Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Ontario (suite)

L’évolution commencée il y a plusieurs décennies se poursuit. Tout d’abord, la superficie moyenne des exploitations s’accroît par suite de la diminution du nombre des plus petites (moins de 40 ha et même entre 40 et 80 ha) et de l’augmentation relative et absolue du nombre des exploitations de plus de 80 ha. On constate aussi l’élévation de la productivité par la mécanisation de la culture et par la sélection des plants et du bétail, surtout sur les plus grandes exploitations, qui investissent un capital élevé (ainsi, un tiers des exploitations assure 75 p. 100 des ventes). L’exploitation familiale est donc condamnée à la disparition ou à la promotion au stade de l’entreprise. Le faire-valoir direct (80 p. 100 des tenures) diminue, tandis que le fermage ou la mise en gérance se développent sur les propriétés les plus grandes. L’agriculture mixte n’est plus pratiquée à l’échelle de l’exploitation, qui se spécialise dans l’élevage du bétail à viande (bovins, porcs et moutons ; 41 p. 100 des exploitations), dans l’élevage des vaches laitières (29 p. 100) ou celui des volailles, dans la culture des céréales et des plantes fourragères, dans l’arboriculture fruitière et dans la culture des légumes ; la culture de plantes fourragères est, en général, associée à l’élevage du gros bétail.

Le territoire agricole se réduit en fait à la région sédimentaire. Sur le Bouclier (Clay Belts), l’agriculture résulte d’une colonisation entreprise à partir de 1910, puis à la suite de la crise de 1930 (« retour à la terre ») ; souvent, elle ne constitue plus qu’une activité accessoire, stade précédant l’abandon définitif.

L’élevage laitier est une tradition ancienne dans le comté d’Oxford (à l’est de London), où il atteint son plus haut degré de perfectionnement et d’où il a gagné les comtés voisins ; c’est aussi la principale activité rurale dans l’est, entre l’Outaouais et le Saint-Laurent. La culture du maïs, introduite d’abord dans l’extrême Sud-Ouest, progresse partout et tend à remplacer le foin et l’avoine. Les sables des deltas finiglaciaires (centre de la côte du lac Érié) sont le domaine de la culture du tabac. Les fruits viennent de la région du Niagara (raisin, pêches, cerises) ainsi que des rivages de la baie Géorgienne, de la région de London et de l’extrême Sud-Ouest, qui produisent surtout des pommes. Le Holland Marsh (marais aménagés par des Hollandais au sud du lac Simcoe) est une des principales régions productrices de légumes.


Sylviculture, chasse et pêche

Parmi les activités primaires figure aussi l’exploitation forestière. La forêt de feuillus, qui a donné naissance à l’industrie du meuble dans le centre de la péninsule ontarienne, n’est plus représentée qu’à l’état de témoin. La forêt mixte du nord de la région sédimentaire et du sud du Bouclier donne à la fois des bois durs pour le sciage et des bois tendres pour la pâte à papier. C’est surtout la forêt boréale, riche en conifères, qui fournit la matière première de la pâte à papier fabriquée dans une quinzaine d’usines du lac Nipissing au lac des Bois ; l’exploitation ayant gagné le versant de la baie James, le bois est non plus seulement flotté, mais aussi transporté par route et par rail vers les usines fixées en amont.

La chasse est encore pratiquée par une petite fraction des 50 000 Indiens d’Ontario. Plusieurs fois par hiver, la vente de fourrures aux enchères attire des acheteurs du monde entier à North Bay.

La pêche commerciale en eau douce n’a pas la même importance que dans les provinces voisines. La pollution a réduit presque à néant la pêche dans les Grands Lacs.


L’urbanisation

La majeure partie de la population ontarienne (81 p. 100) réside dans les villes et de plus en plus dans les grandes villes. Les principales aires métropolitaines sont celle de Toronto (2 628 000 hab.), suivie par celles de Hamilton (499 000 hab.), d’Ottawa (453 000 hab.), de London (286 000 hab.), de Windsor (259 000 hab.), et de Kitchener-Waterloo (227 000 hab.). Thunder Bay et Saint Catharines dépassent 100 000 habitants. Une douzaine de villes de 50 000 à 100 000 habitants complètent un réseau urbain mieux réparti dans l’écoumène de l’Ontario que dans celui du Québec ou des provinces de l’ouest, du moins jusqu’à présent, car d’aucuns prévoient une concentration croissante de la vie urbaine, des industries et des services dans le triangle Toronto-London-Niagara, qui compterait 5 millions d’habitants en 1980.

L’expansion industrielle et l’urbanisation entraînent le développement des activités tertiaires. Ce secteur, qui n’occupait que 30 p. 100 de la population active en 1911, en emploie aujourd’hui environ 57 p. 100. La progression concerne les transports et le commerce, et plus encore la finance (banque, assurance, Bourse), la direction des sociétés industrielles et minières ainsi que les services. Une place à part doit être faite aux activités de recherche ; celles-ci sont menées par les universités (une dizaine), par le gouvernement fédéral et par les entreprises privées ; Sheridan Park abritera 6 000 chercheurs, employés dans les bureaux et laboratoires de compagnies industrielles et minières.


Les transports

L’Ontario possède une excellente infrastructure en moyens de transport. Le réseau routier est particulièrement dense dans l’Ontario méridional industriel et dans la région rurale située entre les lacs Ontario et Huron. Une autoroute (Macdonald Cartier Freeway) longe les Lacs et le Saint-Laurent de Windsor à Montréal ; des bretelles desservent les régions de Hamilton-Niagara et du lac Simcoe. Deux routes relient le sud et l’extrême nord-ouest de la province. L’intensité du trafic routier entre l’Ontario et les États-Unis a exigé l’amélioration des liaisons vers Buffalo et New York, d’une part (six ponts sur la rivière Niagara), et vers Detroit, de l’autre (un pont et un tunnel, celui-ci étant fort encombré par la navette des camions transportant moteurs, carrosseries et pièces d’autos entre les usines de Detroit et celles de l’Ontario).

Les chemins de fer ont perdu le rôle qu’ils jouèrent pendant près d’un siècle dans le peuplement et la mise en valeur de la province ; ils ne gardent une certaine importance que dans le Nord pour les transports transcontinentaux, la desserte des régions minières et l’accès de la baie James.

Les voyageurs préfèrent l’avion pour tous les déplacements qui ne requièrent pas l’usage de la voiture personnelle, même sur de petites distances. Malton (Toronto) est devenu le premier aéroport national et international de passagers au Canada.