Nouvelle-Orléans (La) (suite)
Les musiciens blancs et le dixieland
Parallèlement à l’activité des musiciens noirs et tout au long de l’histoire du jazz, des artistes de race blanche ont contribué à la création, à l’illustration et à l’évolution du style New Orleans. Une controverse a d’ailleurs alimenté la polémique entre ceux qui considèrent que les Blancs ne furent que des imitateurs, dont le succès commercial fut favorisé par leur situation dans la société américaine, et ceux qui les créditent d’avoir été les « inventeurs » de cette forme musicale, les Noirs étant favorisés, eux, par leurs dons d’interprètes. Un fait est certain : les New Orleans Rhythm Kings de Paul Mares, le Louisiana Five et surtout l’Original Dixieland Jass Band (ODJB) de Nick La Rocca (composé de disciples de Papa Jack Laine, également Blanc et célèbre à La Nouvelle-Orléans en même temps que Buddy Bolden) étaient présents dès les débuts connus du jazz (en 1917, à New York, l’ODJB fut le premier orchestre de jazz à bénéficier de l’enregistrement phonographique). De plus, le succès à Chicago, durant les années 20, du style New Orleans détermina beaucoup de vocations parmi la jeunesse blanche (les « chicagoans »), phénomène qui se prolongea à New York. Outre le trompettiste Bix Beiderbecke (né en 1903 à Davenport), qui fut une personnalité originale du jazz blanc, il faut citer Muggsy Spanier, Sharkey Bonano, Jimmy McPartland, Wingy Manone, Red Nichols, Wild Bill Davison et Max Kaminsky (trompettistes), Frank Teschemacher, Frankie Trumbauer, Pee Wee Russell, Bud Freeman, Benny Goodman*, Adrian Rollini, Mezz Mezzrow et Jimmy Dorsey (clarinettistes et saxophonistes), Jack Teagarden, George Brunies et Miff Mole (trombones), Eddie Condon et Eddie Lang (guitares), Joe Sullivan (piano), Dave Tough, George Wettling et Gene Krupa (batteurs). Cette école de musiciens s’exprimait dans un langage directement inspiré par la tradition néo-orléanaise, mais, attirés par des raffinements techniques et le désir d’évoluer, nombre de ces solistes furent séduits par les grands orchestres durant les années 30. Si celui de Bob Crosby (avec Ray Bauduc à la batterie) resta fidèle à un « son » proche du « New Orleans », ceux des frères Dorsey et surtout de Benny Goodman, en revanche entraînèrent le jazz dans d’autres directions. Cependant, le Revival, à partir de 1940, attira un grand nombre de musiciens blancs aux États-Unis comme en Europe, mais il ne fut plus alors question de création, la fidélité au passé devenant le critère majeur.
F. T.
R. Goffin, la Nouvelle Orléans, capitale du jazz (Éd. de la Maison fr., New York, 1948). / S. B. Charters, Jazz : New Orleans, 1885-1963 (New York, 1963). / A. Rose et E. Souchon, New Orleans Jazz : Family Album (Baton Rouge, La., 1967).