Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Orange (État libre d’)

Province de la république d’Afrique du Sud ; 129 152 km2. Capit. Bloemfontein.
De 1 386 547 habitants en 1960, sa population est passée à 1 649 306 habitants en 1970 (dont 295 903 Blancs, 36 090 Métis, 1 317 308 Bantous et 5 Indiens).



La géographie

Le paysage de l’Orange, province continentale située entre 26 et 31° de lat. S., est très monotone, formé de hauts plateaux dans les couches subhorizontales du Karroo. L’altitude, de 1 800 à 2 000 m à l’est, s’abaisse lentement vers l’ouest et le sud-ouest jusqu’à 1 100 m. Seule l’extrémité nord-est bénéficie de la forte pluviosité des abords du Drakensberg : entre 800 et 1 100 mm de pluies par an dans la région de Harrismith. Le Sud-Ouest (environ un tiers de la surface) en reçoit moins de 550 mm, tandis que la plus grande partie, au nord et à l’est, en reçoit entre 550 et 800 mm. Les pluies tombent en saison chaude, d’octobre à mai.

Ces données climatiques sont fondamentales pour comprendre la mise en valeur agricole. Dans la moitié septentrionale et l’est de l’Orange — autour de Kroonstad, de Parys, de Bethlehem, de Reitz, de Heilbron et à l’est de Bloemfontein —, les cultures du maïs et de la luzerne sont associées à l’élevage bovin intensif. Cette région est aussi la seconde région productrice de blé de l’Afrique du Sud (après la région du Cap). Les autres productions notables sont les arachides et la pomme de terre. Le tiers sud-ouest, à l’ouest du méridien de Bloemfontein (Bloemfontein reçoit en moyenne 550 mm de pluies par an), est voué à l’élevage extensif du mouton dans d’immenses ranches de plusieurs milliers d’hectares (9 millions de têtes en 1970). L’agriculture est possible dans un certain nombre de périmètres d’irrigation, créés ou à créer en particulier dans le cadre de l’aménagement du bassin de l’Orange (qui intéresse d’ailleurs surtout la province du Cap).

La principale ressource minière est l’or, exploité dans un bassin de 45 km de longueur sur 15 km de largeur, prolongation méridionale du Witwatersrand dans le nord-ouest de la province, entre les rivières Sand et Vals. Une douzaine de mines produisent le tiers de l’or sud-africain et le cinquième de son uranium, à Allanridge, à Odendaalsrus, à Welkom, à Virginia. La production de diamant est peu importante, de même que celle du charbon (les bassins charbonniers du sud du Transvaal débordent légèrement au-delà de la frontière, au sud de Vereeniging [Coalbrook] et à Vierfontein), qui a, toutefois, permis par distillation l’obtention de produits « pétroliers » (à Sasolburg).

Province essentiellement agricole, l’Orange a un réseau urbain constitué par un grand nombre de petits centres de moins de 50 000 habitants, qui sont autant de marchés régionaux. La capitale provinciale, Bloemfontein (148 282 hab., dont 61 751 Blancs, 9 291 Coloureds en 1970), outre sa fonction administrative, est aussi la capitale judiciaire de la république d’Afrique du Sud. À son rôle commercial et de marché (la National Wool Growers Association, créée en 1931 pour représenter l’ensemble des producteurs de laine de la république d’Afrique du Sud, y a son siège) s’ajoutent une fonction culturelle (principale université boer de la république) et une fonction industrielle (alimentation).

R. B.


L’histoire

À partir de 1834, lors du « Grand Trek », des colonnes nombreuses quittent la colonie du Cap et se dirigent vers le fleuve Orange. Des conflits opposent les Bantous aux Boers, qui veulent acheter leurs terres.

L’État organisé alors autour de Winburg sous le nom de Nieuw-Holland (Nouvelle-Hollande) constitue la première ébauche de l’État d’Orange : il servira d’ailleurs de modèle aux autres républiques boers.

Après l’occupation du Natal, en 1842, les Britanniques, qui établissent des protectorats sur les États griquas (métis), entrent en conflit avec les Boers ; en 1846, ils envoient un résident et une compagnie à Bloemfontein, ce qui constitue, en fait, une annexion déguisée d’une vaste région entre l’Orange et la rivière Modder.


L’annexion de 1848

Quelques familles de Winburg demandent l’annexion, qui, en 1848, permet de déclarer l’Orange River Sovereignty britannique ; des Boers commandés par Andries Pretorius (1798-1853) accourent du Transvaal, mais ne peuvent refouler les Britanniques.

Cependant, ceux-ci rencontrent de graves difficultés avec les Sothos (qui les battent) et avec les Xhosas ; ils recherchent donc l’appui des Boers. C’est dans ces conditions que, le 23 février 1854, l’Orange River Sovereignty est déclarée indépendante sous le nom d’État libre d’Orange.


L’impossible union avec le Transvaal

L’État du Transvaal*, se proclamant en 1856 République sud-africaine, demande en 1857 l’incorporation de l’État d’Orange. Marthinus Pretorius (1819-1901) envoie une colonne dans cet État, qui refuse cependant l’union. En même temps, l’Orange lutte contre les Sothos : la convention d’Aliwal North (sept. 1858) fixe les frontières du pays dans certaines zones.

Pretorius, qui se présente en 1859 aux élections présidentielles de l’Orange, est élu : cependant, s’il cumule par la suite les deux présidences de l’Orange et du Transvaal, l’intégration des deux pays n’est pas réalisée pour autant. En 1863, Pretorius abandonne la présidence de l’Orange.

En 1868, le roi des Sothos, Moshesh (v. 1787-1870), pour repousser les Boers de l’Orange, fait appel aux Britanniques, qui établissent leur protectorat sur le Basutoland. Ceux-ci imposent aux Boers le second traité d’Aliwal North, qui fixe la frontière entre le Basutoland et l’État libre d’Orange.

Avec les découvertes minières (diamants et or), le conflit reprend avec les Britanniques. La menace est si grave que les deux États boers instituent un Conseil « fédéral » en 1898. Mais cette union sera impuissante à empêcher la défaite de 1902 ; à partir de 1910, le destin de l’État d’Orange va se confondre avec celui de l’Union sud-africaine.

P. P.

➙ Afrique du Sud (république d’).