Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Orissa

État du nord-est de l’Inde ; 156 000 km2 ; 21 930 000 hab. Capit. Bhubaneswar*.


L’Orissa, axé sur la vallée de la Mahānadī, comporte de vastes régions assez faiblement peuplées. La géographie est dominée par l’opposition entre l’intérieur montagneux, boisé, peu mis en valeur, et la plaine côtière, dont l’élément essentiel est le delta de la Mahānadī. C’est celui-ci qui a servi de noyau à la formation de l’État. L’intérieur est longtemps resté en marge. Le peuplement, ancien, est loin d’être homogène. Le rattachement politique au delta n’a pas été constant. Ce n’est que la réorganisation des États sur une base linguistique en 1949 qui a donné à l’Orissa son unité actuelle.


L’Orissa intérieur

Il couvre environ les deux tiers de la surface de l’État, mais ne contient qu’un peu plus du tiers de sa population. Il s’agit, en effet, d’un milieu difficile et peu mis en valeur.

La forme dominante est le plateau ondulé, mais, sur toute sa bordure orientale, le socle a été affecté de cassures et comporte des régions assez fortement soulevées et disséquées. Il existe un contraste entre l’est, plus haut, et l’ouest, où les plateaux dominent. De plus, l’ensemble est interrompu par le fossé que suit la Mahānadī, avec une direction grossièrement N.-O. - S.-E. La plaine alluviale est insérée dans une pénéplaine basse parsemée d’inselbergs, qui constitue un milieu original.

Le climat est extrêmement humide : les pluies, abondantes (plus de 1 300 mm en général), tombent entre juin et septembre pour l’essentiel. Cette humidité et la présence de roches mères granito-gneissiques ont favorisé la formation de sols rouges fortement lessivés, de médiocre valeur agricole. Il y a des bassins et des vallées tapissées d’alluvions, mais d’étendue relativement restreinte.

Faible valeur des sols et difficultés de circulation expliquent sans doute que la région ait peu attiré les paysanneries hindoues et qu’elle ait servi de refuge à des populations « tribales », ayant une civilisation et une culture particulières. Une grande partie de ces peuples n’ont pas adopté, ou ont adopté très tard, la culture permanente. Ils continuent à pratiquer un système à longue jachère, avec déplacement des champs : c’est la « culture itinérante », relativement rare en Inde. Ces techniques n’ont pas permis à la population d’atteindre des effectifs importants. La faiblesse de la mise en valeur explique aussi le maintien de surfaces boisées très importantes, rares en Inde. Ces forêts contiennent des espèces de grande valeur marchande, le teck et le sal.

Le système de culture est nettement dominé par le riz, qui couvre environ 80 p. 100 de la surface agricole utile. Il s’agit, en général, d’une culture unique sous pluie, sans apport artificiel d’eau.

L’ensemble n’est cependant pas deshérité. Il y a un contraste ancien entre les parties les plus montagneuses, domaine de la forêt, de la cueillette, de l’agriculture itinérante, et les plaines et bassins, mieux cultivés et plus peuplés. De plus, quelques efforts d’aménagement systématique ont été faits récemment. C’est dans l’Orissa intérieur qu’a été construit l’un des plus grands barrages de l’Inde, celui de Hirakud. Une énorme digue barre la Mahānadī et crée un grand potentiel de production d’électricité et d’irrigation.

En matière industrielle aussi, l’Orissa intérieur a profité d’aménagements conçus en fonction des besoins de l’Inde entière. Près du barrage de Hirakud et de sa centrale électrique a été créée par le gouvernement fédéral une série d’usines grosses consommatrices de courant (pour la production d’aluminium et d’engrais notamment). D’autre part, tout au nord de l’État, passe la voie ferrée Calcutta-Bombay. Le gouvernement fédéral a implanté une des grandes aciéries construites après l’indépendance, celle de Rourkela. On trouve du minerai de fer sur place ; le charbon vient des mines de Jharia, assez proche, et les marchés de Calcutta et de Bombay sont accessibles. Le souci de rapprocher les aciéries de l’Inde occidentale est manifeste dans le choix de cette localisation, et l’Orissa en a profité comme par accident. Rourkela n’en est pas moins devenu en quelques années une ville champignon de plus de 100 000 habitants, la seconde de l’État.


Les régions côtières

Elles sont beaucoup plus peuplées et actives. Tout le centre est occupé par le delta de la Mahānadī ; il est flanqué au nord par la plaine de Balasore et au sud par celle de la basse Rushikulya, séparée du delta central par l’immense lac Chilka.

Le delta est depuis très longtemps mis en valeur, avec un système de culture dominé par le riz ; la perte du Bengale oriental par l’Inde a, cependant, amené à y développer récemment la culture du jute pour l’alimentation des usines de Calcutta. Le système de culture commence à bénéficier de la construction du réservoir de Hirakud. Celui-ci permet, en effet, de passer à la double culture et de régulariser les apports d’eau aux rizières sur près de 500 000 ha.

C’est aussi la région des plaines qui a concentré le foyer de la civilisation oriya, l’essentiel de la population et de la vie urbaine traditionnelle. Le centre le plus important est Cuttack, avec près de 150 000 habitants. Grâce à l’électricité de Hirakud et aux investissements fédéraux, des industries assez variées ont été développées près de la ville (métallurgie, verreries, papeteries, etc.). Les autres villes sont plus modestes, mais une capitale entièrement nouvelle a été construite à côté de la ville d’art et de culture de Bhubaneswar, et un port moderne a été établi à Paradeep, sur l’embouchure de la Mahānadī, pour l’exportation de minerai de fer, vers le Japon notamment.

Malgré cette activité, la région pose cependant des problèmes assez graves. Les plaines côtières de l’Orissa accusent encore un retard considérable par rapport aux autres deltas de l’est de l’Inde. Les rendements y sont plus faibles, les famines et les disettes plus fréquentes, et la population tend à émigrer de façon assez massive. La nature a ses responsabilités : les sécheresses ne sont pas inconnues, et les cyclones sont assez fréquents à la fin de la saison des pluies. Il faut aussi invoquer des facteurs humains. La société paysanne est très inégalitaire, et le système zamīndārī a été particulièrement développé en Orissa. C’est sans doute là une des raisons essentielles du retard économique.

D’une manière générale, l’Orissa demeure insuffisamment développée. Ni les ressources minières de l’intérieur, ni les possibilités agricoles de la côte ne sont pleinement mises en valeur. Les départs sont nombreux et il est très significatif que la communauté de langue oriya de Calcutta ait des effectifs très supérieurs à ceux de Cuttack, première ville de l’État.

F. D.-D.

➙ Bhubaneswar / Inde.