Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

octane (indice d’) (suite)

L’octane aviation

La qualité antidétonante d’un carburant pour moteur d’avion à pistons doit répondre à deux conditions d’utilisation bien différentes :
— pendant le décollage, la puissance maximale est obtenue en enrichissant le mélange carburé ;
— en vol de croisière, au contraire, on diminue la consommation en revenant à un mélange pauvre.

L’essence aviation se caractérise donc à l’aide de deux indices d’octane : la qualité 100/130, par exemple, a un indice de 100 déterminé en mélange pauvre avec un moteur CFR et un indice de 130 mesuré en mélange riche avec un moteur spécial suralimenté.


L’octane route

Le moteur CFR ne peut, évidemment, reproduire toutes les conditions d’utilisation réelle d’un carburant, qui varient d’un véhicule à l’autre ; en particulier, il ne représente pas très fidèlement ce qui se passe au cours de l’accélération, du démarrage au starter ou du réchauffage. L’étude complète des relations entre le moteur et le carburant qui l’alimente nécessite de nombreux essais au banc et sur piste, d’où l’on peut déduire diverses formules empiriques reliant le comportement antidétonant de l’essence en service aux indices d’octane normalisés. Ces formules, dites « d’octane route », font intervenir le plus souvent :
— la différence entre l’indice Research et l’indice Motor, appelée sensibilité du carburant ;
— l’indice d’octane de la fraction la plus volatile du carburant, comme celle distillée avant 100 °C, qui arrive la première aux cylindres lorsque l’accélérateur est sollicité brutalement.


La course à l’octane

Le désir de hautes performances avec de petits moteurs économiques a obligé l’industrie du raffinage à augmenter constamment l’indice d’octane de l’essence et du supercarburant par les procédés de craquage, de reformage et de désulfuration, par l’enrichissement des carburants en aromatiques ou en isoparaffines et surtout par l’incorporation d’additifs au plomb. Mais cette course à l’octane est terminée, en raison de la rentabilité insuffisante des procédés de raffinage générateurs d’octane et par crainte de polluer l’atmosphère avec le plomb contenu dans les gaz d’échappement des véhicules.

A.-H. S.

➙ Additif / Aromatiques (hydrocarbures) / Craquage / Désulfuration / Essence / Pollution / Raffinage / Reformage.

Odessa

V. d’U. R. S. S. (Ukraine), sur la mer Noire.


Douzième ville soviétique, c’est la troisième ville et le premier port de l’Ukraine. Sa population est passée de 400 000 habitants à la fin du xixe s. à 602 000 en 1939, à 667 000 en 1959 et à 907 000 en 1970.

Odessa est une ville jeune, née d’un port. Capitale de la région alors appelée la « Nouvelle Russie », conquise, défrichée et peuplée au temps de Catherine II*, elle fut fondée par un oukase de l’impératrice, daté de 1794. Le but était de construire un port militaire et commercial dont la présence devait symboliser la puissance de la Russie en mer Noire. En fait, ce fut un émigré français, le duc de Richelieu (1766-1822), qui en fit une ville d’aspect monumental au début du xixe s. Depuis sa statue, qui domine le front de mer, descend le célèbre escalier dit du Potemkine (en hommage au film d’Eisenstein*), qui, d’une hauteur de 30 m, et d’une longueur de 142 m, relie la ville au littoral. Dès le milieu de xixe s., Odessa devint la troisième ville de Russie, le premier port exportateur des céréales de l’arrière-pays. Le trafic diminua quand les États d’Europe occidentale achetèrent des céréales dans les pays de l’hémisphère Sud, et le développement de la ville se ressentit, au début du xxe s., du déclin du commerce, comme de la guerre civile qui ravagea l’Ukraine. Le régime soviétique négligea Odessa au temps de l’industrie lourde. La ville fut presque complètement détruite par la dernière guerre. Son grand développement ne date donc que des années 60.

Odessa assure une double fonction. Le vieux port céréalier, au pied de la ville, avait donné naissance à un chantier de réparation et de construction navales. La pêche en mer Noire est très réduite, mais la ville a été choisie comme point d’appui de la flotte baleinière soviétique de l’Antarctique. Les constructions navales ont entraîné la création d’ateliers de forge, d’usines de constructions mécaniques.

Un second port a été creusé depuis la fin des années 50 plus au sud, près du Soukhoïliman, avec des bassins en eau plus profonde, capables de recevoir des minéraliers et des pétroliers de gros tonnage. De l’ordre d’une dizaine de millions de tonnes, le trafic se compose de marchandises en vrac, de bois et de matériaux de construction. Odessa n’est pas encore un grand port pétrolier, mais la part des hydrocarbures dans le trafic tend à s’accroître. Des industries nouvelles se sont déplacées en direction du nouveau port : transformation des produits importés, industries alimentaires, petite mécanique.

Le second rôle d’Odessa est tout aussi important. La ville est la capitale du midi de l’Ukraine et, à ce titre, centre culturel, ville ouverte vers l’extérieur. Dotée d’une université dès 1865, reliée à Moscou à la même époque par une voie ferrée, elle a attiré une partie de la population des campagnes d’Ukraine, chassée par la collectivisation et la mécanisation ; elle a gardé des minorités étrangères (Tatars, Grecs, Turcs, Moldaves), dont l’activité est liée au trafic sur la mer Noire, dans le Proche-Orient et en Méditerranée orientale. Elle présente ainsi des ensembles monumentaux (hôtel de ville, Opéra, palais Vorontsov, grands immeubles administratifs) qui en font une véritable capitale et en même temps lui donnent une animation, une couleur qui annoncent les paysages et les sociétés de la Méditerranée, si bien que, comme Leningrad, mais à un autre titre, elle est une des villes soviétiques les plus « ouvertes ». Elle reçoit plusieurs dizaines de milliers de touristes étrangers, qui, venant de Méditerranée, y font escale avant de partir en croisière le long de la Riviera criméenne : ce rôle de redistribution touristique est appelé à s’accroître.