Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œil (suite)

• Affections du cristallin.
1. Cataracte. V. ce mot.
2. Déplacements du cristallin. L’ectopie concerne un cristallin développé en position anormale et qui y est resté : c’est donc une malformation congénitale. La luxation est le déplacement acquis, secondaire, du cristallin ; elle est souvent d’origine traumatique ; elle peut se faire dans le vitré, dans la chambre antérieure et même en dehors du globe, sous la conjonctive.

• Affections du vitré.
Les myodésopsies (ou « mouches volantes ») sont dues à la vision entoptique (vision d’éléments situés à l’intérieur de l’œil) d’opacités du vitré. Ces opacités peuvent être d’origine dégénérative (synchisis), inflammatoire ou hémorragique. L’hyalite est l’inflammation du vitré ; l’hémorragie vitréenne est fréquente, relevant de causes multiples (traumatisme, diabète, artériosclérose, etc.).

• Glaucome.
V. ce mot.

• Affections touchant tout le globe oculaire.
1. La microphtalmie. C’est une malformation congénitale de l’œil, qui est de très petite taille.
2. La panophtalmie. Infection purulente du globe, elle est souvent précédée d’un hypopion (présence de pus sédimentant dans la chambre antérieure).
3. L’atrophie du globe (ou phtisie). C’est le stade terminal de nombreuses affections oculaires graves. L’œil devient mou ; il n’est plus fonctionnel et est souvent douloureux : l’énucléation est fréquemment nécessaire.
4. La sénilité oculaire. Elle se manifeste surtout par le gérontoxon (anneau blanchâtre à la périphérie cornéenne), par l’opalescence et l’absence d’accommodation du cristallin, enfin par l’atrophie de l’iris et de la choroïde.

Neuro-ophtalmologie

C’est l’étude de l’ensemble des maladies de la sphère visuelle d’origine nerveuse.

• Affections du nerf optique, de la papille, du chiasma, des voies optiques rétrochiasmatiques (v. vision).

• Paralysies oculomotrices (ou ophtalmoplégies). Elles sont fréquentes, de causes multiples (notamment les maladies vasculaires, les tumeurs cérébrales, la sclérose en plaques). Leur traduction clinique fondamentale est la diplopie. Le nom du ou des muscles paralysés sera découvert par l’examen de la motilité oculaire spontanée et l’examen sous écran. On s’aide également de la dissociation des images vues par les deux yeux (par l’examen au verre rouge et le graphique de Lancaster).

La paralysie peut régresser spontanément ; dans le cas contraire, on a recours aux verres prismatiques, à la chirurgie et, en cas d’échec, à l’occlusion oculaire par un verre opaque qui supprime la diplopie.

• Pathologie pupillaire (v. également iris). La mydriase, ou dilatation pupillaire, traduit souvent une paralysie du IIIe nerf crânien.

Le myosis, ou rétrécissement pupillaire, est un signe fondamental du syndrome de Claude Bernard-Horner (traduisant la paralysie du système nerveux sympathique oculaire).

Le réflexe photomoteur est aboli dans le signe D’Argyll-Robertson, qui se voit surtout en cas de syphilis nerveuse, et dans le syndrome d’Adie (ou pupillotonie).

• Troubles de la motilité palpébrale. La ptôsis, ou chute permanente de la paupière supérieure, est d’origine nerveuse (paralytique) ou d’origine musculaire (myopathique). La paralysie de l’orbiculaire, au cours d’une paralysie faciale périphérique, entraîne une lagophtalmie (absence d’occlusion palpébrale), qui rend souvent nécessaire la tarsorraphie.

• Les strabismes. Fréquents (3 p. 100 de la population), ils sont caractérisés par la déviation plus ou moins apparente d’un globe oculaire mobile dans toutes les directions et par un trouble de la vision binoculaire. Les axes visuels des deux yeux, au lieu d’être parallèles dans la vision à l’infini, forment un angle, un œil fixant l’objet regardé, l’autre étant dévié (loucherie). Si l’œil dévié est toujours le même, sa vision est mauvaise : c’est l’amblyopie (baisse visuelle due à une mauvaise utilisation de l’œil). Le début des strabismes se fait dans l’enfance ; ils sont convergents (yeux déviés en dedans), le plus souvent, ou divergents (yeux déviés en dehors), avec parfois une composante verticale. L’examen d’un enfant atteint de strabisme comporte une étude de la réfraction, une étude de la déviation par l’examen sous écran (obturant alternativement chaque œil) et une étude de la vision binoculaire : ces deux dernières sont précisées par l’examen orthoptique, pratiqué par une orthoptiste à l’aide d’instruments particuliers, comme le synoptophore, ou grand amblyoscope. On précise ainsi la possibilité de récupération d’une vision binoculaire normale (avec la sensation du relief) : en effet, la déviation permanente des yeux entraîne des désordres visuels (neutralisation, correspondance rétinienne anormale souvent irréversibles). Le traitement du strabisme comporte :
— la prescription éventuelle de verres correcteurs, qui, parfois, peuvent guérir à eux seuls la maladie (strabisme accommodatif) ;
— la rééducation de l’amblyopie par l’occlusion de l’œil non amblyope ;
— la rééducation orthoptique en plusieurs séances ;
— enfin l’intervention chirurgicale, le plus souvent nécessaire, qui rétablira, par action sur les muscles oculomoteurs, le parallélisme oculaire.

Il faut distinguer des strabismes les hétérophories, qui sont définies par la tendance à la déviation oculaire, maintenue latente par la puissance de fusion. Elles sont responsables de fatigue visuelle, de maux de tête et de douleurs oculaires. Leur traitement est essentiellement optique (lunettes) et orthoptique (rééducation).

• Le nystagmus. Il est caractérisé par des secousses rythmiques qui agitent les deux yeux. Il peut être provoqué — et il est alors toujours physiologique —, comme le nystagmus opto-cinétique, ou nystagmus des chemins de fer, qu’on l’observe sur un sujet placé dans un train en marche et regardant le paysage : le regard suit les objets le long de la voie, puis les abandonne pour reprendre la fixation plus loin. Il peut être spontané — et il est alors toujours pathologique —, d’origine congénitale ou vestibulaire. Il est très fréquent chez les aveugles de naissance.

• Le zona ophtalmique. C’est la localisation de l’infection par le virus du zona aux troncs nerveux de la région oculaire répondant au nerf ophtalmique. Il est fréquent et parfois grave (surtout chez le sujet âgé), entraînant des ulcérations cornéennes, des uvéites et des paralysies oculomotrices.