une des plus suivies et des plus admirées. Tant sur le plan de la peinture que sur celui de l'esprit de l'œuvre, on a vu en Bacon un précurseur des recherches actuelles en même temps que l'expression forte et dramatique de la solitude de l'homme. On peut dire qu'il s'agit là d'une manifestation qui a marqué surtout parmi les jeunes.