Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nouvelle-Guinée (suite)

Le milieu

Le « Vogelkop » (extrémité occidentale) de l’Irian mis à part, la disposition d’ensemble du relief est relativement simple. On peut distinguer plusieurs grandes régions.

Les vastes plaines du Sud sont des plaines alluviales où les fleuves, en particulier le Fly et le Digoel, décrivent d’innombrables méandres et se terminent par de grands estuaires. La côte est bordée de mangroves. Au sud, le plateau d’Oromo est une basse plate-forme de calcaires trouée de dolines.

La chaîne centrale forme une énorme masse montagneuse de quelque 2 000 km de long. En Irian, de puissantes crêtes calcaires dominent le piémont méridional et s’élèvent jusqu’à plus de 5 000 m. Vers l’est, en Nouvelle-Guinée australienne, la montagne s’élargit, et les plus hauts massifs sont précédés au sud par plusieurs alignements montagneux. De puissants horsts (mont Wilhelm, 4 600 m) séparent des fossés tectoniques qui forment des hautes plaines vers 1 500 m d’altitude. Les mouvements tectoniques essentiels sont très récents, pliocènes et quaternaires. Le volcanisme a été intense, en particulier près de la frontière de l’Irian (mont Giluwe, 4 300 m) et dans la péninsule orientale (monts Owen Stanley, où certains volcans sont encore actifs [mont Lamington]).

La chaîne centrale est bordée au nord par une immense dépression qui s’allonge sur 1 200 km et qui comporte en Irian la plaine des Lacs et en Nouvelle-Guinée australienne la plaine du Sepik et le sillon Ramu-Markham. Ce long fossé tectonique a été rempli de sédiments récents ; les lacs et les marécages sont encore étendus.

La chaîne du Nord est moins élevée que la chaîne centrale : elle dépasse à peine 2 000 m en Irian occidental, mais, dans la presqu’île d’Huon, elle atteint 4 000 m. Là encore, les mouvements du sol sont très récents, puisque des terrasses coralliennes quaternaires s’étagent jusqu’à plus de 600 m d’altitude. À l’est, ces montagnes bordent directement la mer, sauf à l’embouchure du Sepik ; en Irian se développent quelques plaines littorales.

Au nord de la Nouvelle-Guinée australienne, l’existence d’un arc volcanique est soulignée par la présence de plusieurs îles formées par des volcans actifs. Cet arc se prolonge par la Nouvelle-Bretagne (six volcans actifs sur la côte nord, les terrains sédimentaires soulevés occupant le reste de l’île) ; il s’incurve ensuite vers le nord-ouest et l’ouest pour constituer la Nouvelle-Irlande, le Nouveau-Hanovre et les îles de l’Amirauté, et pour encercler la mer de Bismarck, lin nouvel arc volcanique, au nord-est, est souligné par les îles de Buka et de Bougainville, et se poursuit vers le sud-est dans les îles Salomon.

La Nouvelle-Guinée est située en pleine zone équatoriale. Mais le relief provoque un remarquable étagement des climats et des formations végétales.

Toutes les régions basses sont caractérisées par la constance des températures. Sur la côte nord, l’amplitude ne dépasse guère 1 °C (de 26,5 à 25,5 °C) ; sur la côte sud, elle atteint 3 °C (de 27,5 à 24,5 °C), probablement par suite de la proximité du continent australien. Lorsque l’altitude augmente, les températures moyennes s’abaissent, mais l’amplitude annuelle reste faible. C’est l’oscillation diurne qui s’accroît : les nuits deviennent plus reposantes. On note souvent des températures nocturnes inférieures à 15 °C vers 1 500 m et à 10 °C vers 2 000 m. Au-dessus de 3 000 m, le climat devient franchement froid : les gelées nocturnes sont de plus en plus fréquentes ; les tempêtes de neige et de grêle sont courantes au-dessus de 4 000 m. La limite des neiges permanentes est située à environ 4 700 m, et les plus hauts sommets de l’Irian sont coiffés de névés et de petits glaciers.

La Nouvelle-Guinée est, dans l’ensemble, très arrosée : d’immenses régions reçoivent entre 2 et 4 m d’eau par an, et il tombe 5 ou 6 m d’eau au moins sur les montagnes bien exposées (presqu’île d’Huon, Bougainville, sud de la Nouvelle-Bretagne). Au contraire, certaines régions abritées ont une saison sèche marquée, et Port Moresby est peu arrosé pour sa latitude (900 mm). De même, certaines hautes plaines de l’intérieur reçoivent surtout des averses locales d’après midi.

Dans ces zones relativement sèches, la végétation est une savane plus ou moins arborée et souvent parcourue par les feux de brousse. Mais, dans l’ensemble, la Nouvelle-Guinée est couverte pour plus de 70 p. 100 d’immenses forêts : mangrove avec des palétuviers en bordure de la mer, forêt amphibie dans les plaines marécageuses, forêt équatoriale typique (rain forest) sur la terre ferme et les basses pentes, puis forêt de montagne avec, entre 800 et 2 100 m, de magnifiques boisements de conifères austraux, de hêtres à feuilles persistantes ou de chênes castanopsis accompagnés de fougères arborescentes. La forêt se dégrade ensuite vers 3 000 m dans la zone qui baigne perpétuellement dans les nuages ; la limite supérieure des arbres est généralement comprise entre 3 200 et 3 800 m. Au-dessus s’étendent des landes de rhododendrons, des prairies alpines et des marais tourbeux, de plus en plus pauvres en allant vers la limite des neiges éternelles.

La flore est riche (10 000 espèces environ appartenant à 1 350 genres) et originale. L’endémisme des espèces est considérable. Certains arbres essentiels ont une origine méridionale (araucarias, nothofagus), tandis que d’autres genres sont originaires d’Asie du Sud-Est (rhododendrons, chênes). La faune est assez proche de celle de l’Australie : les oiseaux sont magnifiques (oiseaux de paradis, cacatoès, casoars) ; les marsupiaux (wallabies) et les serpents sont nombreux, alors qu’il n’y a pas de gros mammifères.

A. H. de L.


L’histoire

Le premier Européen à reconnaître l’île fut le Portugais António de Abreu en 1511, mais la véritable découverte est généralement attribuée au navigateur portugais Jorge de Meneses, qui, en 1527, débarqua sur la côte septentrionale.