Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

opération chirurgicale (suite)

Les complications postopératoires

Quelles que soient les précautions prises avant, pendant et après l’opération, on peut observer certaines complications.

Le choc opératoire, par sa gravité, est au premier rang d’entre elles. En fait, il commence pendant l’opération et s’aggrave ensuite, au point de devenir mortel s’il n’est pas traité rapidement et activement. Il est devenu tout à fait exceptionnel. Ses deux causes fondamentales sont la perte de sang et l’anoxie*. Pour y remédier on utilise : la transfusion sanguine et l’oxygénothérapie. Grâce à ces deux moyens puissants de réanimation, qui n’en excluent pas d’autres, l’opéré sortira rapidement de la phase critique.

L’hyperthermie (fièvre) relève de causes nombreuses toujours possibles : hématome, pertes sanguines, infection locale, thrombose veineuse, atélectasie, parfois même septicémie (infection sanguine). Une place à part doit être faite à la grande hyperthermie décrite jadis par les pédiatres, chez le nourrisson opéré, sous le nom de syndrome pâleur-hyperthermie. Depuis la pratique d’une réanimation correcte pré- et postopératoire, cet état est devenu rarissime. Cela semble prouver que la déshydratation jouait, ainsi que l’hyponatrémie (baisse du sodium sanguin) et l’hypochlorémie (baisse du chlore), un rôle essentiel dans son déclenchement. Et cela indique le traitement de base : réhydratation, recharge en chlorure de sodium (NaCl).

Les thromboses veineuses ont leur origine dans la formation d’un caillot, ou thrombus, plus ou moins libre, dans les veines du mollet. Ce caillot peut migrer jusqu’à l’artère pulmonaire, l’oblitérer et créer ainsi l’embolie pulmonaire, parfois mortelle. Si le caillot, d’abord mobile, se fixe dans la veine fémorale et l’obstrue, c’est la phlébite. Jadis très fréquente, cette complication l’est devenue beaucoup moins grâce à la mise en œuvre de moyens physiques destinés à éviter la stase veineuse : lever et marche précoces, mobilisation active et passive des membres inférieurs (rôle essentiel du kinésithérapeute et de l’infirmière soignante). La surveillance quotidienne des membres inférieurs, le dépistage d’un trajet veineux douloureux et la mise en œuvre consécutive immédiate d’un traitement anticoagulant ont rendu très rare l’embolie pulmonaire mortelle.

La cause des complications respiratoires est unique : c’est l’encombrement de l’arbre trachéo-bronchique par les mucosités normalement sécrétées, mais qui ne sont plus évacuées par suite de la paralysie passagère des cils vibratiles sous l’influence de l’anesthésie. La conséquence en est l’atélectasie (aplatissement des alvéoles pulmonaires) d’un segment ou d’un lobe pulmonaire. La prophylaxie pendant l’opération est sous la responsabilité de l’anesthésiste, qui doit procéder à l’évacuation des sécrétions trachéo-bronchiques par aspiration et assurer la liberté de l’arbre aérien. Après le réveil et dès que possible, il faut faire tousser et cracher le malade pour évacuer les mucosités.

Les complications urinaires sont la rétention d’urine et l’anurie.

La rétention d’urine, souvent réflexe, peut s’observer après n’importe quelle opération ; la pose d’une sonde suffit à y remédier.

L’anurie (suppression de la sécrétion d’urine), beaucoup plus grave, peut survenir après une opération portant sur les voies urinaires, mais aussi sur l’appareil digestif ou les os. Elle a pour cause première le défaut d’irrigation du parenchyme rénal. L’hypotension artérielle, l’hémorragie sous toutes ses formes en sont à la base. La compensation exacte des pertes sanguines, le maintien du volume sanguin en sont la prophylaxie. La seconde origine de ce désordre rénal doit être trouvée dans le déséquilibre hydro-électrolytique du plasma sanguin : pertes liquidiennes diverses, vomissements, diarrhée, exsudations entraînant pertes d’eau et de sel. Apporter par voie veineuse les quantités nécessaires d’eau et de sel en se fondant sur les chiffres de l’ionogramme souvent répété assure la correction du déséquilibre.


Les divers types d’opérations


Les opérations pour traumatismes

• Les plaies des parties molles sont parfois linéaires et nettes (arme blanche, couteau de boucher). Il faut vérifier s’il y a ou non plaie vasculaire et, si celle-ci existe, la traiter par suture ou ligature, puis la refermer par suture. Lorsque la plaie est anfractueuse — plaie par balles, par éclats, par écrasement —, il faut en faire le parage : plan par plan, on excise les tissus contus et dévitalisés. Lorsqu’il y a fracture associée, par conséquent ouverte, le parage de l’os comporte l’ablation des esquilles libres, parfois la contention directe des fragments par fixateur externe par exemple.

• Les plaies pénétrantes de l’abdomen nécessitent une exploration chirurgicale mettant en évidence une éventuelle plaie viscérale.

• Les plaies pénétrantes de poitrine peuvent exiger une intervention d’urgence (plaie du cœur), ou une mise en observation et parfois une intervention secondaire (plaie pleuro-pulmonaire).

• Les contusions* des parties molles peuvent causer un hématome, qu’il faudra parfois évacuer par incision. Le décollement profond des parties molles de l’aponévrose peut être la cause d’un épanchement séreux plus ou moins abondant, dit « de Morel-Lavallée », qui pourra nécessiter la pose d’un drain avec aspiration sous dépression (drainage de Redon-Jost).

Les contusions de l’abdomen ou du thorax sont opérées lorsqu’il y a des signes d’atteinte viscérale.

Les contusions du crâne* peuvent être responsables d’hématomes en dehors ou en dedans de la dure-mère (hématome extra-dural ou hématome intra-dural) qui nécessitent une opération libératrice.

• Les fractures* peuvent être ouvertes de dedans en dehors, l’un des fragments étant la cause de l’ouverture cutanée. On les opère pour rapprocher et fixer les fragments, et l’on pratique alors une ostéosynthèse.