Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Oppenordt (Gilles Marie)

Architecte et ornemaniste français (Paris 1672 - id. 1742).


Son père est le maître ébéniste hollandais Alexandre Jean Oppenordt (dans la Gueldre 1639 - Paris 1715), dont le nom admet des orthographes multiples et qui fut naturalisé français en 1679. Il fut le collaborateur de Boulle* et l’exécutant de l’ensemble des cabinets-médailliers de Versailles (auj. au musée du Louvre), dont Boulle avait donné les deux prototypes. Son nom apparaît fréquemment dans les Comptes des Bastimens du Roy pour des ouvrages de sa spécialité (estrades, parquets, meubles), malheureusement cités sans les descriptions qui permettraient de lui rendre certaines des ébénisteries marquetées d’écaille et de cuivre que leur qualité fait attribuer à Boulle.

Gilles Marie, architecte du régent Philippe d’Orléans, est l’un des introducteurs du style rocaille* en France. Il semble avoir étudié l’architecture sous J. Hardouin-Mansart* et le dessin d’ornement sous Jean Berain*. Il est à Rome en 1692 ; le directeur de l’Académie de France, La Teulière, se loue du travail de son pensionnaire : « Il écrème, écrit-il, tout ce qu’il y a de bon en Italie. » Mais ce n’est pas aux monuments du passé que s’intéresse Gilles Marie Oppenordt : c’est aux formules « baroques » nouvelles, aux œuvres du Bernin* et de Borromini*. De retour à Paris en 1699, il exposera dans son atelier ses relevés, devant lesquels défileront artistes et amateurs. Si les autorités académiques se réservent, le duc d’Orléans le choisit pour architecte et lui fait construire le salon en rotonde du Palais-Royal, aujourd’hui disparu, dont l’originalité rejetait le canonisme vitruvien. Le style rocaille, avec ses asymétries systématiques, va gouverner l’ornementation et imprimer sa marque à l’architecture. L’acerbe contempteur de la rocaille, Charles Nicolas Cochin le Fils (1715-1790), impute à Oppenordt, en 1754, « d’avoir commencé à sortir du bon goût du siècle de Louis XIV ». En fait, le maître demeurait un classique : les nombreux dessins qui nous restent de lui témoignent d’un art pondéré, tout autre que celui de ses cadets Juste Aurèle Meissonnier (1695-1750), Nicolas Pineau (1684-1754) ou Jacques de Lajoue (1687-1761). Oppenordt avait cinquante-cinq ans quand parurent au jour les premières compositions de Meissonnier : sa propre formule était établie. Comme Robert de Cotte* et Mansart lui-même, il n’a fait qu’animer la solennité classique.

G. J.

optique géométrique

Étude des propriétés de la lumière, indépendante de toute hypothèse sur sa nature et fondée uniquement sur des principes de géométrie.


Une expérience d’optique est représentée sur la figure 1. Une source émet des ondes électromagnétiques ; des milieux successifs, plus ou moins transparents, concentrent cette énergie sur un détecteur qui la transforme en un signal accessible à l’homme. La source S émet de la lumière lorsqu’elle reçoit une certaine forme d’énergie : thermique, mécanique, électrique, chimique, etc. La source est un transformateur d’énergie. De même, le détecteur transforme l’énergie électromagnétique en une autre forme d’énergie utilisable par l’observateur. L’étude du transfert de l’énergie de la source au détecteur est résolue par l’utilisation des lois de Maxwell et de leurs conséquences. L’optique géométrique étudie ce même domaine à l’aide de lois plus simples, mais approchées. Les résultats obtenus ne sont pas rigoureux, mais donnent une opinion d’ensemble des phénomènes. Les lois de l’optique géométrique, déduites des lois de Maxwell en considérant infiniment petite la longueur d’onde du rayonnement, ont été énoncées bien avant les travaux de Maxwell et sont d’autant mieux vérifiées que la longueur d’onde est plus faible. L’ensemble des lois est contenu dans le principe de Fermat.


Principe de Fermat


Notions d’extrémale et chemin optique

L’espace est rapporté à un trièdre d’axes (fig. 2). A et B sont deux points de l’espace. Une infinité de courbes peuvent joindre les points A et B ; f est une fonction de la position d’un point M (xyz) et de l’orientation de la tangente MT à la courbe définie par les paramètres et Pour une courbe C, on définit l’intégrale

Chaque déformation de la courbe C entraîne une variation ΔI de la valeur de l’intégrale I. La valeur de ΔI est, en général, du même ordre d’infinitude que les paramètres définissant les déformations de C. Pour certaines courbes, ΔI est un infiniment petit d’ordre supérieur. Ces courbes sont les courbes extrémales. Dans un milieu où l’indice est une fonction n (xyz) de la position du point M, le chemin optique calculé le long d’une trajectoire AB a pour expression expression où ds désigne l’élément d’arc de la trajectoire.


Énoncé du principe de Fermat

Dans un milieu homogène ou non, I, calculé le long d’une trajectoire AB, est une fonction des coordonnées de M et de la direction de la tangente en M. Entre les points A et B, on peut imaginer une infinité de trajectoires. Celle qui est effectivement suivie par la lumière est une extrémale du chemin optique. Ce que l’on exprime aussi de la façon suivante : C1 est une trajectoire suivie par la lumière ; C2 une trajectoire voisine. Les paramètres de déformations qui permettent d’évaluer l’évolution de C1 en C2 sont considérés comme infiniment petits principaux. Les chemins optiques mesurés le long des trajectoires C1 et C2 ne diffèrent que d’infiniment petits du deuxième ordre. Le chemin optique mesuré le long de la trajectoire C1 est stationnaire (fig. 3).


Expression analytique du principe de Fermat

Défini sur une trajectoire suivie ou non par la lumière, est calculé sur la trajectoire C1 suivie par la lumière. C2 est une trajectoire voisine. On peut calculer la variation ΔL de la valeur du chemin optique L lorsqu’on passe de la trajectoire C1 à la trajectoire C2 :

Le point M est représenté par le vecteur écrit  ; est le déplacement du point M de C1 au point homologue M′ de C2, le vecteur unitaire sur la normale principale, le vecteur unitaire de la tangente à la courbe, R le rayon de courbure.

Lorsque les trajectoires passent par les deux points fixes A et B,
et, d’après le principe de Fermat,

représente la condition pour qu’une trajectoire soit suivie par la lumière.