Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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ondes océaniques (suite)

Les ondes internes

Ce sont des fluctuations périodiques de la température et de la salinité enregistrées à une certaine immersion. Elles peuvent se manifester au niveau de la couche de saut (thermocline ou halocline) ou affecter l’ensemble de la couche d’eau. Le phénomène ne se traduisant pas en surface, le terme d’ondes (ou marées) internes lui fut réservé. Tout se passe comme si se produisait un déplacement de l’eau entraînant des molécules de qualités différentes. Sur les diagrammes (fig. 5), les ondes internes sont exprimées par le dessin ondulatoire des isothermes et des isohalines avec des amplitudes de plusieurs dizaines de mètres. Les périodes sont très variées, pouvant aller de 10 minutes à 14 jours.

L’origine de ces oscillations est encore mal connue. Pour celles dont la périodicité est de l’ordre de quelques minutes, des causes d’ordre météorologique sont probables. Les oscillations de plus longues périodes (plusieurs heures) sont en relation apparente avec le passage de l’onde de marée (fig. 6), mais les modalités de l’influence de celle-ci restent obscures. Quoi qu’il en soit, plusieurs phénomènes ont été portés au compte des ondes internes, notamment le phénomène des « eaux mortes » (ondes observées au niveau de l’halocline dans les régions notablement dessalées en surface, comme les estuaires, certains détroits, les bordures de la banquise), susceptibles de ralentir la marche des navires. Les ondes internes des eaux profondes semblent avoir une certaine influence sur la progression des véhicules sous-marins.

La prédiction des ondes

Plus que tout autre phénomène océanique, les ondes océaniques ont pour le marin une importance capitale. Aussi s’est-on très tôt préoccupé de les analyser, puis de les prévoir selon des méthodes de plus en plus perfectionnées par le progrès de l’instrumentation et de la mathématique.

Le plus remarquable travail de ce genre (et le premier en date) fut la prédiction de la marée. La décomposition de l’onde enregistrée en toutes ses composantes (ou marées partielles) est appelée analyse harmonique (sir George Darwin*) ; on en déduit les « constantes harmoniques » de ces diverses ondes. À partir de ces données, on peut, à l’aide d’un appareil (ou « tide predictor », conçu par Lord Kelvin), actuellement de plus en plus remplacé par l’ordinateur, calculer les ondes à venir dans leur amplitude et leur progression. Les services hydrographiques des pays maritimes sont alors en mesure de publier chaque année des « annuaires de marées » et des « annuaires de courants » qui permettent aux navigateurs, aux pêcheurs, à l’ingénieur de connaître la hauteur d’eau, la vitesse et la direction des courants pour toutes les régions à un moment quelconque.

Les grandes opérations amphibies de la Seconde Guerre mondiale (notamment le débarquement sur les côtes de Normandie) ont été l’occasion de la mise au point de méthodes permettant de prévoir les vagues et les houles. Des formules transcrites sous la forme d’abaques donnent leurs caractéristiques dans les aires de génération et d’amortissement à partir des situations météorologiques qui les conditionnent. Pareillement, des résultats satisfaisants ont été obtenus pour la prévision des ondes de tempête, au moins pour la zone tempérée, qui dispose d’un important réseau de navires météorologiques stationnaires (v. Atlantique [océan], Pacifique [océan]).

Les très importants dégâts provoqués par le grand tsunami du 1er avril 1946 ont amené les États-Unis à décider la mise en place, dans le Pacifique, d’un système d’alerte comprenant 71 stations marégraphiques et séismologiques, réparties sur toute la façade américaine et sur une partie de celle de l’Asie. La station pilote installée à Honolulu (aux Hawaii) étudie et localise tous les épicentres des tremblements de terre survenant sur la « ceinture de feu ». Si l’un d’entre eux se révèle dangereux, toutes les stations sont averties grâce à des cartes donnant les temps de parcours entre les zones perturbatrices et les littoraux les plus menacés de l’arrivée d’une onde probable. Si celle-ci est estimée d’importance anormale, l’alerte est donnée à tous les services officiels, qui mettent en application un plan de protection des sites exposés et d’évacuation des populations menacées. Des avis urgents sont diffusés à tous les navires croisant dans les parages des littoraux sur lesquels pèse un risque, aussi faible soit-il. Le système a montré son efficacité six ans plus tard, lors du séisme du 4 novembre 1952, qui ne fit aucune victime, car les autorités des Hawaii avaient disposé de plus de quatre heures pour prendre toutes leurs dispositions face au danger.


Les ondes d’origine atmosphérique


Les seiches

On remarque à certains moments et dans certains golfes, baies ou détroits des oscillations rythmiques de la surface semblables à celles que l’on observe dans les lacs et comparables à un mouvement de balancement de part et d’autre de lignes nodales où le déplacement vertical est nul. Ce sont des ondes stationnaires, dont la périodicité varie de quelques minutes à une heure avec des amplitudes de quelques centimètres à 30 ou 40 cm (au maximum). Les seiches sont liées ou entretenues par : des variations de la pression atmosphérique à la côte ou plus au large ; l’arrivée de lames à longue période (pendant les tempêtes notamment) ; l’influence de violents vents locaux, dans certains détroits (l’Euripe, en mer Égée, par exemple).

Des causes différentes peuvent donc avoir les mêmes effets, qui sont, de toute manière, très gênants pour la navigation côtière. Les seiches peuvent subir une amplification selon la découpure particulière de certaines mers et, pour les ports, la configuration des quais et des bassins. La pente de la surface provoque la formation de courants bien observables pendant les périodes de faible marée ; en certains détroits, ceux-ci peuvent être instables en direction et en vitesse selon la plus grande fantaisie, comme dans le cas du « courant déréglé » de l’Euripe ou de la « marée folle » de l’Indonésie.