Indira Gandhi, réélue leader du parti du Congrès, forme le 13 mars le nouveau gouvernement. Elle conserve les grands noms de sa précédente équipe, notamment Desai aux Finances, mais fait une large place aux technocrates. Sa première décision a été de placer sous l'autorité directe du gouvernement central l'État de Radjasthan, où des contestations sur la formation du nouveau ministère avalent provoqué des émeutes.

Le Dr Zakir Hussein, membre du parti du Congrès, a été élu, le 6 mai 1967, chef de l'État. C'est la première fois qu'un musulman accède à la magistrature suprême.

Indonésie

(61) : 96 398 829. 69. 2,2 %. Consomm. énergie : 86 kg e.c.
Transports. Rail (63) : 6 262 M pass./km, 951 M t/km. Parc autos : *147 500 + 104 900. Mar. march. : 505 000 tjb. Aviat. civ. : 471 140 000 pass./km.
Information. Journaux (62) : 79 quotidiens. Récepteurs radio (48) : 125 000. Téléviseurs : 35 000. Cinéma (57) : 655 salles ; fréquentation : 257 M. Postes téléphone : 204 335.
Santé (62). 2 400 médecins.
Éducation (61). Prim. : 9 642 886. Sec. et techn. : 883 849. Sup. : 65 635.
Institutions. République indépendante, proclamée le 17 août 1945. Constitution de 1945. Président intérimaire de la République et président du présidium du gouvernement : général Suharto, qui succède à Sukarno.

La fin de Sukarno

« Le docteur Sukarno n'a plus le droit au titre de président et n'est plus autorisé à faire flotter le fanion présidentiel sur sa voiture. »

Cette brève mise au point du ministère de l'Information, le 17 mars 1967 — qui mêle curieusement l'essentiel et le futile —, consacrait la déchéance politique de celui qui avait incarné pendant vingt ans l'Indonésie nouvelle, indépendante, anti-impérialiste et socialiste.

La prise du pouvoir par l'armée, en octobre 1965 — à la suite de la découverte d'un « complot communiste » dont on ne saura jamais s'il fut une sanglante provocation ou une réelle menace —, avait plus qu'ébranlé le pouvoir de Sukarno.

En fait, sa disparition de la scène politique était inscrite dans le changement de régime.

Le sens de la manœuvre

L'homme qui devait finalement l'abattre, le général Suharto, est l'opposé de son adversaire : l'âge (le général a 46 ans, le président 66 ans), l'origine (Sukarno est né à Java, Suharto à Sumatra), le métier (l'un fut toujours un agitateur militant dans la clandestinité comme au pouvoir, l'autre est un militaire de carrière) et surtout les sentiments politiques : pro-communistes chez le premier, fanatiquement anticommunistes chez l'autre. Un seul trait les rapproche : le sens de la manœuvre.

Avec une patience et une adresse de stratège, le général Suharto, l'homme fort du nouveau régime, grignote, cerne, encercle son adversaire, pour finalement l'acculer à capituler.

Il use simultanément de la pression de la rue (tout l'hiver, des manifestations d'étudiants se déroulent dans Djakarta aux cris de « Sukarno démission »), de celle de l'armée et des partis politiques.

Il accumule par le biais de grands procès (l'ancien ministre Subandrio, le général Omar Dani, tous deux condamnés à mort) les preuves d'une participation de Sukarno au complot communiste ; il brandit la menace d'une mise en accusation publique du président par le Congrès populaire.

Finalement, et sans avoir tenté de rameuter ses partisans encore nombreux, même au sein de l'armée, Sukarno cède le 22 février : il délègue tous ses pouvoirs au général Suharto, mais évite le procès et l'exil. Le compromis est ratifié par le Congrès le 7 mars. Une ambiguïté plane encore sur le titre que pourrait conserver l'ancien chef de l'État. Elle est levée dix jours plus tard par la mise au point du ministère de l'Information.

Rupture avec la Chine

La victoire des militaires, que consacrait ainsi l'éclipse définitive de Sukarno, n'avait été acquise qu'au prix d'une terrible mise au pas du pays.

Selon des informations sûres, la chasse aux communistes qui suivit le coup d'État se serait soldée par de véritables massacres : le total des victimes atteindrait 400 000. La remise en ordre de cet État de 100 millions d'habitants, dispersés dans un chapelet d'îles qui sont autant d'États dans l'État, n'en est pas pour autant achevée.