Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ohana (Maurice)

Compositeur français (Casablanca 1914).


Ce compositeur doit-il à son origine espagnole ou à l’environnement de son Maroc natal les caractéristiques de son style ? Hypothèses toutes deux plausibles, vu l’importance que lui-même accorde aux seules ressources de l’instinct dans l’acte de création. Quoi qu’il en soit, il est certain que, de ce style, certaines constantes se remarquent tout au long d’une évolution de plus de vingt-cinq ans ; à savoir : la structure itérative des mélodies, une certaine inclination à la modalité, un large emploi de la percussion. D’autre part, ayant travaillé avec Alfredo Casella (1883-1947) à Rome et Daniel Lesur à Paris, Ohana a acquis ainsi le goût des architectures logiquement établies, bien qu’échappant aux schémas traditionnels.

Dès 1944, dans le no 1 des trois Caprices pour piano, on relève déjà une certaine forme de chromatisme vertical, nimbant les lignes faites d’agrégations parallèles d’une atmosphère atonale, laquelle se trouve atténuée dans l’horizontal par l’évolution du cursus mélodique autour de sons-pivots.

Dans le no 2 des Caprices apparaît au piano l’usage des clusters qui se fera de plus en plus fréquent (Neumes pour hautbois et piano, 1965 ; Sôron-Ngô pour deux pianos, 1969) et s’étendra à l’écriture orchestrale, comme dans le Tombeau de Claude Debussy (1962), qui accueille également les tiers de ton, confiés ici à une cithare spécialement accordée.

À partir de ce moment, le compositeur, sans jamais adopter la méthode sérielle (qu’il considère comme trop intellectuelle), subira pourtant l’influence du climat sonore postwébernien qui viendra enrichir sa pensée modale ; notamment dans Signes (1965), vaste fresque en six parties, et dans Synaxis (1965-66), qui mérite une mention particulière, non seulement parce que cette pièce pour deux pianos, percussion et orchestre voit disparaître la notion tonale-modale, mais surtout parce qu’elle manifeste un sentiment très original de la forme ; en effet, l’idée de symétrie ne joue pour ainsi dire plus sur des éléments thématiques, mais plutôt sur des aspects évidents de la matière sonore : tessiture (suraiguë, médiane, grave), allures déterminées par le tempo, le caractère rythmique, les autres éléments (timbres, densités, groupements harmoniques) constituant à l’intérieur de ces aspects primordiaux des moyens de variation. En 1968, Cris, pour douze voix mixtes, étendra à l’ensemble vocal l’emploi des tiers de tons. Cette partition évoquera à la fin le souvenir funeste des camps de la mort, en un style non pas superficiellement réaliste, ainsi que l’ont fait certains auteurs, mais foncièrement musical.

L’art de Maurice Ohana, d’un grand relief sonore, est profondément, authentiquement original.

Les œuvres principales d’Ohana

• théâtre : Autodafé, opéra (1971-72) ; Prométhée, ballet (1956) ; Syllabaire pour Phèdre, opéra de chambre (1967) ; musiques de scène, dont Images de Don Quichotte (1956) ; musiques de radio et de films.

• orchestre : concerto pour guitare et orchestre (Trois Graphiques, 1950-1957) ; Tombeau de Claude Debussy (avec soprano, cithare et piano, 1962) ; Synaxis (avec 2 pianos, 1965-66) ; Chiffres de clavecin (avec clavecin, 1967-68) ; Silenciaire (6 percussions et cordes, 1969).

• oratorios et cantates : Llanto por Ignacio Sánchez Mejias (1950) ; Cantigas (1953-54) ; Récit de l’an zéro (1958-59).

• musique de chambre : Études chorégraphiques (6 percussions, 1955) ; Cinq Séquences (quatuor à cordes, 1963) ; Signes (7 exécutants, 1965) ; Neumes (hautbois et piano, 1965) ; Syrtes (violoncelle et piano, 1970).

• instruments solistes : Piano : 3 Caprices (1944-1948) ; Sonatine monodique (1945) ; Sôron-Ngô (2 pianos, 1969) ; 24 préludes (1972-73). Guitare : Tiento (1955) ; Si le jour paraît (1963-64). Clavecin : Carillons (1960). Flûte : 4 improvisations (1961).

• musique vocale : Sibylle (soprano et percussion, 1968) ; Cris (12 voix a cappella, 1968) ; Stream (basse et trio à cordes, 1970).

H. H.

R. S.

Ohio

État américain de la région des Grands Lacs ; 106 765 km2 ; 10 652 000 hab. Capit. Columbus.


Le tiers oriental fait partie du plateau appalachien. Une vieille surface d’érosion a été rajeunie par les vallées encaissées de cours d’eau tributaires du Mississippi (Ohio et ses affluents) ou du lac Érié ; aussi la topographie est-elle très accidentée dans le détail.

La partie sud-ouest comprend : les Old Drift Flats, plaines de dépôts glaciaires anciens, riches en éléments calcaires, au sud ; les larges vallées d’écoulement glaciaire du Miami et de la Scioto, au centre ; les moraines qui ont enseveli les vallées préglaciaires orientées vers l’ouest, plus au nord.

La vaste plaine du lac glaciaire Maumee (ancêtre d’un lac Érié plus étendu vers le sud-ouest) occupe le nord-ouest ; elle se réduit à une étroite plaine littorale vers l’est (de Lorain à Conneaut).

Avec des variantes dues à la latitude et à l’altitude, le climat est de type continental à hiver modéré (– 1 °C en janv. à Columbus), été chaud (moyenne de juill. à Columbus, 23,8 °C avec un maximum moyen de 30,5 °C) et pluies en toutes saisons (930 mm à Columbus) avec maximum en mai, juin, juillet. Sur les dépôts glaciaires, ce climat a permis le développement, sous couvert de feuillus, de sols podzoliques gris-brun de bonne qualité agronomique, tandis que les sols pauvres, podzolisés, dominent sur le plateau appalachien.

Colonisé à partir de la fin du xviiie s., État en 1803, l’Ohio constitua, avec l’Indiana, le premier Corn Belt. Il n’occupe plus que la partie orientale du Corn Belt actuel. La culture du maïs le place au sixième rang pour la production et la superficie (au troisième pour le rendement), et l’élevage laitier, stimulé par l’expansion urbaine, au huitième. On cultive fruits et légumes dans la plaine lacustre. La polyculture archaïque de la région appalachienne est en cours de reconversion. L’agriculture ne représente plus cependant qu’une activité mineure : 2,3 p. 100 de la population s’y consacrent ; le nombre des exploitations est tombé de 234 000 en 1940 à 111 000 en 1971, et le revenu des ventes et subventions n’atteint que 1,4 milliard de dollars.