Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Norvège (suite)

 H. Koht, les Luttes des paysans en Norvège du xvie au xixe siècle (en norvégien, Oslo, 1926 ; trad. tr., Payot, 1930). / O. A. Johnsen, Norwegische Wirtschaftsgeschichte (Iéna, 1939). / K. Larsen, A History of Norway (Princeton, 1948). / L. Musset, les Peuples scandinaves au Moyen Âge (P. U. F., 1951). / P. Jeannin, Histoire des pays scandinaves (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1956 ; 2e éd., 1965). / M. Gerhardt, Norwegische Geschichte (Hambourg, 1942 ; 2e éd., Bonn, 1963).


La population

Elle dépasse 4 000 000 d’habitants. La faiblesse numérique se traduit par celle de la densité.

Au cours du xixe s., par suite surtout des progrès de l’hygiène, la population a augmenté de 150 p. 100, passant de 883 000 habitants en 1801 à 2 240 000 en 1900, mais, entre 1840 et 1900, 700 000 Norvégiens environ ont émigré, principalement vers les États-Unis. Au début du xxe s., malgré une très nette industrialisation dans la région d’Oslo, la Norvège était encore dans sa majorité un pays de pêcheurs, de paysans et d’artisans. Depuis l’indépendance (1905), la population urbaine a doublé, tandis que celle des campagnes n’a augmenté que de moitié. L’émigration a pratiquement disparu depuis 1910. La structure économique de la population enregistrait des modifications profondes. Alors que 75 p. 100 de la population relevaient en 1840 du secteur primaire (pêche, agriculture, mines et forêts), la proportion n’était plus pour ce secteur que de 44,3 p. 100 en 1900 et de 15 p. 100 en 1975. Les industries ne groupant en 1900 que 10 p. 100 de la population active en employaient 35 p. 100 en 1975. C’est le secteur tertiaire qui a enregistré la plus forte augmentation, passant de 15 p. 100 en 1840 à 29,9 p. 100 en 1900 et à 50 p. 100 en 1975.

Environ 75 p. 100 de la population vivent sur une étroite frange côtière, le peuplement de l’intérieur du pays étant limité à quelques grandes vallées ou fonds de fjord. Les hauts fjells, représentant près des deux tiers du territoire, sont déserts. Les régions du Sud sont les plus peuplées avec 80 p. 100 de la population contre 9 p. 100 au Trøndelag et 11 p. 100 pour le Nord-Norge, situé presque entièrement au nord du cercle polaire.

De grands changements se manifestent dans la distribution spatiale de la population. On assiste au développement d’une importante région urbaine autour d’Oslo, dépassant 800 000 habitants (plus du cinquième de la population nationale). Cette agglomération occupe le cœur de l’Østlandet, qui, dans un rayon de 150 km autour de la capitale, groupe 50 p. 100 de la population norvégienne, assurant 60 p. 100 des activités commerciales nationales, 47 p. 100 de la valeur de la production industrielle et 53 p. 100 du trafic maritime. Les autres régions progressent moins, à l’exception du Nord, où l’amélioration des moyens de transport, l’implantation d’usines ainsi que les efforts gouvernementaux de reconstruction et de subvention à la pêche et l’agriculture ont maintenu sur place une population dont l’excédent n’aurait pas trouvé à s’employer dans le Sud.

Oslo, Bergen, Trondheim, Stavanger-Sandnes et Fredrikstad-Sarpsborg constituent les principales agglomérations urbaines et industrielles de la Norvège, dont elles regroupent déjà plus de la moitié de la population.


L’économie


L’agriculture

Seulement 3,2 p. 100 de la superficie sont cultivables. Si les besoins nationaux sont couverts pour les produits de l’élevage et les pommes de terre, l’agriculture est déficitaire pour les fruits et légumes et surtout le blé. Environ 300 000 t de blé (plus de 90 p. 100 de la consommation nationale) sont importées annuellement. Le climat maritime et frais cantonne la culture du blé et du seigle à d’étroits périmètres dans le sud du pays. Les principales régions agricoles sont le Trøndelag, les archipels du Møre et du Vestlandet, le Jaeren autour de Stavanger et l’Østlandet (50 p. 100 des exploitations du pays, favorisé par des étés plus chauds et stimulé par la présence d’Oslo).

La plus grande part de la superficie agricole est encore constituée par des prairies de fauche (50 p. 100) et des prairies naturelles (15 p. 100), tandis que les cultures de céréales n’en occupent que 28,8 p. 100 et celles de la pomme de terre 5,7 p. 100. L’orge occupe 82 p. 100 de la superficie mise en céréales.

L’élevage des bovins et les produits laitiers représentent environ 75 p. 100 des revenus agricoles. Les moutons paissent l’été dans les montagnes du Sud-Ouest, où subsistent encore certaines formes de transhumance grâce à une durée moyenne d’estivage d’environ 170 jours. Un troupeau de 45 000 chèvres, répandues dans les vallées et fjords, assure la production du lait pour la fabrication de fromages. Au Nord-Norge, environ 25 p. 100 des Lapons continuent à pratiquer l’élevage extensif des rennes ; le nomadisme y est en régression. Dans le Vestlandet et le Trøndelag, près de 4 000 fermes pratiquent l’élevage des animaux à fourrures (env. 200 000 bêtes par an, principalement des renards bleus et des visons). Sous la pression du marché intérieur, les cultures (grains, pommes de terre, légumes et fruits) progressent.

La structure de l’agriculture est caractérisée par la petite exploitation familiale. La superficie moyenne des exploitations (en ne tenant compte que de celles de plus de 0,5 ha) est de 5 ha. Près de 60 p. 100 des exploitations, représentant près de 30 p. 100 de la surface exploitée, sont comprises entre 1 et 5 ha. Ces exploitations de petites dimensions ne sont viables qu’avec une main-d’œuvre familiale. La pêche, le bâtiment, l’industrie et surtout la forêt apportent des ressources supplémentaires aux cultivateurs. Les trois quarts des exploitations de plus de 2 ha possèdent un bois. La grande majorité des paysans adhèrent à des coopératives qui possèdent laiteries, abattoirs et assurent, grâce à leur important réseau de distribution de détail, environ 70 p. 100 de la commercialisation des produits. Les coopératives d’achat groupant plus de 50 p. 100 des exploitants ont fortement contribué à l’accélération de la mécanisation. Le nombre des tracteurs dépassait 100 000 en 1970.