Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

oreille (suite)

Les symptômes

Quelle que soit l’affection en cause et en dehors de l’atteinte exclusive du pavillon, les symptômes sont assez univoques, tandis que leur association peut orienter d’emblée l’examen clinique et le diagnostic.

1. La surdité représente l’élément essentiel de toute atteinte de l’oreille. Il importe d’en préciser le type (perception ou transmission) par acoumétrie et par audiométrie ainsi que le degré.

2. Les bourdonnements, ou acouphènes, sont des bruits anormaux perçus par le sujet de façon continue ou discontinue. Ils peuvent prendre tous les types : sifflements, chuintements, tintements. Ils témoignent, en règle générale, d’une sollicitation anormale des cellules sensorielles, dont l’origine peut être très diverse, et se situent à tous les niveaux de l’oreille. Les bourdonnements subjectifs sont perçus par le sujet exclusivement et n’ont pas d’expression perceptible par un observateur. À l’opposé, les bourdonnements objectifs ne sont que la perception auditive de bruits anormaux extra-auriculaires, émis ou transmis au niveau de l’oreille, mais accessibles à l’examen (auscultation des vaisseaux du cou par exemple). La thérapeutique des bourdonnements est difficile en dehors d’affection reconnue, dont ils ne constituent qu’un élément. Leur intensité, leur persistance et le retentissement psychique qu’ils entraînent ont pu justifier des thérapeutiques d’exception, comme la section intracrânienne du nerf auditif.

3. Les vertiges se caractérisent par la sensation illusoire d’un déplacement du corps par rapport aux objets fixes ou de ceux-ci par rapport au sujet. Très pénibles, ils peuvent survenir par crises brutales et s’accompagner de troubles végétatifs majeurs (vomissements, bouffées de chaleur).

4. Les otorrhées désignent tout écoulement anormal de liquide par le conduit. Les otorrhées purulentes sont les plus fréquentes.

Les otorrhées aqueuses, à liquide clair, peuvent être en rapport avec une inflammation (exsudât) ou un trouble de la pression (transsudat) au niveau de l’oreille moyenne. Parfois, elles témoignent d’une fuite de liquide céphalo-rachidien à travers l’oreille, consécutive à un traumatisme ou à une malformation congénitale.

Les otorragies, ou écoulements de sang par l’oreille, peuvent prendre leur origine au niveau du conduit auditif externe (plaie) ou de l’oreille moyenne à la suite d’un traumatisme. En cas de perforation tympanique persistante, on peut voir s’écouler par l’oreille du sang d’origine nasale (épistaxis).


Les affections

• Oreille externe

• Au niveau du pavillon. Les malformations sont représentées par un défaut de plicature, une absence de reliefs, réalisant l’aspect d’oreilles décollées. De nombreuses techniques de réduction et de remise en place sont utilisées. Elles tendent à rétablir les reliefs normaux sur un pavillon en bonne position.

Les aplasies d’oreille témoignent d’une absence de développement embryonnaire. Elles intéressent, en règle générale, conjointement l’oreille moyenne et l’oreille externe. Le pavillon peut n’être représenté que par un bourrelet vertical, avec absence de conduit. La réparation est difficile et fait appel à des greffes de peau, selon des techniques variées. Le résultat esthétique peut être excellent et reste généralement préférable à l’emploi de pavillon artificiel.

L’infection réalise la périchondrite, très douloureuse, aboutissant parfois à des rétractions cicatricielles et à des mutilations très disgracieuses. Elle succède à une inoculation septique locale ou à un hématome développé entre le cartilage et le périchondre qui le recouvre (othématome). Le pavillon est, en effet, exposé aux coups (boxeurs) et peut être le siège de plaie ou de morsure.

• Au niveau du conduit. Les rétrécissements sont acquis (exostose) ou congénitaux. Les interventions qui visent à recréer un conduit demandent une grande prudence (présence du nerf facial), et les résultats initiaux obtenus peuvent être suivis d’une reconstitution du rétrécissement.

L’infection au niveau du conduit porte le nom d’otite externe. Celle-ci succède parfois à la contamination microbienne d’un eczéma du conduit. Une forme particulière est représentée par le furoncle du conduit auditif, très douloureux.

• Oreille moyenne
L’infection domine la pathologie de l’oreille moyenne.

1. Les otites aiguës sont fréquentes chez le nourrisson et l’enfant, plus rares à l’âge adulte. L’origine se situe au niveau du nasopharynx, et l’infection de l’oreille se fait par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache. Ces otites se manifestent par des douleurs (otalgie), une hypoacousie de transmission (v. surdité) et, chez le nourrisson, par des troubles digestifs dans un contexte fébrile.

L’otoscopie précise le stade : otite catarrhale ou congestive, otite suppurée en rétention ou spontanément perforée avec écoulement de pus.

Le traitement est fondé sur la désinfection rhinopharyngée, sur les antalgiques locaux et généraux et, en cas de rétention, sur la paracentèse (ouverture du tympan) au point déclive, indispensable à l’obtention d’un drainage correct. L’antibiothérapie peut ne pas être systématique. Elle diminue probablement, mais ne supprime pas, la possibilité de complications. Parmi celles-ci, la mastoïdite, autrefois fréquente, est devenue plus rare. Cependant, l’absence de guérison d’une otite dans des délais normaux (trois semaines au maximum) doit y faire penser.

Le traitement des mastoïdites constituées repose sur la mastoïdectomie, ou curetage des cellules de la région mastoïdienne. L’antrotomie, ou ouverture exclusive de l’antre, n’est qu’une forme limitée de cette intervention, applicable chez le nourrisson.

2. L’otite chronique est généralement la conséquence d’une otite aiguë mal soignée. Elle se caractérise par un écoulement purulent d’évolution prolongée avec surdité plus ou moins marquée. Les lésions sont variables.
L’otorrhée tubaire se caractérise par un écoulement mucopurulent d’origine nasale ou naso-sinusienne sans atteinte véritable des structures de l’oreille, qui ne constituent qu’une voie de passage.
L’otite chronique muqueuse peut aboutir à la formation de polypes dans la caisse du tympan et les cavités annexes. L’ostéite, enfin, est plus grave par son retentissement sur la fonction auditive (destruction des osselets et rupture de la chaîne ossiculaire) et par le risque de complications (méningite, labyrinthite, abcès du cerveau et du cervelet, paralysie faciale).

Le cholestéatome est une forme particulière, caractérisée par la présence, dans les cavités de l’oreille, de formation blanchâtre, molle, de type épidermique, particulièrement redoutable par sa tendance à l’extension et à la destruction des structures de voisinage.