Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nouvelle-Zélande (suite)

• Dans l’île du Nord, les roches sédimentaires anciennes ont été, en effet, disloquées en une véritable mosaïque de blocs faillés et de petits fossés tectoniques. Le soulèvement récent a été, dans l’ensemble, moins vigoureux que dans l’île du Sud, et les altitudes sont plus basses. Ici, les restes de surface d’aplanissement ont été souvent conservés, et la morphologie glaciaire ne compte pas. Les plus hauts sommets sont des volcans, la plupart éteints (Egmont), quelquefois encore actifs (Ruapehu [2 797 m], Ngauruhoe). Des éruptions de type péléen ont formé un vaste plateau d’ignimbrite au centre de l’île, et le lac Taupo (618 km2) est dû à des affaissements consécutifs à ces épanchements. Les manifestations volcaniques actuelles sont nombreuses (geysers, fumerolles, lacs d’eau chaude), en particulier autour de Rotorua. Des petits cônes de scories parsèment l’agglomération d’Auckland.

Baignant au milieu de l’océan, la Nouvelle-Zélande a un climat maritime, doux et humide, mais son étirement du nord au sud, sur 1 600 km, et la vigueur du relief créent des contrastes régionaux importants.

• Dans l’île du Sud, les grands vents d’ouest (westerlies) heurtent de plein fouet la chaîne des Alpes : les systèmes nuageux qui accompagnent en particulier les fronts froids des perturbations déversent sur la côte occidentale des précipitations énormes, de 5 à 10 m. La pluie se transforme en neige sur la haute montagne. Les plaines et les bassins de la partie orientale de l’île sont, au contraire, abrités des vents pluvieux ; des vents secs descendant de la montagne, rappelant le fœhn suisse, aggravent encore la sécheresse. Près de la côte, Christchurch reçoit 630 mm de pluies, mais le total pluviométrique des petits bassins de l’Otago descend jusqu’au-dessous de 400 mm.

• Les oppositions sont moins spectaculaires dans l’île du Nord : la plus grande partie de celle-ci reçoit entre 1 000 et 1 500 mm de pluies. Toutefois, la côte orientale (Hawke Bay), abritée des vents d’ouest, est moins arrosée et plus ensoleillée. De plus, les températures du nord de l’archipel sont nettement plus élevées ; la moyenne annuelle d’Auckland atteint 15 °C, alors que celle de Wellington ne dépasse pas 12,2 °C et celle de Dunedin 9,7 °C. Les étés d’Auckland sont relativement chauds (19,6 °C en janvier), alors que, dans l’île du Sud, à Dunedin, qui est pourtant à la latitude de La Rochelle, la moyenne du mois le plus chaud est seulement de 14,4 °C. Cette médiocrité du réchauffement estival s’explique par la température relativement basse des eaux de l’océan Austral, rafraîchies par les glaces du continent antarctique. Mais l’hiver n’est vraiment froid qu’en montagne : à Dunedin, la moyenne de juillet est de 5,3 °C.

À un climat doux et humide de ce type correspond une végétation forestière : il semble qu’effectivement le climax soit partout la forêt, sauf dans les parties les plus sèches situées à l’est des Alpes, où la formation naturelle est la steppe de « tussock », et naturellement dans la haute montagne, où, entre la forêt et les neiges permanentes, on trouve une prairie d’altitude de type alpin. La forêt néo-zélandaise est constituée pour les trois quarts de plantes endémiques ; elle est très différente de celle de l’Australie, puisque l’eucalyptus n’existe pas. Dans les montagnes de l’île du Sud, on trouve cependant des hêtres à feuilles persistantes (Nothofagus) analogues à ceux de Tasmanie ou de Patagonie ; ils constituent dans les parties reculées du « Fjordland » de véritables forêts vierges, où se réfugient d’étranges oiseaux, les notornis et les kiwis (Apteryx). Les autres forêts sont surtout formées de conifères austraux, les rimus, les totaras et, à l’extrémité nord, au climat plus chaud, les kauris ; elles ont été exploitées abusivement, souvent brûlées, d’abord par les Maoris, ensuite par les Européens, et remplacées par des pâturages ou par des landes de broussailles (manuka). L’île du Nord, surtout, est en grande partie déboisée ; depuis quelques décennies, de vastes plantations de pins américains (Pinus radiata) ont été réalisées au centre du pays sur des sols volcaniques, et ces reboisements, qui couvrent aujourd’hui 526 000 ha, permettent à la Nouvelle-Zélande d’exporter du bois ou de la pâte à papier vers l’Australie et le Japon.

A. H. de L.


L’histoire

Les premiers habitants de la Nouvelle-Zélande sont très probablement des Polynésiens — les Maoris. Lorsque le premier Européen, un marin hollandais, Abel Janszoon Tasman (1603-1659), atteint les îles en 1642, les Maoris — quelques milliers d’individus — sont surtout nombreux dans l’île du Nord, au climat plus favorable. Tasman baptise la côte ouest Terre des États mais le nom de Nouvelle-Zélande sera bientôt le seul en usage. En 1769-70, James Cook fait le tour des deux principales îles, démontrant ainsi qu’il ne s’agit pas d’un continent ; les rapports des Britanniques avec les Maoris, d’abord violents, se normalisent peu à peu.

Ce sont ensuite les trafiquants, les évadés des bagnes de Nouvelle-Galles du Sud, les baleiniers, surtout, qui fréquentent les côtes néo-zélandaises, et, tandis que les Maoris se livrent entre eux à de sanglantes guerres tribales, les missionnaires des différentes Églises chrétiennes entreprennent dès 1814 l’évangélisation du pays.

À partir de 1838, la Grande-Bretagne se décide à organiser la colonisation de la Nouvelle-Zélande. D’abord consul (1839), William Hobson devient gouverneur en 1841, à la suite du traité de Waitangi (févr. 1840), par lequel les Maoris lui ont cédé leur souveraineté sur les îles, les colons britanniques leur assurant en contrepartie la protection. D’abord considérée comme une annexe de la Nouvelle-Galles du Sud, la Nouvelle-Zélande est prise en charge par une compagnie dirigée par Edward G. Wakefield (1796-1862) qui organise la colonisation (20 000 colons en quelques années) au détriment des Maoris, dont le domaine est réduit aux terres médiocres du centre de l’île du Nord. L’île du Sud se peuple rapidement ; des villes s’y fondent (Otago en 1848, Canterbury en 1850), tandis qu’Auckland naît dans l’île du Nord (1841).

Cependant, la brutale politique d’expansion pratiquée par Wakefield provoque les guerres maories (1843-1847, 1860-1870), qui affaiblissent considérablement l’économie du pays et déciment les autochtones.