Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nuptialité et divortialité (suite)

Les comportements de nuptialité

Ce qui caractérise encore la nuptialité dans les pays de culture non occidentale, y compris dans ceux où le mariage monogamique est la règle, c’est une intensité très élevée, proche de la valeur maximale de 100 p. 100, plus particulièrement chez les femmes ; au contraire, dans les pays européens et anglo-saxons d’outre-mer, actuellement et plus encore avant la révolution démographique du siècle dernier, des proportions de 10 à 20 p. 100 de célibataires définitifs sont courantes ; c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le taux de natalité en Europe, avant la limitation généralisée des naissances, a toujours été moins élevé qu’il ne l’est présentement en pays sous-développé.

Les ruptures d’union (par veuvage ou divorce), en ce qu’elles permettent des remariages, influent sur le niveau d’ensemble de la nuptialité. On peut encore penser que la plus grande facilité avec laquelle le divorce intervient actuellement dans beaucoup de pays est de nature à encourager le mariage, la perspective d’une rupture légale apparaissant comme un correctif possible à des unions malheureuses.

D’un côté, la baisse de la mortalité a entraîné une diminution considérable des veuvages, spécialement aux jeunes âges ; par contre, la tendance à la hausse de la fréquence des divorces est un phénomène assez universel ; dans les pays qui admettent le divorce, la situation est des plus variables : alors que le quart des unions sont ainsi détruites aux États-Unis et près du cinquième dans certains États socialistes de l’Est européen (Hongrie notamment), en France et en Angleterre on compte quelque 10 p. 100 d’unions rompues.

R. P.

➙ Démographie / Mariage / Mortalité / Natalité et fécondité.

Nuremberg

En allem. Nürnberg, v. d’Allemagne fédérale, en Bavière ; 474 000 hab.


Sur la petite rivière Pegnitz, à 300 m d’altitude, Nuremberg ne semble pas jouir d’une situation exceptionnelle. La ville est pourtant devenue un carrefour, sur les voies Venise - Allemagne du Nord (Hanse) - Scandinavie et Rhin - Main - Bohême - Danube et Balkans.


L’histoire de la ville

La grande métropole franconienne a joué un rôle considérable dans l’histoire allemande. Mentionnée pour la première fois vers 1050, elle obtient en 1062 la franchise pour son marché et le droit d’octroi et de monnaie. Dès 1070, la cité est un lieu de pèlerinage célèbre (tombeau de saint Sébald). En 1219, elle devient ville d’Empire, promotion qui est à l’origine de sa prospérité. Pendant trois siècles, elle connaît des difficultés avec les burgraves de la ville, les princes voisins de Hohenzollern*, qui possèdent tout le territoire extra-muros, ce qui provoque des frictions permanentes entre la ville en plein essor et des seigneurs jaloux de leurs droits ; lorsque ceux-ci deviennent Électeurs de Brandebourg, ils cèdent à la ville leur fief avec les droits et revenus y afférant (1427) ; mais, mal interprété, le contrat de vente engendre de nouvelles querelles qui provoquent la guerre des Margraves (1449-1452).

La ville ne cesse de renforcer ses fortifications, qui sont parmi les plus imposantes en Allemagne. Au xve s., la cité annexe de vastes territoires acquis par achats ou conquêtes, notamment à la fin de la guerre de la Succession de Landshut (1505). Désormais, son territoire urbain est le plus vaste de toutes les cités allemandes et lui permet de jouer un rôle appréciable dans la Franconie.

L’apogée se situe entre 1450 et 1550. La ville est protégée par les empereurs, en particulier Maximilien Ier, qui y tiennent de nombreuses diètes et qui y ont déposé depuis 1424 le « trésor impérial ». Aussi la mystique impériale demeure-t-elle très vivante et la cité veille pendant des siècles à ne jamais déplaire à l’empereur. Celui-ci la récompense par l’octroi de nombreux privilèges. La ville est gouvernée par les patriciens formant la large majorité du Petit Conseil qui détient la réalité du pouvoir. Le Grand Conseil (200 membres), où siègent les chefs des corporations, n’est en fait qu’une chambre d’enregistrement. Nuremberg est la seule ville impériale où le patriciat conserve la totalité du pouvoir.

La ville est alors le principal centre manufacturier allemand : travail des métaux (favorisé par les minerais du Haut-Palatinat et de Bohême), du cuir et des textiles, fabrication d’instruments d’astronomie et de géographie, ainsi qu’un artisanat d’art font vivre des milliers d’artisans groupés en associations plus souples que les corporations traditionnelles. Par l’intermédiaire de son patriciat, la ville participe très tôt au financement des entreprises minières dans les environs et dans les pays tchèques ; elle contribue largement à la mise en valeur des ressources des Mittelgebirge de l’Europe centrale. Nuremberg est aussi un des foyers commerciaux les plus importants, situé au carrefour des routes allant d’Italie vers l’Allemagne du Nord et de la France vers la Bohême, la Pologne et la Hongrie. Les grandes dynasties marchandes (Welser, Tucher, Imhof), qui entreposent d’énormes quantités de produits d’Italie et du Levant, étendent leurs relations à une bonne partie de l’Europe. Ces activités économiques ont favorisé l’essor d’une classe moyenne beaucoup plus étoffée que dans la majorité des villes libres et suscité des institutions charitables considérées comme un modèle par les contemporains. Enfin Nuremberg devient un des foyers les plus actifs de la renaissance artistique et culturelle en Europe : ornée de monuments gothiques, elle est une pépinière de poètes (Hans Folz [v. 1450-1515], Hans Sachs [1484-1576]), de savants (l’astronome Regiomontanus [1436-1476], le cosmographe Martin Behaim, l’horloger Peter Henlein [1480-1542]), d’humanistes (Pirkheimer [1470-1530]) et surtout d’artistes (Peter Vischer, Adam Krafft). Dürer, qui a remarquablement assimilé les influences italiennes et néerlandaises, est le symbole de cette prospérité extraordinaire.