Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

océan (suite)

En effet, la croûte océanique en expansion et la croûte continentale inerte qu’elle repousse devant elle comme un chariot se déplacent solidairement avec le manteau supérieur sur l’asthénosphère, qui, à l’échelle géologique, se comporte comme un fluide entraîné par des mouvements de convection agissant comme des bandes de roulement. Les zones mobiles de la planète (séismes, volcans, orogènes) dessinent à la surface de la lithosphère des ceintures étroites qui ont permis de délimiter des calottes sphériques, ou plaques (fig. 8) se déplaçant les unes par rapport aux autres en pivotant autour d’un pôle de rotation. Selon les auteurs de cette « tectonique de plaques », les radeaux de la lithosphère tendent à s’écarter les uns des autres (extension) par accroissement sur l’emplacement de l’axe des dorsales, tout en se décalant le long des failles de transformation (fig. 9). Sur les autres bords, la plaque arrive en collision avec ses voisines. La compression amène la partie océanique à plonger sous une autre croûte océanique (comme dans le cas de certains arcs insulaires) ou sous une croûte continentale (comme le Pacifique sous l’Amérique andine). Cet engloutissement aboutit à la destruction de la croûte dans l’asthénosphère et se fait selon un plan (dit « de Benioff ») incliné à 45° et en partie responsable de la formation des grandes fosses abyssales. Les principaux reliefs qui dérivent de ces mouvements et des processus morpho-sédimentologiques propres au milieu océanique sont décrits dans les articles consacrés aux divers océans (Atlantique, Indien et Pacifique). Ils sont schématiquement regroupés et expliqués dans le tableau qui accompagne cet article.

Neptune et Mercure

Soumise aux vents, aux courants et aux houles, la circulation maritime (d’abord cabotage, puis traversée transocéanique) fut l’une des plus anciennes utilisations de la mer. Qu’il s’agisse des échanges de produits ou des déplacements de personnes, l’océan demeure le support des grands transports de masse. Pour s’en tenir au trafic des produits, c’est la voie idéale pour les hydrocarbures (plus de la moitié du trafic maritime mondial) et les autres matériaux lourds comme les minerais. Cette suprématie incontestée du commerce par mer est due à son efficacité (gigantisme, automatisme des navires) et à son faible coût. Les routes suivies sont encore diffuses dans l’immense Pacifique, elles restent embryonnaires dans l’océan Indien, sauf dans l’ouest, où elles convergent vers la « route du Cap ». C’est l’Atlantique qui concentre les trois quarts du commerce mondial, pratiqué sur les deux grandes routes maritimes de l’économie actuelle : celle du Cap, définitivement établie depuis 1970, et celle de l’Atlantique Nord. Pour des raisons de sécurité et de rentabilité, cette dernière (v. Atlantique [océan]) est de très loin la mieux équipée, la plus active et la plus surveillée du monde.

J.-R. V.

Le tapis de l’océan

Sur la plus grande partie des fonds, le substratum rocheux est recouvert, lorsque la pente n’est pas trop forte, par des sédiments meubles en équilibre avec les processus de dépôt et de transport actuels. Leur connaissance a rapidement progressé grâce à la multiplication des dragages, des carottages et des profils de réflexion sismique continue (v. océanographie). L’origine des dépôts est triple : les sédiments détritiques proviennent de l’érosion multiforme du matériel continental (ou terrigène) ou volcanique (ou pyroclastique). Ils sont transportés à des distances plus ou moins grandes par les courants, les vents (cas des sables désertiques et des cendres volcaniques) et les glaces flottantes. Les sédiments organiques sont constitués de débris de plantes ou d’animaux. Les sédiments chimiques résultent de la précipitation des substances en excès dans l’eau de mer comme les carbonates ou les sels (évaporites).

Ces trois catégories ne se répartissent pas au hasard. Sur la plate-forme continentale prédominent les sédiments détritiques avec alternance de dépôts grossiers (sables, graviers et galets, qui sont le plus souvent des vestiges d’anciens épandages fluvio-marins pléistocènes) dans les régions où les courants sont vifs, et de vases (sièges d’une intense activité bactérienne) en bordure des estuaires et dans les dépressions abritées. Le sédiment terrigène est complété de façon plus ou moins abondante par des débris coquilliers, phycogènes, coralliens ou micro-organiques.

Sur le fond des grands bassins, on trouve des turbidites (sédiment détritique granoclassé abandonné par les courants de turbidité) et des pélagites (ou boues pélagiques) composées en grande partie de tests planctoniques calcaires (boue à ptéropodes, à globigérines) ou siliceux (boue à diatomées, à radiolaires). Dans les parties les plus profondes, il ne reste des boues que leur partie soluble composée de très fins minéraux argileux : c’est l’argile rouge des grands fonds.

Entre les deux précédents domaines, l’importance des pentes et des apports continentaux fait varier sensiblement la granulométrie et la nature des sédiments, le plus souvent composés de vases diversement colorées. Ce sont les vases bleues (sulfure de fer), rouges (oxyde de fer), vertes (glauconie), blanches (poudre corallienne), grises (débris volcaniques)...

J.-R. V.

De l’océan à la mer

Une mer est un petit bassin océanique situé à proximité d’un continent qui l’enferme plus ou moins. La mer bordière (terme vague) est un plan d’eau situé au voisinage d’un continent ou entre deux continents. La mer ouverte est individualisée par un léger relèvement du fond (la mer Celte) ou des avancées de terre (la mer du Nord) sans être enfermée par un seuil ou un détroit. Les mers fermées sont privées de communication avec le large et le plus souvent considérées comme des lacs* (exemple, la mer Caspienne). Une méditerranée est une mer enfermée en amont d’un seuil ou d’un détroit. Une mer continentale est une méditerranée comprise entre deux masses continentales (exemple, la Méditerranée eurafricaine). La mer marginale est une méditerranée comprise entre un arc insulaire et un continent (exemple, la mer des Antilles). La mer intérieure communique avec l’océan par l’intermédiaire d’une autre mer (exemple, la mer d’Azov).