Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œil (suite)

• Affections de l’appareil lacrymal.
1. Glandes lacrymales. Leur augmentation de volume peut être chronique et unilatérale ; elle est due alors à des tumeurs (tumeurs mixtes surtout), à des kystes (ou dacryops) ou à des infections chroniques (ou dacryoadénites chroniques). Elle peut être bilatérale, comme dans le syndrome de Mikulicz.

L’inflammation aiguë est la dacryo-adénite aiguë, parfois purulente. L’insuffisance de sécrétion lacrymale se voit surtout dans le syndrome de Gougerot-Sjögren (diminution de toutes les sécrétions cutanées).

2. Voies lacrymales. La symptomatologie est avant tout le larmoiement, ou épiphora. Celui-ci peut-être dû à un obstacle siégeant sur un point quelconque de la voie d’excrétion des larmes. Les points lacrymaux peuvent être imperforés à la naissance, traumatisés ou en position vicieuse à la suite d’une atteinte palpébrale.

Les canalicules peuvent être sectionnés lors d’une plaie palpébrale (surtout à la paupière inférieure) : il faut alors opérer d’urgence ; ils peuvent être obstrués par un cil, par un calcul ou par une infection conjonctivo-palpébrale. Le canal lacrymo-nasal peut être fracturé ou obstrué par un processus infectieux chronique. L’inflammation chronique du sac lacrymal est appelée dacryocystite chronique. Elle est due à un obstacle en aval, le plus souvent une atrésie du canal lacrymo-nasal. Elle se traduit, en plus du larmoiement, par une tuméfaction visible et palpable du sac lacrymal. Une infection aiguë peut venir compliquer cet état : c’est la dacryocystite aiguë, ou phlegmon du sac, très douloureuse. Le traitement de la dacryocystite chronique est souvent chirurgical (en cas d’échec du traitement médical antibiotique et corticoïde) : on pratique soit une ablation du sac, soit une dacryocystorhinostomie, qui rétablit le passage des larmes vers les fosses nasales. Chez le nourrisson, la dacryocystite est due à un défaut de perforation de la partie inférieure du canal lacrymo-nasal, qui est normalement ouverte à la naissance. Au cas, d’ailleurs assez rare, où le traitement médical échoue, il faut pratiquer un cathétérisme des voies lacrymales avec une sonde venant perforer la membrane inférieure.

Les tumeurs du sac lacrymal sont rares.


Maladies du globe oculaire

• Maladies de la cornée. V. cornée.

• Maladies de la sclérotique.
1. Inflammations. Elles peuvent être suppurées ou granulomateuses, antérieures ou postérieures, superficielles (épisclérites) ou profondes (sclérites profondes), isolées ou associées (sclérochoroïdites). Leur étiologie est dominée par la tuberculose et la polyarthrite rhumatoïde.
2. Dégénérescence. Celle-ci est surtout due à la scléromalacie perforante, d’origine rhumatismale.
3. Augmentation de volume. Elle peut être généralisée : c’est la buphtalmie (v. glaucome). Quand elle est localisée, c’est un staphylome scléral.

• Affections de l’uvée.
1. Uvéites. Ce sont des inflammations de l’uvée qui peuvent siéger sur l’iris (iritis), le corps ciliaire (cyclite) ou la choroïde (choroïdite). Elles sont souvent associées, comme dans l’iridocyclite, cas le plus fréquent, qui, par des précipités blancs rétrocornéens, traduit essentiellement un phénomène de Tyndall (trouble poussiéreux) de l’humeur aqueuse et des synéchies (adhérences entre l’iris et les organes voisins). La choroïdite se marque par l’existence d’un ou de plusieurs exsudats blanchâtres au fond de l’œil ; sa localisation à la macula est de mauvais pronostic. Les complications des uvéites sont fréquentes et graves (hypertonie, décollement de la rétine, aboutissant parfois à la cécité). Les causes des uvéites sont multiples, et une hospitalisation est souvent nécessaire pour pratiquer un bilan étiologique. L’origine allergique est la plus fréquente ; il faut noter la fréquence de la toxoplasmose (parasitose) dans les causes de choroïdites. Le traitement des uvéites comporte, en dehors du traitement de la cause, la dilatation pupillaire par l’atropine et le traitement corticoïde local et général.
2. Ophtalmie sympathique. C’est une uvéite grave, qui affecte d’abord un œil blessé par plaie chirurgicale ou accidentelle, puis l’œil opposé.
3. Dégénérescences de l’uvée. La dégénérescence, ou atrophie, de l’iris est fréquente. Elle peut être d’origine sénile, traumatique ou inflammatoire, ou bien ne pas avoir de cause connue. Si elle est unilatérale, elle provoque une hétérochromie irienne (différence de teinte entre l’iris de l’œil droit et celui de l’œil gauche).
4. Tumeurs de l’uvée. Elles peuvent siéger sur l’iris, le corps ciliaire et surtout la choroïde : la tumeur la plus fréquente est le mélanome malin (appelé aussi sarcome) de la choroïde, tumeur cancéreuse dont le diagnostic conduit à enlever l’œil (énucléation).

• Affections de la rétine.
1. Maladies des vaisseaux rétiniens. La thrombose de l’artère centrale de la rétine entraîne une cécité immédiate rarement récupérable ; la thrombose de la veine centrale de la rétine est moins grave, mais plus fréquente.
2. Maladies rétiniennes en rapport avec les maladies générales. La rétinopathie due à l’hypertension artérielle et à l’artériosclérose est fréquente : un examen du fond de l’œil est donc nécessaire chez les sujets atteints de ces maladies. Une complication grave du diabète est l’atteinte rétinienne, ou rétinopathie diabétique, conduisant fréquemment à la cécité bilatérale. Par ailleurs, les intoxications (par la quinine par exemple), les maladies du sang (comme les leucémies), les infections donnent des manifestations rétiniennes.
3. Dégénérescences de la rétine. Elles peuvent être séniles, comme la dégénérescence maculaire sénile, affection fréquente, aboutissant parfois à la cécité, ou bien héréditaires, comme la rétinopathie pigmentaire, affection familiale d’évolution lente, se traduisant surtout par une héméralopie (baisse considérable de vision dès que la lumière diminue), un rétrécissement du champ visuel et une absence de réponse électrorétinographique.
4. Les phacomatoses. Ce sont des maladies congénitales de type tumoral, atteignant de multiples organes, dont fréquemment la rétine, comme la maladie de Recklinghausen et la sclérose tubéreuse de Bourneville.
5. Le décollement de rétine. Cette affection fréquente est caractérisée par un dédoublement de la rétine en deux feuillets. Le feuillet superficiel se soulève, formant une poche saillante remplie de liquide, ce que le malade ressent comme un voile noir dans un secteur du champ visuel. Le décollement peut être primitif ; survenant surtout chez les sujets très myopes, il est dû à une déchirure rétinienne, qui provoque un phosphène (sensation d’éclair lumineux). Le traitement chirurgical est nécessaire et urgent : en l’attendant, le repos au lit est obligatoire. Ce traitement consiste à réappliquer la rétine décollée contre la choroïde par indentation de la sclère, l’adhérence étant renforcée par l’application de froid (cryocoagulation) ou de chaleur (diathermocoagulalion) afin d’obstruer la déchirure. La photocoagulation et surtout le laser* sont un appoint utile à ce traitement : ils sont utilisés largement à titre préventif (déchirure sans décollement).
Le traitement du décollement secondaire de la rétine est celui de sa cause : uvéite, tumeur, etc.
6. La rétinopathie des prématurés (ou fibroplasie rétro-centrale). C’est une affection rétinienne grave, atteignant des prématurés soumis à une oxygénothérapie intensive ; elle aboutit très souvent à la cécité.
7. Les tumeurs rétiniennes. Elles sont surtout représentées par le rétinoblastome, tumeur cancéreuse du très jeune enfant et du nourrisson, à transmission héréditaire, souvent bilatérale. Cette tumeur se signale souvent par une pupille blanche, ou leucocorie.
8. L’œdème de la macula. C’est un syndrome fréquent, aux causes multiples. Il se traduit surtout par une baisse visuelle et des métamorphopsies (déformations des images).