Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

océan (suite)

Les bassins océaniques

Dépressions vastes, à peu près aussi longues que larges, comprises entre les marges continentales et les dorsales et entre deux seuils.

Trois familles de reliefs.

1. Les collines abyssales (fig. E et F).
h : de quelques mètres à quelques kilomètres ;
l : de plusieurs hectomètres à plusieurs kilomètres.
Forme : dôme elliptique ou crête allongée.
Origine : traduction superficielle des dénivellations de la couche no 2 (v. texte) respectée par le dépôt des pélagites (a). Disparaissent par ennoyage sous les turbidites aux confins des plaines abyssales (b).

2. Les vallées abyssales (fig. G, H et I).
a) Couloir abyssal : brèche ouverte dans un seuil et mettant en relation deux bassins, le plus souvent étages.
Origine : discontinuité structurale surcreusée et élargie par le passage des courants de fond ou de turbidité.
Formes : un défilé plus ou moins large et bordé par des versants raides (a) ;
un fond plat entaillé par des réseaux de chenaux (b).
b) Tranchée abyssale : excavation peu profonde, à fond plat et versants dissymétriques.

Exemple : le « Mid Ocean Canyon » de l’Atlantique du Nord-Ouest (a).
Origine : creusement par les courants de fond ou de turbidité, remblaiement par courants très chargés en troubles.

3. Les plaines abyssales.
Surfaces de remblaiement profond (entre 5 000 et 6 000 m) dont la pente est infime (1/2 000).
Origine : accumulation géologique (depuis le Mésozoïque) de matériaux terrigènes (turbidites) sur des épaisseurs de plusieurs kilomètres.
Dimensions : plaines larges dans les océans réduits bordés de marges continentales stables (Atlantique) ;
plaines étroites dans le Pacifique étendu et bordé d’arcs insulaires et de fosses (pièges à sédiments) [a].


Les marges continentales (fig. J et K)

Caractères généraux : surface réduite (10 p. 100 de la planète), mais une grande richesse de formes due à :

• l’importance des mouvements tectoniques développés au contact des deux types de croûtes (a) ;

• l’affaissement progressif du bloc continental sous une couverture sédimentaire épaisse accumulée dans le prolongement des bassins sédimentaires émergés (b).


Les bordures continentales

1. Les ensembles péricontinentaux (fig. L).
Ils sont formés par :

• un arc insulaire, édifice plissé, volcanisé ou non, entaillé de dépressions transversales ou longitudinales (a). Exemple, Aléoutiennes, Antilles ;

• une fosse préinsulaire dissymétrique (b). Origine : plongement et extension de la croûte océanique sous l’arc.

2. Les bassins bordiers (fig. M).
Isolés derrière un arc insulaire (mer marginale) ou entre deux continents (mer continentale).
Soubassement : océanique (bassin algéro-provençal), continental (Méditerranée orientale) ou mixte.
Formes : très variées selon la plus ou moins grande importance de la compression agissant sur un matériel sédimentaire épais, elles comprennent :

• des fosses (fosses hellènes) [a] ;

• des plateaux volcaniques ou coralliens (b) ;

• des plateaux ondulés et faillés (seuils de l’Est méditerranéen) [c] ;

• des crêtes alignées (d) ;

• des plaines bathyales (remblaiement par les turbidites) parsemées de dômes (f) soulevés par des montées diapiriques (sel) ou volcaniques.

3. Les piémonts continentaux.
a) Les fosses précontinentales. Même caractère morphologique que les fosses préinsulaires. Origine : plongement de la croûte océanique sous un continent ceinturé par une cordillère. Exemple, fosse du Pérou-Chili.
b) Les chaînes bordières : montagnes reliques disposées parallèlement au pied de la pente et préservées du remblaiement. Exemple, la chaîne brésilienne.
c) Les glacis sédimentaires (fig. N) : épaisse accumulation de dépôts :

• venus par les cañons (cône abyssal) [a].
Exemple, cônes du Mississippi, de l’Amazone, du Gange.

• apportés par les courants de fond s’écoulant parallèlement aux courbes isobathes.
Exemple, la crête de Blake (au large du sud-est des États-Unis).


Les pentes continentales

Grand escarpement allant du rebord de la plateforme à la limite supérieure des bordures continentales.
Origine : front d’accumulation sédimentaire, remanié ou non par les mouvements tectoniques ou l’érosion (ravinements, éboulements, glissements).

1. La pente proprement dite (fig. O, P et Q).
Trois aspects.
a) Versants continus : talus incliné plus ou moins fortement et résultant :

• de la progradation des couches (a) ;

• de leur entaille par l’érosion (b).

b) Versants discontinus : pente continentale interrompue par :

• des gradins (le plus souvent d’origine tectonique) [a] ;

• des collines soulevées par des montées de matériaux plastiques (b) ;

• des rides produites par le plissement et le glissement de la couverture (c).

c) Versants composites : pente continentale en grande partie occupée par :

• un plateau marginal (a), élément effondré de la plate-forme continentale ;

• une succession de crêtes (parfois insulaires) et de bassins profonds (plus de 1 000 m). Origine : marge continentale plissée et découpée par des failles. Exemple, large de la Californie méridionale.

2. Les cañons sous-marins (fig. R).
Vallées plus ou moins sinueuses et ramifiées dont le chenal (bordé ou non de levées dans le cours moyen et inférieur) concentre le transit des matériaux sédimentaires vers les cuvettes océaniques.
a) Type « Auge » :

• vallée large (a), en pente faible, versants raides (b) ;

• dépression tectonique dont le remblaiement fut inachevé. Parfois surcreusement glaciaire (bordure des socles arctiques).

b) Type « Nouvelle-Angleterre » :

• tête (a) à la limite d’une plate-forme continentale large (b). Pente longitudinale moyenne. Talweg (c) le plus souvent perpendiculaire au rebord (d) ;

• Localisé sur des failles, peut avoir connu des phases de creusement et de remblaiement complexes.

c) Type « Riviera » :

• tête proche du littoral avec de multiples ravins-affluents (a). Talweg (b) en pente forte et au tracé sinueux. Plate-forme continentale (c) étroite.

• Caractérise les pentes des régions montagneuses (Provence, Corse, Californie).
Partie de vallée continentale immergée par mouvement récent et remodelée par le remblaiement ou l’érosion (courants de turbidité).

d) Type « Gouf » :

• ravin étroit et solitaire dont la tête (a) très proche du littoral capte les sédiments qui y migrent (b). Modèle actif : édification de levées (c).

• Le plus souvent associé à une côte basse (exemple, le « Gouf » du Cap-Breton, forme éponyme). On le trouve à proximité d’un estuaire (ou devant), devant un delta ou dans l’axe d’une baie.