Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nouvelle-Orléans (La) (suite)

Les musiciens blancs et le dixieland

Parallèlement à l’activité des musiciens noirs et tout au long de l’histoire du jazz, des artistes de race blanche ont contribué à la création, à l’illustration et à l’évolution du style New Orleans. Une controverse a d’ailleurs alimenté la polémique entre ceux qui considèrent que les Blancs ne furent que des imitateurs, dont le succès commercial fut favorisé par leur situation dans la société américaine, et ceux qui les créditent d’avoir été les « inventeurs » de cette forme musicale, les Noirs étant favorisés, eux, par leurs dons d’interprètes. Un fait est certain : les New Orleans Rhythm Kings de Paul Mares, le Louisiana Five et surtout l’Original Dixieland Jass Band (ODJB) de Nick La Rocca (composé de disciples de Papa Jack Laine, également Blanc et célèbre à La Nouvelle-Orléans en même temps que Buddy Bolden) étaient présents dès les débuts connus du jazz (en 1917, à New York, l’ODJB fut le premier orchestre de jazz à bénéficier de l’enregistrement phonographique). De plus, le succès à Chicago, durant les années 20, du style New Orleans détermina beaucoup de vocations parmi la jeunesse blanche (les « chicagoans »), phénomène qui se prolongea à New York. Outre le trompettiste Bix Beiderbecke (né en 1903 à Davenport), qui fut une personnalité originale du jazz blanc, il faut citer Muggsy Spanier, Sharkey Bonano, Jimmy McPartland, Wingy Manone, Red Nichols, Wild Bill Davison et Max Kaminsky (trompettistes), Frank Teschemacher, Frankie Trumbauer, Pee Wee Russell, Bud Freeman, Benny Goodman*, Adrian Rollini, Mezz Mezzrow et Jimmy Dorsey (clarinettistes et saxophonistes), Jack Teagarden, George Brunies et Miff Mole (trombones), Eddie Condon et Eddie Lang (guitares), Joe Sullivan (piano), Dave Tough, George Wettling et Gene Krupa (batteurs). Cette école de musiciens s’exprimait dans un langage directement inspiré par la tradition néo-orléanaise, mais, attirés par des raffinements techniques et le désir d’évoluer, nombre de ces solistes furent séduits par les grands orchestres durant les années 30. Si celui de Bob Crosby (avec Ray Bauduc à la batterie) resta fidèle à un « son » proche du « New Orleans », ceux des frères Dorsey et surtout de Benny Goodman, en revanche entraînèrent le jazz dans d’autres directions. Cependant, le Revival, à partir de 1940, attira un grand nombre de musiciens blancs aux États-Unis comme en Europe, mais il ne fut plus alors question de création, la fidélité au passé devenant le critère majeur.

F. T.

 R. Goffin, la Nouvelle Orléans, capitale du jazz (Éd. de la Maison fr., New York, 1948). / S. B. Charters, Jazz : New Orleans, 1885-1963 (New York, 1963). / A. Rose et E. Souchon, New Orleans Jazz : Family Album (Baton Rouge, La., 1967).

Nouvelles-Hébrides

En angl. New Hebrides, archipel de l’Océanie.
Situé entre 13° et 20° de lat. S., et entre 166° et 170° de long. E., les Nouvelles-Hébrides sont administrées en condominium par la France et la Grande-Bretagne. Le commissaire résident français est placé sous l’autorité du haut-commissaire de la République dans l’océan Pacifique (Nouméa) ; le commissaire résident britannique dépend du haut-commissaire de l’Ouest pacifique, installé aux îles Salomon.



La géographie

L’archipel couvre près de 15 000 km2 et comporte une soixantaine d’îles groupées en quatre ensembles. Au nord, les îles Torres et les îles de Banks n’ont qu’une faible importance. Le groupe septentrional des Nouvelles-Hébrides proprement dites comprend en particulier Espíritu Santo (3 900 km2), Mallicolo (2 540 km2), Pentecôte, Ambrym, Epi et Vaté (915 km2). Le groupe méridional est formé d’Erromango, ou Erromanga (970 km2), de Tanna et d’Anatom. Ces îles sont, dans l’ensemble, alignées du nord au sud, le long de deux axes structuraux.

Le relief est très montagneux, et l’histoire géologique est complexe. Les épanchements volcaniques, les accumulations détritiques et les calcaires récifaux se sont succédé à plusieurs reprises. Des mouvements du sol ont soulevé des blocs failles en gradins étages, et d’anciens récifs ont été portés à plusieurs centaines de mètres d’altitude. Le volcanisme récent joue un rôle très important, et certains volcans de Lopevi, d’Ambrym et de Tanna sont encore actifs.

Le climat est, dans l’ensemble, moins agréable qu’en Nouvelle-Calédonie. Les températures moyennes sont élevées (23 °C à Santo), l’amplitude annuelle est faible (3 à 4 °C), et l’humidité, pénible, est accompagnée de précipitations abondantes. La malaria, inconnue en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, est ici assez virulente. Cependant, des nuances doivent être apportées.

Les îles les plus méridionales, à partir de Vaté, ont un climat moins chaud et plus sec de juillet à septembre que celui des îles septentrionales, où la forêt dense reste très étendue. Dans le groupe méridional, la forêt claire de kauris a été souvent remplacée par une brousse où le lantana est très envahissant. L’opposition entre les versants au vent, à l’est, et les versants sous le vent, à l’ouest, est souvent bien marquée. L’irrégularité des précipitations est importante : les sécheresses, assez longues, sont aggravées par la grande perméabilité des sols calcaires et volcaniques. Inversement, de redoutables cyclones ravagent périodiquement l’archipel.

En 1973, la population était évaluée à 90 000 personnes. Elle augmente rapidement. Si la mortalité reste encore élevée (20 p. 1 000), la natalité est très forte (45 p. 1 000) : le croît naturel atteint donc 2,5 p. 100 par an. Mais la densité reste encore faible : 6 habitants au kilomètre carré. Les indigènes sont des Mélanésiens appartenant à plusieurs groupes différents.

À l’intérieur des îles montagneuses vivent encore des populations primitives qui continuent à pratiquer leurs cultures traditionnelles des tubercules (taros, ignames), parfois des bananiers ou des arbres à pain. Les porcs, en particulier les célèbres cochons à dents recourbées, sont élevés davantage pour des raisons de prestige social que pour leur utilité alimentaire. À ces populations de l’intérieur (bushmen) s’opposent de plus en plus celles de la côte, beaucoup plus évoluées et le plus souvent christianisées : les salt water men entretiennent des cultures commerciales, généralement des cocoteraies pour le coprah, font un peu de pêche, d’élevage des bovins et s’alimentent en majeure partie de denrées importées.