Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Obrenović (suite)

Un événement imprévu met fin au régime milaniste. Profitant d’une absence de son père, Alexandre annonce son mariage avec Draga Mašin (1866-1903), ex-dame d’honneur de la reine Nathalie, femme de dix ans son aînée et dont le passé prête à critique. Milan, furieux de cette union morganatique, s’éloigne, tandis que la Russie — qui applaudit au mariage (août 1900) — redevient la protectrice officielle des Serbes.

En avril 1901, Alexandre signe une constitution assez libérale qui abaisse le cens électoral et crée un sénat. Mais le jeune roi, de physionomie ingrate, d’allure gauche, au caractère soupçonneux, déçoit son entourage ; d’autre part, le peuple est sensible au fait que la reine Draga s’avère dans l’impossibilité de donner un héritier à la dynastie. Les adversaires des Obrenović — milanistes, austrophiles et autres — entament alors une campagne injurieuse contre la souveraine. Au début de 1902, un agent de la dynastie rivale des Karadjordjević, Radomir Milinković Alavantić, essaie même de soulever une garnison : il est abattu. Ulcéré, humilié par le report perpétuel de son voyage à Saint-Pétersbourg, Alexandre revient à une politique autoritaire ; il forme en novembre 1902 un ministère de gouvernement personnel (avec Dimitrije Cincar-Marković [1849-1903]), avant de dissoudre la Chambre (janv. 1903) et de suspendre la constitution (avr.). La rupture avec le Parti radical est totale quand le roi paraît disposé à désigner comme héritier l’un des frères de la reine. Au lendemain des élections législatives du 1er juin 1903 — marquées par le boycottage des radicaux et de fortes pressions administratives —, une conjuration militaire se trame qui aboutit, le 11 juin au lever du jour, au massacre du roi, de la reine, de ses frères et des principaux ministres.

Ainsi s’éteint la dynastie des Obrenović. L’heure des Karadjordjević a de nouveau sonné.

P. P.

➙ Karadjordjević / Serbie.

 B. S. Cunibert, Essai historique sur les révolutions et l’indépendance de la Serbie depuis 1804 jusqu’à nos jours (Frank, 1855 ; 2 vol.). / C. Mijatović, A Royal Tragedy (Londres, 1906). / M. Gavrilović, le Prince Miloš Obrenović (en serbo-croate, Belgrade, 1908-1912 ; 3 vol.). / S. Jovanović, le Règne d’Alexandre Obrenović (en serbo-croate, Belgrade, 1929-1931 ; 2 vol.).

obsession

Au sens psychiatrique, irruption dans la pensée d’une idée, d’un sentiment, d’une tendance apparaissant au sujet comme un phénomène morbide en désaccord avec son moi conscient, émanant pourtant de son propre psychisme et persistant malgré tous ses efforts pour s’en débarrasser.



Introduction

L’obsession est une idée parasite que désavoue en vain la raison. Elle assiège (lat. obsidere, assiéger) le sujet en compromettant ses relations avec le milieu extérieur. Le sujet la critique et la trouve absurde, mais il ne peut la repousser.

Il est des formes bénignes ou normales d’obsessions favorisées par la fatigue ou une situation particulièrement préoccupante. Il faut d’autre part bien distinguer l’obsession vraie (névrotique) de l’idée délirante obsédante. Ainsi le jaloux délirant peut être obsédé par ses idées de jalousie, mais il ne les critique pas ; il les trouve justifiées et réelles. On connaît enfin des « idées fixes » qui s’imposent à l’esprit de certains individus de manière plus ou moins permanente. Elles n’ont pas alors le caractère parasite absurde ou incongru que prennent toujours les obsessions vraies.

L’obsession, phénomène pathologique non délirant, s’observe essentiellement dans la névrose* obsessionnelle. Cependant, il existe des syndromes obsessionnels au cours de certains états dépressifs, dans certaines formes de schizophrénies ou au cours de troubles organiques cérébraux. Chez l’enfant ou l’adolescent, on peut observer des symptômes obsessionnels passagers qui ne sont pas synonymes de névrose.


La névrose obsessionnelle

Elle peut comporter trois grandes formes d’obsessions qui ont en commun une caractéristique fondamentale : elles surgissent dans la pensée du malade n’importe quand, n’importe où, indépendamment de toute circonstance extérieure.


Les obsessions idéatives

Elles prennent souvent la forme interrogative du doute : doutes métaphysiques, religieux, moraux, « folie du doute », disait-on autrefois, ruminations mentales interminables et incoercibles sur le passé, oscillations intellectuelles incessantes entre affirmation et négation, vrai et faux, pur et impur, etc. Les questions et les réponses se succèdent sans jamais qu’une réponse ne satisfasse la question précédente.

L’arithmomanie (obsession des chiffres et calculs stériles), l’onomatomanie (obsession par un mot plus ou moins réprouvé par la morale) sont très fréquentes. Citons les vaines activités de remémoration, de dénombrement et d’introspection.


Les obsessions phobiques

Ce sont des craintes liées comme les phobies à certains objets (couteaux, épingles, allumettes, clous), mais, à l’inverse des véritables phobies, elles assiègent le malade en dehors de la présence de ces objets. En fait, les obsessions phobiques les plus caractéristiques ont trait à ce qui ne se voit pas ou mal : très petits objets, poussière, microbes, avec les grandes notions de « saleté », de « contagion ». D’où les rites de nettoyage, de lavage, de vérification, les précautions innombrables.


Les obsessions-impulsions

Appelées parfois « phobies d’impulsion », elles ne sont autres que la crainte obsédante d’être poussé à commettre un acte ridicule, nuisible, scandaleux ou obscène, voire dangereux. Ces phénomènes ne sont pas liés à la situation présente. Ils s’imposent à l’esprit avec ou sans circonstances favorisantes. Les tendances, les impulsions obsédantes s’accompagnent d’une lutte anxieuse intense. Le patient résiste toujours, au prix d’efforts considérables et épuisants. Le passage à l’acte est exceptionnel.