Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œsophage (suite)

Œsophagite

On désigne ainsi l’inflammation de la muqueuse œsophagienne.
1. Les œsophagites aiguës, hormis celles qui sont dues à l’ingestion de caustiques, sont les œsophagites des maladies infectieuses (scarlatine, variole, erysipèle), l’œsophagite allergique, les œsophagites suppurées. Elles sont rarement observées.
2. La principale œsophagite chronique est l’œsophagite peptique, dont la cause est le reflux dans l’œsophage du liquide gastrique acide. Elle est susceptible de donner des hémorragies, des ulcères muqueux de l’œsophage, et d’évoluer vers la sclérose et la sténose. L’affection est localisée au tiers inférieur de l’œsophage. Elle est parfois due à une anomalie de position de l’œsophage (hernie par l’hiatus œsophagien du diaphragme).

Si le traitement médical, consistant en l’administration de médicaments alcalins, est inefficace, il faut pratiquer la cure de la hernie et corriger l’anomalie de position de l’œsophage. Cette intervention, en supprimant le reflux, guérit la plupart des cas.

Opérations sur l’œsophage

• Amputation de l’œsophage ou opération de Torek, intervention consistant à réséquer tout l’œsophage thoracique, à fermer le cardia, à placer la section de l’œsophage cervical à la peau du cou et à établir une gastrostomie (abouchement de l’estomac à la peau).

• Myotomie extra-muqueuse ou opération de Heller, incision de la tunique musculeuse de l’œsophage qui respecte la muqueuse.

• Œso-gastrectomie ou résection de l’œsophage, résection d’une partie de l’œsophage et de la portion voisine de l’estomac suivie du rétablissement immédiat de la continuité par anastomose œso-gastrique.

• Œso-gastrostomie, anastomose entre l’estomac et l’œsophage, sans résection de celui-ci.

• Œsophagoplastie, remplacement de l’œsophage par un procédé utilisant un organe de remplacement : estomac, intestin, côlon.

• Œsophagostomie, mise à la peau de la lumière œsophagienne : type œsophagostomie cervicale après amputation de l’œsophage thoracique.

• Œsophagotomie, ouverture de l’œsophage suivie de fermeture immédiate de la plaie chirurgicale ainsi faite : type ablation d’un corps étranger.

Les plasties

Elles sont nécessaires après l’amputation totale de l’œsophage ou après l’ablation de sa portion cervicale. L’estomac, l’intestin grêle, le côlon gauche ou le côlon droit peuvent être utilisés pour fournir le matériel de plastie.


Tumeurs de l’œsophage


Les tumeurs bénignes

Elles sont rares et peuvent être pédiculées ou sessiles.

Les polypes, les papillomes, les adénomes, les kystes sont d’origine muqueuse ou sous-muqueuse.

Les lipomes, les myomes ou léiomyomes, qui peuvent atteindre un gros volume, sont d’origine extra-muqueuse. Leur développement en général respecte la continuité de la muqueuse œsophagienne.

Ces tumeurs se manifestent par une dysphagie et parfois par des hémorragies.

• Traitement. Les petites tumeurs pédiculées dans la lumière œsophagienne peuvent être enlevées sous le contrôle de l’œsophagoscope. Les tumeurs sessiles, lorsque les troubles l’exigent, nécessitent une intervention chirurgicale avec ouverture du thorax.


Le cancer

Jadis condamné à une gastrostomie (abouchement de l’estomac à la peau pour l’alimentation artificielle) n’empêchant pas la mort par inanition, le sujet atteint de cancer de l’œsophage est maintenant justiciable d’un traitement chirurgical capable d’assurer sa guérison.

Il s’agit le plus souvent d’un carcinome, qui siège avec prédilection aux points normalement rétrécis de l’œsophage : au cou, au niveau du croisement aortique ou bronchique, à la partie basse sus-diaphragmatique, au cardia. Les sarcomes sont très rares et se développent surtout dans la région inférieure de l’organe.

L’extension locale se fait d’autant plus vite au médiastin, à la plèvre, au péricarde que l’œsophage n’est pas recouvert de séreuse pouvant le protéger.

L’œsophage au-dessus de la lésion est souvent dilaté et siège de rétention alimentaire.

Le cancer de l’œsophage s’observe presque toujours chez un homme âgé de 50 à 70 ans. L’alcoolisme et surtout l’absorption d’alcools purs et de qualité médiocre (eaux-de-vie) jouent certainement un rôle prédisposant en irritant localement la muqueuse.

• Symptômes. Les signes de début sont une gêne passagère à la déglutition, des douleurs thoraciques simulant l’angine de poitrine. Les éructations douloureuses sont trop fréquemment négligées ; en effet la dysphagie (difficulté à avaler) est souvent le premier signe qui inquiète et elle indique déjà une tumeur évoluée.

L’examen radiologique montre un arrêt de la bouillie barytée, une image lacunaire, circulaire ou latérale, une rigidité segmentaire, une dilatation de l’œsophage au-dessus du point suspect.

L’œsophagoscopie révèle l’absence de souplesse de la paroi œsophagienne, montre une zone muqueuse anormale, ulcérée, bourgeonnante, hémorragique. Elle permet de faire un prélèvement biopsique et d’affirmer le diagnostic.

Des métastases peuvent se constituer comme dans les autres cancers digestifs. Elles sont plus souvent observées depuis que le traitement chirurgical permet des survies prolongées.

• Traitement. La chirurgie seule permet d’enlever la lésion et d’espérer une survie prolongée.
1. Les tumeurs de l’œsophage inférieur sont justiciables d’une résection gastrique et œsophagienne, suivie d’une anastomose immédiate œso-gastrique faite par voie thoracique ou thoraco-abdominale.
2. Les tumeurs de l’œsophage moyen peuvent être abordées par voie thoracique gauche ou par voie thoracique droite. Dans ces deux techniques, la continuité est rétablie par une anastomose œso-gastrique haute dans le thorax. L’opération de Torek consiste en une amputation sans rétablissement de la continuité. L’œsophage sous-pharyngé est mis à la peau du cou. Une gastrostomie assure alors la nutrition.
3. Les tumeurs de l’œsophage cervical, envahissant très souvent le larynx, peuvent obliger à une amputation en bloc de l’œsophage et du larynx.

La radiothérapie offre une ressource complémentaire. Si l’irradiation avant l’opération n’a pas donné de résultats satisfaisants, elle peut être utile après l’intervention. Elle permet à elle seule, dans certaines formes, des survies de plus de dix-huit mois.

La gastrostomie simple reste toujours nécessaire pour pouvoir nourrir les sujets atteints d’un cancer de l’œsophage inextirpable et empêchant toute alimentation.

J. P.

 J. Terracol, les Maladies de l’œsophage (Masson, 1938 ; 2e éd., 1951). / M. Brombart, la Radiologie clinique de l’œsophage (Masson, 1956). / R. W. Postlethwait, Surgery of the Œsophagus (Springfield, Illinois, 1961).