Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

organe (suite)

Avec les animaux triploblastiques, chez lesquels se forme un troisième feuillet embryonnaire, appelé mésoderme, apparaissent les organes. On réserve en général le nom d’organe à un ensemble de tissus différents qui concourent à assurer la même fonction d’ensemble. Les deux tissus fondamentaux sont les épithéliums, d’une part, qui conservent les rapports cellulaires qu’avaient les feuillets embryonnaires, et les tissus conjonctifs, d’autre part, d’origine surtout mésodermique et dans lesquels les cellules constituantes se trouvent séparées les unes des autres par une substance fondamentale qu’elles ont sécrétée. Ces tissus peuvent fonctionner indépendamment, comme c’est le cas pour le sang, qui est un tissu conjonctif spécial, dans lequel la substance fondamentale est liquide. En général, deux ou plusieurs tissus s’unissent ; c’est notamment le cas des tissus épithéliaux et conjonctifs. Ainsi, la peau est un organe formé d’un épidémie stratifié et d’un derme conjonctif sous-jacent. Il s’y ajoute d’autres tissus, mais ils sont répandus de façon si généralisée dans la plupart des organes qu’on finit par les oublier : ce sont les vaisseaux sanguins — qui assurent l’irrigation des tissus, fournissent aux cellules métabolites et oxygènes et éliminent les substances de déchet — et les nerfs, qui innervent les tissus et assurent la coordination de fonctionnement des organes.


Les niveaux d’organisation

Fréquemment, les organes eux-mêmes s’unissent en complexes plus importants, qui assurent la même fonction principale et qu’on appelle systèmes ou appareils. C’est ainsi que le squelette représente un système, c’est-à-dire l’ensemble des os et des cartilages qui soutiennent le corps ; l’appareil circulatoire comporte l’ensemble des vaisseaux, le tissu sanguin qu’ils contiennent et la pompe cardiaque, qui met ce dernier en mouvement.

L’étude de la structure cellulaire est la cytologie*, et l’étude des tissus l’histologie*. L’étude des organes relève de l’anatomie*, qu’elle soit microscopique ou macroscopique et que ces organes soient ou non groupés en appareils ou systèmes.

Nous avons vu jusqu’ici l’aspect structural des divers niveaux d’organisation de la matière vivante : niveau cellulaire, niveau des tissus, niveau des organes et enfin niveau des appareils ou systèmes. Si nous passons au plan fonctionnel, nous nous apercevons que chacun de ces quatre niveaux peut assurer tout ou partie des fonctions vitales essentielles pour le maintien en vie et l’autoreproduction des êtres vivants. C’est dire que chacun d’eux peut représenter ce qu’on appelle alors un organisme*. Il existe des organismes unicellulaires (les Protistes) et des organismes faits de tissus, d’organes ou de systèmes. En fait, il est difficile de donner des exemples d’organismes faits uniquement de tissus, car il semble que la reproduction soit toujours en avance, d’un point de vue structural, sur les autres grandes fonctions (nutrition et relation). C’est ainsi que les Cnidaires sont restés au stade tissulaire, sauf en ce qui concerne les organes génitaux, déjà différenciés ; de la même façon, les Plathelminthes, ou Vers plats, se situent au niveau de l’organe, sauf en ce qui concerne l’appareil génital, qui est d’ailleurs fort complexe.


Organites

La cellule peut donc être l’unité à la fois structurale et fonctionnelle des êtres vivants, et constituer à elle seule un organisme autonome. C’est le cas des Protistes et des Bactéries. On constate alors qu’il existe au-dessous du niveau cellulaire des structures constituantes qui se partagent les fonctions vitales de la cellule. On appelle ces structures des organites. On peut définir l’organite en disant qu’il est à la cellule ce que l’organe est à l’être vivant pluricellulaire. Ces organites sont des structures permanentes de la cellule, à fonction spécialisée, et qui sont généralement présentes en plusieurs exemplaires. Citons par exemple les cils ou les flagelles, les mitochondries, le corps de Golgi, l’ergastoplasme, le centrosome et, dans le noyau cellulaire, les nucléoles et les chromosomes.

Quelques Protozoaires très évolués renferment, outre ces organites présents dans pratiquement toutes les cellules, des formations complexes faites d’organites. Chez les Ciliés, par exemple, des cils fusionnent pour former des membranelles. La nutrition est assurée par un cytostome et un cytopharynx, au fond duquel se forment les vacuoles digestives, qui aboutissent, après un mouvement de cyclose dans la cellule tout entière, à un point de rupture au-dehors qu’on appelle cytoprocte. De même, l’équilibre osmotique et l’élimination des déchets du métabolisme sont réalisés par des vacuoles pulsatiles au fonctionnement complexe et qui ne sont pas autre chose qu’une organisation spéciale de l’ergastoplasme. On peut, dans ces derniers cas, parler de « systèmes d’organites » et l’on atteint là le maximum de complexité qui ait été réalisé par un organisme unicellulaire.

R. B.

➙ Cellule / Circulation / Digestion / Excrétion et organes excréteurs / Muscle / Nerveux (système) / Peau / Squelette / Tissu animal.

organique (chimie)

Élude des composés du carbone.



Introduction

Jusqu’au début du xviiie s., les alchimistes, devenus progressivement des chimistes, estimaient impossible de préparer, à partir de la matière inerte, des substances — alcool, acide acétique, acide tartrique, etc. — qui étaient facilement extraites du monde végétal. Le dogme de la « force vitale », qui était censée être seule capable d’engendrer de telles substances, régnait alors. L’étude de ces substances constituait la « chimie organique ». Cependant, très rapidement, les chimistes réussirent à transformer les unes en les autres ces substances, par exemple à oxyder l’alcool en acide acétique ; de plus, combinant entre eux ces principes immédiats ou les soumettant à l’action de réactifs minéraux, ils enrichirent le domaine de la chimie organique d’un très grand nombre d’autres composés définis, inconnus dans le règne vivant ou qui n’y furent détectés que bien plus tard : chlorure d’éthyle, éthylène, oxyde d’éthyle, acétate d’éthyle, etc. Dès le premier tiers du xixe s., ces produits de transformation devenaient beaucoup plus nombreux que les principes immédiats. La « chimie organique » ne conservait sa spécificité que du fait de l’origine de l’un au moins des réactifs initiaux, qui devait être extrait du règne vivant. La synthèse totale de ces principes immédiats devait ruiner cette spécificité. Pourtant, la synthèse de l’urée en 1828, celle de l’acide acétique un peu plus tard ne réussirent pas à détruire le dogme de la « force vitale ». C’est Berthelot*, en 1860, qui, ayant réalisé les synthèses totales du méthane, du méthanol, de l’acétylène, de l’éthylène, de l’alcool, du benzène, conclut, un peu hardiment pour l’époque, que tout composé « organique » pouvait être préparé à partir des éléments. Si la nature dispose de puissants catalyseurs, les enzymes, les processus de la biosynthèse ne diffèrent pas foncièrement de ceux de la synthèse in vitro ; il n’y a pas de « force vitale ».

Ce point de vue n’a pas réussi à supprimer complètement la dualité entre chimie minérale (appelée présentement chimie inorganique) et chimie organique, mais il convient de préciser le domaine de cette dernière.

La chimie organique traite des composés du carbone, si l’on en excepte les roches carbonatées, les carbures métalliques et certains aspects de composés très simples, les oxydes du carbone. L’ancienne conception de la chimie organique porte maintenant le nom de chimie des substances naturelles.