Une mutinerie éclate au sein de l'armée fédérale : le général Ironsi est assassiné par les mutins. Le lieutenant-colonel Yakubu Gowon lui succède, tandis que les militaires originaires du Nord commencent à massacrer les populations de l'Est, notamment les Ibos.

En septembre, le système fédéral, que le général Ironsi avait aboli le 24 mai en supprimant les Parlements régionaux, est officiellement rétabli. Une véritable guerre civile s'ensuit. Dans le Nord, les minorités Ibos sont systématiquement exterminées, et un gigantesque exode ramène vers leur région d'origine les minoritaires qui veulent échapper à la mort.

De Kano, Kaduna, Joos, d'interminables colonnes de réfugiés s'acheminent sur Enugu. L'économie de toute la région nord est désorganisée.

Le fossé se creuse

En représailles éclatent, dans la région est, des pogroms contre les minorités originaires du Nord. Un fossé que rien ne peut plus combler se creuse entre le Nord, peuplé surtout de Haoussas, soumis à la loi de chefs traditionnels musulmans, résolument fermés à toute idée de progrès économique ou social, et les trois régions ouest, moyen-ouest et est, peuplées surtout de Yoroubas et d'Ibos, christianisés ou en voie de christianisation, largement ouverts aux idées démocratiques, volontiers progressistes, majoritaires dans les services publics, nombreux dans le commerce, et qui constituent la plus grande partie de l'élite intellectuelle nigérienne.

Dès l'automne 1966, les dirigeants de la région est sont à la pointe du combat contre ceux de la région nord, qui, par l'intermédiaire du lieutenant-colonel Gowon, ont repris le contrôle du gouvernement central, qu'ils détenaient à l'époque du régime civil.

Le lieutenant-colonel Ojukwu refuse de se rendre en octobre à la conférence constitutionnelle de Lagos et s'efforce de constituer une armée régionale, comme le prouve la capture en novembre, dans le nord du Cameroun, d'un DC-4 chargé d'armes destinées au gouvernement d'Enugu.

La sécession

Bien qu'ayant accepté de rencontrer ses collègues en territoire ghanéen, à Aburi, en janvier 1967, le lieutenant-colonel Ojukwu annonce quelques jours plus tard qu'il ne reconnaît plus l'autorité du lieutenant-colonel Gowon.

Le mois de mars marque un des points culminants dans la détérioration des rapports entre Lagos et Enugu ; dans la région est, les manifestations populaires hostiles aux autorités de Lagos se multiplient, le lieutenant-colonel Ojukwu fait suspendre les paiements au gouvernement central, prend le contrôle de tous les services fédéraux installés dans sa région, et crée une commission chargée de vendre directement à l'étranger les produits agricoles et miniers de la région.

Le 30 mai, le lieutenant-colonel Ojukwu proclame l'indépendance de la province orientale ibos, qui devient république du Biafra. La sécession de la plus riche province de la Fédération pose désormais à Y. Gowon de sérieux problèmes financiers et militaires, pour rétablir l'unité compromise.

Associé depuis juillet 1966 à la Communauté économique européenne, occupant sur l'échiquier politique africain une position privilégiée du fait de l'importance de ses ressources économiques et de la puissance de sa démographie, le plus grand des États indépendants d'Afrique noire voit son avenir s'obscurcir.

Ouganda

(59) : 6 536 616. 31. 2,5 %. Consomm. énergie : 36 kg e. c.
Transports. Parc autos : 28 500 + 5 600.
Information. Journaux : 14 quotidiens ; tirage global : 37 000. Récepteurs radio : *105 000. Téléviseurs : 4 000. Cinéma : 24 salles, fréquentation : (59) : 1,8 M. Postes téléphone : 17 810.
Santé (61). 544 médecins.
Éducation. Prim. : 525 585. Sec. et techn. : 20 143. Sup. : 1 127.
Institutions. État fédéral indépendant le 9 octobre 1962. République proclamée le 9 octobre 1963. Constitution présidentielle de 1966. Président de la République et chef du gouvernement : Milton Obote, auteur du coup d'État du 22 février 1966 qui renverse le chef de l'État, Mutesa II, roi du Bouganda. Destruction du palais de Mutesa, au Bouganda, le 24 mai, et dure répression menée par Obote, qui aurait fait 15 000 morts.

République arabe unie

(60) : 26 085 326. 29. 2,7 %. Consomm. énergie : 321 kg e. c.
Transports. Rail : 5 231 M pass./km, 3 499 M t/km. Parc autos : 84 500 + 26 100. Mar. march. (*65) : 232 000 tjb. Aviat. civ. : 508 647 000 pass./km.
Information. Journaux (63) : 9 quotidiens ; tirage global : 409 000. Récepteurs radio : *2 178 000. Téléviseurs : 273 000. Cinéma (62) : 334 salles, fréquentation : 70,1 M. Postes téléphone : 301 405.
Santé (62). 10 929 médecins.
Éducation (63). Prim. : 3 129 692. Sec. et techn. : 710 343. Sup. : 145 651.
Institutions. République proclamée le 18 juin 1953. après le coup d'État du 26 juillet 1952 qui renverse le roi Farouk. Constitution de 1964. Président de la République et chef du gouvernement : colonel Gamal Abdel Nasser, réélu le 25 mars 1965. Parti unique : Union socialiste arabe. La Syrie s'est retirée le 26 septembre 1961 de la République arabe unie fondée le 1er février 1958, qui fédérait Égypte et Syrie.

Des difficultés politiques et économiques assaillent Nasser

Le Raïs mène de front une politique socialiste et une guerre arabe. La lutte entreprise contre les royaumes saoudien et hachémite, cristallisée notamment dans le sanglant conflit du Yémen, cède le pas, au printemps 1967, à la guerre avec l'État d'Israël, qui aura sur la politique intérieure égyptienne, comme sur l'économie de la RAU, des conséquences graves.