L'URSS aussi a son problème scolaire. Des réajustements se révèlent nécessaires après les réformes hâtives de Khrouchtchev et le désordre qui en est résulté. C'est l'objet des décisions de septembre 1966 sur l'enseignement technique et secondaire.

Les élèves ne devront plus être surchargés de devoirs et de leçons. Pour la première fois dans l'histoire de l'école russe, il y aura des matières à option. L'efficacité des cours du soir, une des pièces maîtresses du système scolaire, du moins dans les déclarations officielles, est remise en question.

Il est rappelé aux parents que « le principal travail des enfants, c'est l'étude, et rien ne doit les en détourner ». Mauvaise nouvelle pour les kolkhoziens et les organisations locales du parti, qui font appel aux écoliers pour rattraper les continuels retards des travaux agricoles.

Accident spatial

La mort tragique de Vladimir Komarov, dont le vaisseau spatial s'écrase au sol le 24 avril, démontre que les cosmonautes soviétiques ne sont pas plus à l'abri des accidents mécaniques que leurs collègues américains. Les Occidentaux constatent avec étonnement que la nouvelle est divulguée avec un retard de près d'une journée. Pour les Soviétiques, c'est pourtant un progrès : il n'y a pas si longtemps, on faisait le silence sur les catastrophes ferroviaires et aériennes.

Parti, patrie et culture

Le 50e anniversaire de la Révolution sera célébré dans un climat de ferveur et d'unanimité patriotiques. Depuis le 3 décembre, l'URSS a son Soldat inconnu, inhumé non loin du mausolée de Lénine. Pour les artistes également, le mot d'ordre officiel est plus que jamais : « Parti et Patrie ».

Les fonctionnaires de la littérature s'efforcent de masquer les divergences et tentent de faire triompher une position moyenne. À égale distance de celle des conservateurs, staliniens impénitents, et de celle des novateurs, des jeunes comme Voznessensky et des moins jeunes comme Tvardovsky et son équipe de la revue Novy Mir.

Pour la première fois, des écrivains sont faits « Héros du Travail socialiste ». Le monde des lettres serait plus sensible à cette attention du parti, s'il n'y avait parmi les sept décorés Mikhaïl Cholokhov (il reçoit également l'ordre de Lénine le 16 mai), le même Cholokhov qui regrettait que la peine appliquée à Daniel et Siniavski n'ait pas été celle qui est prévue pour les soldats coupables de trahison.

Le IVe Congrès des écrivains, plusieurs fois reporté, se réunit le 22 mai. Nouvelles attaques de Cholokhov contre les non-conformistes.

Il a d'avance obtenu satisfaction : le 12 mai, le metteur en scène d'avant-garde Efros a été congédié. « Il n'écoutait pas les critiques du parti ».

Soljenitsyne, l'auteur de l'admirable Journée d'Ivan Denissovitch, adresse au Congrès une lettre qui est la plus radicale des protestations jamais émises par un écrivain depuis la mort de Staline. Evtouchenko, qui sait toujours avec le même bonheur adapter son non-conformisme aux nécessités du moment, se prépare à publier des vers inspirés par Fatima, où il a vu le pape.

C'est finalement pour les peintres et les sculpteurs que l'évolution est la plus lente. Rien n'a changé depuis que Khrouchtchev insultait les peintres « formalistes ».

La politique extérieure

Réaliser avec Washington un accord sur la sécurité, tel est toujours apparemment un des objectifs essentiels de l'URSS. Si ses diplomates en arrivaient à l'oublier, ses économistes auraient vite fait de leur rappeler la signification de certaines statistiques et, plus concrètement, la longueur des files d'attente devant les magasins de Moscou. Mais il y a le « Viêt-nam frère », qui reçoit plus de bombes que la Corée à la veille de l'armistice de Panmunjom. Comment sauver alors la grande négociation planétaire — « le honteux marchandage », disent les Chinois — qui a commencé en 1959 ?

Le président Johnson, présenté comme une victime des machinations du Pentagone, est, après le bombardement d'Hanoi en juin, directement pris à partie (1er juillet). Il appartient bel et bien à ces « cercles qui définissent la politique extérieure des États-Unis et entraînent leur pays sur la voie de nouvelles aventures ». Brejnev tient le même jour à rassurer les officiers : leur armée « conserve la supériorité sur les armées des États impérialistes ».

L'Allemagne aussi

Avec l'automne et la session de l'Assemblée de l'ONU revient le temps des apartés diplomatiques. Bien entendu, en séance plénière, Gromyko adopte un ton tranchant : « L'agresseur est venu au Viêt-nam, l'agresseur doit partir du Viêt-nam. » Mais le titre d'un des projets de résolution qu'il dépose donne une idée plus précise de la position de l'URSS : « Sur la renonciation à des actions tendant à rendre plus difficile un accord sur la non-dissémination de l'arme atomique. » Il suffirait donc que les Américains fassent preuve d'un peu de bonne volonté. Par exemple, en faisant accepter par la République fédérale allemande, allié privilégié de Washington — son mauvais génie, pensent les Russes — de renoncer à participer à la stratégie atomique occidentale.