Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

opération chirurgicale (suite)

Les fractures ouvertes de dehors en dedans avec délabrement des parties molles doivent être opérées d’urgence, la plaie ayant été parée et nettoyée, et le foyer de fracture ayant été exploré. Dans certaines conditions favorables, la plaie peut être refermée par suture ; autrement, elle est laissée ouverte et donnera lieu à une suture secondaire. La fracture elle-même est traitée diversement selon les cas : réduction et contention orthopédique, ostéosynthèse pratiquée d’emblée ou une fois les téguments cicatrisés et en bon état.


Les opérations pour infection

Elles vont de la simple ouverture au bistouri d’un abcès superficiel jusqu’à la laparotomie pour péritonite, la plus fréquente d’entre elles étant la péritonite appendiculaire, en passant par le drainage d’un abcès profond : intra-péritonéal, pelvien, sous-hépatique ou sous-phrénique (sous le diaphragme).

Les pleurésies purulentes, ou empyèmes, nécessitent une thoracotomie de drainage.

Certains foyers de suppuration osseuse (ostéomyélite) demandent l’incision et le curetage.


Les opérations d’exérèse

Ce sont des opérations par lesquelles on retranche du corps humain ce qui lui est étranger ou nuisible : tumeur, calcul, organe malade. En chirurgie viscérale, l’ablation partielle ou totale d’un organe est indiquée par le suffixe -ectomie, dérivé du grec ektos : gastrectomie, œsophagectomie, thyroïdectomie, etc.

L’exérèse d’une tumeur ou d’un organe tumoral peut constituer à elle seule toute l’opération, mais, lorsque l’exérèse a, par exemple, interrompu la continuité du tube digestif, il faut rétablir la continuité soit par suture directe (cas de l’entérectomie suivie de suture bout à bout des deux segments d’intestin grêle), soit par abouchement terminal ou latéral dans un autre segment du tube digestif (cas de la gastro-jéjunostomie), soit encore en interposant un segment d’intestin grêle entre œsophage et duodénum (par exemple après gastrectomie totale).


Les opérations sur les nerfs

Elles sont le plus souvent à visée physiologique : sympathectomie (section de nerfs sympathiques) pour développer la vaso-dilatation (dans certaines formes d’artérite), vagotomie (section des nerfs vagues ou pneumogastriques) pour diminuer la sécrétion acide de l’estomac (dans certaines formes d’ulcère duodénal) ou encore pour tenter d’agir sur la douleur, radicotomie (section de racines nerveuses), myélotomie (section de cordons de la moelle épinière), etc.


Les opérations sur les vaisseaux

Elles se sont beaucoup développées au cours des cinquante dernières années : sur les artères périphériques, oblitérées par un caillot ou une thrombose et que l’on peut désobstruer ou remplacer en partie par un segment veineux ou une prothèse en Nylon ou en Téflon ; sur les vaisseaux coronaires, qui peuvent être également désobstrués ou remplacés en partie ; sur l’aorte, sur les branches de l’aorte (tronc cæliaque, artères mésentériques), qui peuvent être l’objet de résection, de transposition, de remplacement par prothèse ou pontage veineux.

Le cœur lui-même peut maintenant, grâce à la circulation extra-corporelle mise au point ces vingt dernières années, être ouvert ; ses orifices normaux peuvent être agrandis ou rétrécis, et ses orifices anormaux oblitérés, et cela par suture ou mise en place de prothèse. Son remplacement partiel, dit transplantation cardiaque, facile techniquement, se heurte aux difficultés que provoquent les anticorps du sérum et aux phénomènes de rejet.


Les greffes

Certaines sont de vraies greffes* : il n’y a pas de rejet, car ce sont des autogreffes, réalisées à partir de la peau prélevée sur le blessé lui-même. Largement utilisées dans le traitement des brûlures, des escarres et, en général, des pertes de substances cutanées, elles permettent un recouvrement rapide de la plaie.

Les greffes d’organes, elles, sont des homogreffes : l’organe greffé est prélevé non plus sur l’individu lui-même, mais sur un autre individu de la même espèce (humaine). Pour que l’organe greffé ne soit pas rejeté, il faut des affinités sérologiques telles que les tissus du receveur et du donneur soient pratiquement identiques ; c’est ainsi que le meilleur donneur est le jumeau univitellin, parfois un frère ou une sœur non jumeau, parfois la mère ou le père, bien plus rarement un étranger. Aucune greffe d’organe ne doit être tentée sans des assurances immunologiques. Pour la greffe de rein, la plus fréquemment exécutée, ces conditions peuvent être remplies ; pour la greffe cardiaque, elles ne le sont que très rarement.

Bien d’autres opérations chirurgicales peuvent être et sont exécutées, en particulier dans le domaine de la chirurgie osseuse (remplacement prothétique de la hanche par exemple), de la chirurgie reconstructive et réparatrice.

J. P.

➙ Anesthésie / Chirurgie.

 P. Orsoni, Bases, principes et procédés techniques de la chirurgie (Masson, 1957 ; nouv. éd., 1968). / G. Hegemann, Allgemeine und spezielle chirurgische Operationslehre (Berlin, 1958 ; 2 vol.). / E. W. Perkins, Aseptie Technique for Operating Room Personnel (Philadelphie, 1959 ; 2e éd., 1964). / J. Quénu, J. Loygue, J. Perrotin, C. Dubost et J. Moreaux, Opérations sur les parois de l’abdomen et sur le tube digestif (Masson, 1967).

opérette

Action lyrique de caractère gai, où alternent le parlé et le chant.


Ce genre léger est apparu au milieu du xixe s., en réaction contre les empiétements croissants de l’opéra sur l’opéra-comique*. Il s’apparente à ce dernier par son alternance du parlé et du chant ; il s’en différencie par sa bouffonnerie et son entrain. Après 1851, l’avènement d’un couple impérial hostile à la « grande musique » et avide, comme la société elle-même, de divertissements et de jouissances ne pouvait que favoriser l’épanouissement de cette opérette que laissaient entrevoir les pages les plus frivoles des opéras-comiques louis-philippards de F. Hérold, de E. Auber, de A. Adam et les Noces de Jeannette (1853) de Victor Massé. De son propre aveu, Jacques Offenbach* voulut renouer avec les maîtres de l’opéra-comique du xviiie s., Monsigny et Philidor. Il les dépassa en truculence et en brio, s’imposant très vite comme le maître par excellence d’un nouveau genre. Il fit école à l’étranger, où son influence se substitua à celle d’Auber. Smetana* se piqua de lui « damer le pion » en composant sa Fiancée vendue, et Johann Strauss aborda sur le tard l’opérette après s’être conformé à ses conseils. Parmi les émules directs d’Offenbach s’inscrivent en premier lieu Florimond Ronger, dit Hervé (1825-1892), et Léo Delibes (1836-1891), dont les opérettes, toutes apparues pendant le second Empire, témoignent d’une finesse supérieure qui allait devenir la règle générale après la chute de l’Empire. Jusqu’en 1890, le genre léger s’acheminera de la bouffonnerie au sourire avec Offenbach lui-même et ses meilleurs disciples : Edmond Audran (1842-1901), Charles Lecocq (1832-1918), Louis Varney (1844-1908), Robert Planquette (1848-1903). Avec raison, André Hodeir fait observer qu’il y a souvent plus de pages réellement inspirées dans ces œuvrettes sans prétention que dans maint opéra de la même époque. Mais cette inspiration mélodique, si séduisante qu’elle soit, constitue l’unique attrait de ces musiques, dont aucun détail d’orchestration ou d’harmonie ne retient l’attention. Ces signes d’une forte personnalité aisément reconnaissable apparaissent en revanche à travers l’Étoile (1877) et Une éducation manquée (1879) de E. Chabrier*. Par son génie, l’auteur aura eu l’insigne mérite de rappeler les droits de la musique légère au titre de grand art, en un temps où l’opérette était suspectée, combattue même avec force pour avoir trop longtemps capté les esprits au détriment des formes sérieuses vocales et instrumentales, à présent réhabilitées. Il faut bien reconnaître la faiblesse, la stupidité même de la plupart des livrets de cette période, exception faite de celui de Rip de Planquette. Même les deux chefs-d’œuvre de Chabrier, dont la musique devait à Offenbach et annonçait Messager, n’ont pas échappé à cette niaiserie.