orchestre (suite)
À ses débuts, son répertoire sera très axé sur la chansonnette, interprétée fidèlement au texte écrit, ce qui le désigne comme le « Paul Whiteman de couleur ». À partir de 1924, ayant engagé quelques éminents solistes de La Nouvelle-Orléans (dont Louis Armstrong), il s’impose comme le premier chef de grand orchestre de jazz. Durant les années 30, il est dépassé en popularité par Goodman, Ellington, Basie et Lunceford, mais il maintient son activité jusqu’en 1939. Ensuite, il est engagé comme pianiste par Benny Goodman, pour qui il écrit des arrangements depuis 1935. Son orchestre rassembla toujours d’excellents solistes : aux trompettes, Joe Smith, Tommy Ladnier, Louis Armstrong, Rex Stewart, Henry Allen, Roy Eldridge ; aux trombones, Jimmy Harrison, Charlie Green, Benny Morton, Dickie Wells, J. C. Higginbotham ; aux saxophones, Coleman Hawkins, Benny Carter, Chew Berry, Ben Webster ; à la clarinette, Buster Bailey ; à la basse, John Kirby ; à la batterie, Kaiser Marshall, Cozy Cole, Sid Catlett.
Les arrangements étaient l’œuvre de Fletcher, de son frère Horace, de Don Redman et aussi des musiciens de l’orchestre, qui, quelquefois, mettaient en valeur leurs dons de vocalistes. L’œuvre de Henderson est placée sous le signe de la simplicité : chaque section conservant son autonomie, les masses sonores encadrant des solos parfois soutenus par des fonds sonores sobres, le but étant toujours le swing, exalté par l’usage du riff, en laissant aux solistes un maximum de liberté.
Enregistrements : The Stampede (1926) ; Fidgety Feet (1927) ; King Porter Stomp (1928) ; Henderson Stomp (avec Benny Goodman, 1940).
Charles Woodrow, dit Woody Herman,
chef d’orchestre de jazz (Milwaukee 1913). Il étudie très jeune le saxophone et la clarinette, et prend la direction du grand orchestre Isham Jones en 1936. C’est un meneur d’hommes qui arrache le succès à force d’obstination, n’hésitant pas à renouveler complètement sa formation lorsque le vent des modes tourne, ce qui lui vaut de franchir le cap des années 60 et d’être — avec Ellington et Basie — un des derniers patrons d’un groupe régulier. Il a fait travailler ses musiciens dans un grand nombre de directions (le blues, la violence, le cool, le riff basien...), toujours sympathique par la sincérité qui l’anime dans la foi de l’exécution.
Quelques-uns de ses solistes contribuèrent à lui fournir ses meilleurs arrangements : Chubby Jackson, Neal Hefti, Ralph Burns, Bill Harris, Nat Pierce, Bill Holman, Bill Chase et surtout les fameux Four Brothers de 1947, les saxophonistes Stan Getz, Zoot Sims, Herbie Steward et Jimmy Giuffre.
Enregistrements : At the Woodchopper’s Ball (1939), Caldonia (1945), Four Brothers (1947).
James Melvin, dit Jimmie Lunceford,
saxophoniste (Fulton, Missouri, 1902 - Seaside, Oregon, 1947). Il crée son orchestre en 1926 sous le nom des Chickasaw Syncopators et connaît la célébrité en 1934 en succédant à Cab Calloway au Cotton Club de New York. Pendant quelques années (de 1935 à 1940), il est le principal rival de Count Basie et de Duke Ellington, dirigeant des pièces raffinées et audacieuses dans l’écriture, exécutées avec une précision unique qui n’empêche pas l’expression d’un swing subtil. Que ce soit dans le moelleux de la section des anches, le suraigu des cuivres ou l’accentuation rythmique du contre-temps, il a toujours défié avec succès ses concurrents. Parmi ses meilleurs solistes citons : pour les trompettes, Sy Oliver, Paul Webster ; pour les trombones, Trummy Young ; pour les anches, Willie Smith, Joe Thomas ; pour la batterie, Jimmy Crawford. Mais ce sont surtout ses arrangeurs qui contribuèrent à son succès : Edwin Wilcox, Will Hudson, Willie Smith, Eddie Durham, Billy Moore, Gerald Wilson et surtout Sy Oliver. Le départ de ce dernier en 1939 détermine d’ailleurs le début du déclin de l’orchestre.
Enregistrement : Rhythm is our Business (1934), For Dancers only (1937), Yard Dog Mazurka (1941).