Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

acétonémie (suite)

L’acétonémie se rencontre en cas d’apport excessif de graisses alimentaires, en cas de mobilisation soudaine des graisses de réserve, en cas de défaut de disponibilité du glucose. Les deux acides cétoniques n’ont pas de toxicité propre. Par contre, ils représentent des substances acides qui perturbent l’équilibre acido-basique* de l’organisme. Bien plus, ils sont pendant longtemps susceptibles d’être utilisés par les cellules pour leur énergie au lieu et place du glucose, à l’exclusion du cerveau, dont le fonctionnement exige ce sucre simple. Or, l’acidose nuit à l’utilisation cellulaire du glucose. On voit ainsi que, lors de l’acétonémie, le cerveau sera le premier à souffrir, et l’aboutissement de l’acido-cétose sera assez rapidement le coma. Quand les corps cétoniques sont en quantité faible dans le sang, les mécanismes de régulation acido-basique (reins et poumons) suffisent à compenser l’acidose. S’ils apparaissent en excès, l’organisme cherche à les éliminer par le rein. Mais cette excrétion ne peut se faire qu’au prix d’une perte de bases qui accentue l’acidose. Dans certains cas apparaissent des vomissements qui, par les pertes de chlore, entraînent une alcalose parvenant parfois à compenser, puis à supplanter l’acidose.


Quand y a-t-il acétonémie ?

Parfois, chez le sujet sain, en cas d’alimentation trop riche en graisse ou en cas de jeûne prolongé du fait de la consommation des graisses en réserve. En pathologie, il y a surtout trois causes :

• en premier lieu, le diabète*, soit par accès spontanés, notamment dans les formes de diabète juvénile avec dénutrition, soit lors d’autres affections concomitantes : traumatismes, affections médicales, infectieuses surtout, ou encore écart de régime ou erreur thérapeutique (changement brutal ou arrêt de l’insuline). Cette acido-cétose s’accompagne d’hyperglycémie, de glycosurie, d’acidose avec effondrement de la réserve alcaline et d’hypokaliémie (baisse du potassium sanguin) ;

• en deuxième lieu, les vomissements acétonémiques de l’enfant, de déterminisme encore mal élucidé. Cette affection, rarement grave, touche l’enfant de 4 à 12 ans. Elle est exceptionnelle avant 2 ans et cesse à la puberté. On ne la voit guère après 15 ans. Elle survient par crises durant de 2 à 5 jours. Elle est annoncée par une torpeur, avec perte de l’activité, puis, en moins de 24 heures, les vomissements apparaissent avec souvent rejet de toute tentative de boisson. Ils aboutissent à une déshydratation : du degré de celle-ci dépend, en fait, toute la gravité de la crise. Les examens de sang montrent ici, contrairement au diabète, une hypoglycémie et souvent une alcalose. Puis la sédation survient brutalement, l’enfant reprenant en quelques heures ses activités. Ces crises varient de une à une dizaine par an. La cause en est mal connue : on insiste sur le terrain nerveux, émotif, les antécédents familiaux d’asthme, d’urticaire, d’eczéma, de migraines surtout. Le déclenchement lui-même est parfois lié à un effort physique, une émotion, un jeûne ou une maladie infectieuse, surtout si celle-ci comporte des troubles digestifs. L’étude du métabolisme glucidique de ces enfants montre une instabilité biologique : sensibilité accrue à l’insuline, forte hyperglycémie par surcharge alimentaire ;

• en troisième lieu, des affections rares, dites polycories glycogéniques ou glycogénoses hépatiques de surcharge. Elles sont liées à une anomalie enzymatique aboutissant à une surcharge du foie en glycogène. Immédiatement après le repas, il y a une forte hyperglycémie, puis une hypoglycémie secondaire avec cétose. Les enfants atteints de cette affection ont des troubles de croissance et une grosse hypertrophie du foie.

J.-C. L. P.

 J. Le Prado, les Facteurs du coma diabétique (thèse, Paris, 1957). / C. Launay, P. Grenet et F. Verliac, Précis de médecine infantile (Mosson, 1961). / H. Lohe, Über Ausmass und Häufigkeit von Stoffwechselverschlechterung in Verlauf der diabeter mallitus (Munich, 1963). / B. H. Masseran, À propos des vomissements du nouveau-né et de l’enfant (thèse, Paris, 1967).

acétylcholine

Ester acétylé de la choline, intervenant comme médiateur chimique ou neurohormone.



Historique

La notion de médiateur chimique (substance qui apparaît au niveau des terminaisons des nerfs pendant leur activité et qui transmet l’incitation à l’organe innervé) est due aux observations d’Otto Loewi (1921). Elle a pris corps à une époque où deux théories concernant la transmission de l’influx nerveux s’affrontaient. L’une voyait dans la propagation de cet influx un phénomène purement physique (L. Lapicque), l’autre, au contraire, un phénomène chimique. Une expérience de Loewi réalisée sur le cœur de grenouille est à l’origine de l’importance que l’on accorde actuellement à cette dernière conception. L’innervation cardiaque chez cet animal est réalisée par un tronc nerveux commun aux systèmes orthosympathique et parasympathique. Or, on le sait, l’excitation électrique de l’orthosympathique provoque une accélération du rythme cardiaque, celle du parasympathique un ralentissement. Ce que Loewi a montré, c’est qu’en même temps qu’interviennent l’accélération ou le ralentissement du rythme cardiaque on observe dans le cœur l’apparition de substances chimiques qui, à elles seules, sont capables de provoquer soit l’accélération, soit le ralentissement d’un cœur complètement isolé et perfusé par un liquide physiologique. Ces substances, isolées depuis, ne sont autres que l’adrénaline, qui accélère le rythme cardiaque, et l’acétylcholine, qui le ralentit. Elles sont sécrétées au niveau des synapses (articulations entre les neurones).


Rôles physiologiques de l’acétylcholine

L’acétylcholine est une substance dite « parasympathico-mimétique », car les effets de son injection dans le sang sont les mêmes que ceux qui sont obtenus par excitation du parasympathique. Elle provoque à dose très faible (de l’ordre du 1/1 000 000), outre la bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque), la vasodilatation, ou augmentation du diamètre des vaisseaux sanguins et plus particulièrement des petites artères, ces deux réponses de l’organisme contribuant à une hypotension transitoire. Elle détermine le myosis (contraction pupillaire), la constriction des bronches, le ralentissement, voire l’arrêt des mouvements péristaltiques intestinaux.