Nouvelles-Hébrides (suite)
Des plantations européennes, presque toutes françaises, se consacrent au cocotier et, subsidiairement, au cacaoyer et au caféier. Pour le travail dans leurs domaines, les colons avaient fait venir une main-d’œuvre asiatique, qui a été presque entièrement rapatriée et remplacée par des autochtones ou des Wallisiens. L’élevage du gros bétail sous les cocotiers fournit une ressource d’appoint appréciable.
Les activités industrielles sont insignifiantes. Depuis 1964, on exploite du manganèse à Forari, dans l’île de Vaté, mais la production (de 60 000 à 70 000 t de minerai par an) est limitée, et les 255 employés sont surtout des Wallisiens. En 1957, les Japonais ont installé à Santo des entrepôts frigorifiques où 8 000 t de thon sont passées en 1969. Quelques scieries préparent le bois destiné à l’exportation (9 500 t en 1969). Mais l’essentiel des ressources est fourni par le coprah (production en 1973 : 21 000 t), dont les deux tiers sont produits par les indigènes. La France est le principal client. Par contre, pour ses achats de produits manufacturés, l’archipel fait surtout appel à l’Australie, beaucoup plus proche. Le commerce se fait par le petit port de Luganville (île Espíritu Santo) et par Port-Vila, dans l’île de Vaté, la seule véritable ville (8 100 hab.) et capitale administrative de l’archipel : c’est là que vivent la plupart des 3 000 Européens.
A. H. de L.
L’histoire
Les Nouvelles-Hébrides furent découvertes par le Portugais Pedro Fernandes de Queirós en 1606 ; croyant avoir trouvé le grand continent austral, ce dernier donna à la plus grande des îles le nom de Terra Austrália del Espírito Santo. L’archipel était alors peuplé de Mélanésiens et de Papous, auxquels se joignirent des Polynésiens venus des îles Samoa et Tonga.
En 1768, le navigateur français Bougainville en y relâchant l’appela Grandes Cyclades, mais il était réservé au capitaine anglais James Cook de lui donner en 1774 son nom définitif de Nouvelles-Hébrides, qui lui fut inspiré par l’aspect tourmenté du relief, comparable à celui des îles Hébrides sur la côte occidentale de l’Écosse.
Au xixe s., les Européens commencent l’exploitation de ces îles, riches surtout en bois de santal et en coprah, mais les indigènes, excédés par les abus auxquels se livrent les marchands et les chasseurs de baleines, se rebellent. Des missionnaires anglais y débarquent dès 1824 et s’emploient difficilement à évangéliser une population qui pratique le cannibalisme. Au milieu du xixe s., des missionnaires français (piepuciens, maristes, capucins) y répandent le catholicisme, et le Saint-Siège y créera en 1904 un vicariat apostolique.
Dans le dernier tiers du siècle, des colons australiens, britanniques et français s’y établissent, et la Grande-Bretagne et la France proclament en 1878 la neutralité des Nouvelles-Hébrides. Pour encourager la colonisation française de l’archipel une Compagnie calédonienne des Nouvelles-Hébrides est fondée en 1882. Trois ans après, le gouvernement français étend sa domination sur quelques îles. Mais les Australiens pressent Londres d’intervenir, et, en octobre 1887, un traité franco-britannique soumet les Nouvelles-Hébrides à la domination conjointe de la France et de la Grande-Bretagne par le truchement d’une commission d’officiers de marine des deux États.
Ce condominium est consolidé par l’accord du 8 avril 1904 dans le cadre de l’Entente cordiale préparée par Paul Cambon et lord Lansdowne, que sanctionne la convention de Londres de 1906. À cette occasion, deux hauts-commissaires résidents remplacent la commission navale dans l’administration de l’archipel. Des droits égaux en matière commerciale sont accordés aux Britanniques et aux Français, et chacun des deux États a la pleine juridiction sur ses ressortissants.
Un autre accord, conclu en 1922, ménage les intérêts des indigènes et réglemente l’embauche de cette main-d’œuvre ; en outre, le commerce de l’alcool et des armes à feu est interdit. Au xxe s., la population autochtone a beaucoup diminué et elle abandonne peu à peu le christianisme pour d’autres croyances, comme celle du « cargo cult ».
P. R.
G. Bourge, les Nouvelles-Hébrides de 1606 à 1906 (Challamel, 1906). / E. Aubert de La Rüe, les Nouvelles-Hébrides (Éd. de l’Arbre, Montréal, 1948). / J. Garanger, Archéologie des Nouvelles-Hébrides (Société des océanistes, 1972). / B. Hermann et J. Bonnemaison, Nouvelles-Hébrides (Hachette, 1975).