Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

organisme (suite)

À la notion d’unité structurale que représente la cellule — la théorie cellulaire, qui postulait la réduction de toute matière vivante à la structure cellulaire, est vérifiée chaque jour, notamment par les découvertes de la microscopie électronique —, il faut donc adjoindre la notion d’unité fonctionnelle que représente l’organisme, l’unité du monde vivant capable de subsister et de s’autoreproduire. Il s’ensuit que le premier organisme possible est la cellule, dont les fonctions spécifiques — nutrition, relation et reproduction — sont également celles de tout être vivant. Les Protozoaires, les Algues unicellulaires, les Levures et les Bactéries sont ainsi les plus simples des organismes possibles, les Virus n’étant pas véritablement des organismes.

Quand la cellule perd son unicité et participe avec des milliers d’autres à la constitution d’un être pluricellulaire, elle peut le faire de deux façons.

• Ou bien les cellules ne font que s’accoler, mais gardent chacune leur individualité morphologique et fonctionnelle. Sans qu’on ait pu le vérifier, on a l’impression que chaque cellule serait capable, si on l’isolait des autres, de mener une vie indépendante. On a alors affaire à une colonie. Les Volvox, par exemple, sont des colonies d’Algues unicellulaires, ou Phytomonadines. Chaque cellule, reliée aux voisines par de fins prolongements, assure seule les fonctions de nutrition. Les fonctions de relation sont déjà en partie coordonnées, puisque l’ensemble est capable de nager dans une direction bien précise. Quant aux fonctions de reproduction, elles situent pratiquement la colonie au niveau d’un organisme. Il existe en effet des colonies mâles et des colonies femelles, produisant les unes et les autres des gamètes. La fécondation donne un œuf, dont le développement est à l’origine d’une nouvelle colonie. En fait, d’un point de vue fonctionnel et comportemental, cette colonie est déjà un organisme ; du point de vue structural, c’est la similitude des cellules constituantes qui rend les savants réticents à y voir un organisme véritable.

• Ou bien les cellules s’accolent, mais en même temps se différencient et se spécialisent. Chaque cellule conserve l’essentiel de ses fonctions, mais peut en perdre certaines ou, au contraire, se spécialiser pour d’autres. C’est ainsi que les cellules dites « glandulaires » ont accru la fonction de sécrétion du corps de Golgi, tandis que les cellules nerveuses ont exacerbé leur irritabilité, mais ont perdu la faculté de se reproduire. D’un point de vue morphologique, ces cellules accolées réalisent des niveaux d’organisation successifs qui ont nom tissu, organe, système et appareil (v. organe). Il existe des organismes à chacun de ces niveaux si l’on fait abstraction du fait que les cellules assurant la fonction de reproduction ont tendance à précéder les autres catégories cellulaires sur la voie de la complexité structurale.

Les Éponges, ou Spongiaires, sont à un niveau d’organisation fonctionnelle guère plus élevé que celui des colonies de Protistes, mais elles possèdent des cellules qui se sont spécialisées en vue de fonctions particulières et constituent donc un organisme plus structuré que celui que représentent ces colonies.

De même que les cellules peuvent s’unir pour constituer des entités plus complexes, de même des organismes peuvent eux-mêmes se rassembler pour former des colonies. Cette tendance est surtout nette chez les Cnidaires, et de nombreux Polypes montrent un état colonial, chaque individu partageant avec ses voisins le squelette, mais conservant par ailleurs son individualité fonctionnelle, sauf dans le domaine de la reproduction. Si nous examinons certaines de ces colonies, les Siphonophores, nous constatons alors que les individus — les organismes constituants — se sont eux-mêmes différenciés et spécialisés pour des fonctions bien précises : nutrition chez les gastrozoïdes, relation chez les dactylozoïdes, reproduction chez les gonozoïdes. Il se produit là un phénomène analogue à celui de la différenciation cellulaire, et ces « colonies » méritent le nom de super-organismes, puisqu’elles sont faites d’individus différenciés, eux-mêmes constitués de cellules différenciées et spécialisées. Cette notion de super-organisme semble évidente dans le cas des Siphonophores, parce que chaque « colonie » est elle-même une unité structurale et fonctionnelle. Elle devient plus délicate quand on aborde les sociétés animales. Un banc de Poissons Téléostéens est bien formé d’individus tous semblables — comme la colonie de Volvox —, mais il se déplace, se nourrit et se reproduit comme une entité bien définie. On fait un pas de plus avec les sociétés d’Insectes, chez lesquelles on observe la division du travail. Les Termites, par exemple, offrent des géniteurs — le roi et la reine —, des ouvriers et des soldats ; de plus, chaque individu est désormais incapable de survivre en dehors de cette vie en société, ce qui n’est peut-être pas le cas des Poissons, qui vivent en bancs. On est donc bien près, avec les sociétés d’Insectes, de ces super-organismes que sont les Siphonophores ; la seule différence tient au fait que les individus de ces derniers sont sessiles et morphologiquement unis, alors que les Insectes gardent leur autonomie de mouvements. On peut même considérer la société humaine comme un autre type de super-organisme, pas plus complexe que le banc de Poissons sur le plan morphologique, mais bien plus différencié sur le plan fonctionnel et le plan psychique.

R. B.

 G. G. Simpson et coll., Life. An Introduction to Biology (New York, 1957 ; 2e éd., 1965). / P. B. Weisz, Elements of Biology (New York, 1961, 3e éd., 1969 ; trad. fr. Éléments de biologie, Montréal, 1963, 2e éd., 1966).

organométalliques

Composés résultant, en principe, du remplacement, dans un hydrocarbure, d’un hydrogène par un métal (tous sont des intermédiaires de synthèse préparés extemporanément).