Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Norvège

En norv. Norge, État de l’Europe du Nord. Capit. Oslo*.


Le milieu


La situation

C’est un pays au relief montagneux et cloisonné, démesurément étiré du nord au sud, tout au long de la chaîne des Scandes, qui forme une grande partie de la frontière avec la Suède. Les deux tiers du territoire sont élevés et stériles, soumis à un climat rude. La population, rejetée vers les côtes aux climats tempérés, vit largement de la mer, dont la Norvège tire l’essentiel de ses ressources. Possédant une des plus importantes flottes marchandes du monde, la Norvège est le principal producteur de poisson d’Europe. Le commerce avec l’étranger se fait surtout par la voie maritime. C’est du fond de la mer du Nord qu’elle tire maintenant le pétrole et le gaz naturel, tandis qu’elle exporte par navires les pâtes cellulosiques et le papier obtenus à partir de ses forêts et l’aluminium produit grâce à ses abondantes ressources hydro-électriques. Le Sud, jouissant de conditions naturelles favorables, est la région la plus peuplée et la plus industrialisée. Territoire des Lapons (qui ne sont plus que 10 000 et élèvent encore des rennes), le Nord-Norge (qui comprend les trois provinces septentrionales du Nordland, du Troms et du Finnmark) n’a pour l’instant d’autres activités importantes que la pêche, les industries qui en dérivent et l’exploitation des mines de fer. La population y manque de capitaux et d’emplois malgré un effort récent d’industrialisation (complexe sidérurgique de Mo i Rana et usines de filets de poisson surgelés).

Le territoire norvégien comprend aussi, avec l’île de Jan Mayen et celle de Bjørnøya (île aux Ours ou île Bear), l’archipel du Svalbard (62 050 km2), situé à la limite de l’océan Arctique entre 76° et 85° de lat. N. et entre 10° et 30° de long. E. Découvert par les Norvégiens en 1194, il fut officiellement reconnu à la Norvège par le traité de Paris en 1920. L’U. R. S. S. possède le droit d’y exploiter des mines de charbon. La population totale est d’environ 4 000 habitants dont 1 700 Norvégiens. L’île principale, Vestspitsbergen (Spitzberg occidental), en grande partie recouverte par les glaciers, est entourée pendant plus de six mois par la banquise.


Le relief et l’hydrographie

Étirée du nord au sud sur 13° de latitude, la Norvège est le pays le plus long d’Europe. Du cap Nord à Lindesnes à l’extrême sud, la distance à vol d’oiseau est de 1 750 km. Par contre, de l’est à l’ouest les distances sont plus modestes, allant de quelques kilomètres, près de Narvik au nord, à 430 km au maximum dans le sud. La configuration du territoire montre une région méridionale assez vaste et massive, s’opposant au Nord interminable et étroit.

Le relief isole la Norvège vers l’est. Des plateaux élevés et des montagnes désertes difficilement parcourus en été, enneigés ou englacés l’hiver la séparent de la Suède. Seuls les bas pays autour d’Oslo et la dépression qui coupe les Scandes de Trondheim à Östersund (Suède) permettent des communications relativement faciles avec la Suède. Au nord, la voie ferrée Narvik-Kiruna assure toute l’année, malgré bien des difficultés, l’évacuation du minerai de fer suédois. Un relief tourmenté accroît encore les difficultés de circulation et de mise en valeur du pays. La rareté des plaines littorales rend très difficile l’établissement de liaisons terrestres côtières continues, alors qu’une grande part de la population vit sur la côte.

La Norvège est baignée par la mer sur environ 2 650 km, mais le développement de la ligne de rivage dépasse 20 000 km. La mer, libre des glaces toute l’année, pénètre partout profondément au cœur du pays par les fjords aux multiples ramifications. Les plus importants sont le Sognefjord, l’Hardangerfjord, le Trondheimsfjord. Offrant de remarquables abris en eau profonde et calme, ils sont souvent assez larges pour permettre les évolutions de gros navires, mais les installations portuaires industrielles y manquent parfois de terrains plats disponibles.

Le littoral est bordé par plus de 150 000 îles, dont 2 000 sont habitées. Les principaux archipels sont ceux des Vesterålen et des Lofoten au nord-ouest. Une poussière d’îles et d’écueils formant le Skärgård repose sur un plateau continental, le Strandflat, qui s’étend parfois jusqu’à 300 km au large. Le contact des eaux nord-atlantiques tièdes, des eaux polaires froides et des eaux continentales y a favorisé le développement du plancton et entraîné l’abondance du poisson.

Pays à la fois maritime et montagneux, la Norvège possède une topographie accidentée, un relief compartimenté, élevé, axé sur une longue chaîne de montagnes : les Scandes, qui s’étire du N.-N.-E. au S.-S.-O. Presque tout le territoire se trouve à plus de 500 m d’altitude, à l’exception de la frange côtière, des plateaux du nord du Finnmark, des dépressions montueuses de Trondheim et d’Oslo, dont les hautes collines bordent les vastes fjords aux rives basses.

La chaîne des Scandes est formée par une suite de hauts plateaux culminant très souvent au-dessus de 1 000 m d’altitude. De fortes pentes, quand ce ne sont pas de raides parois, les limitent vers l’aval, au-dessus des vallées et des fjords qui les entaillent sans les disséquer. Ce sont les fjells à la topographie bosselée malgré l’aplanissement et le rabotage par les glaciers, qui ont poli et strié les roches nues qui affleurent et moutonnent sur de grandes étendues. Une multitude de lacs parsèment les fjells. Au-dessus se dressent des reliefs résiduels, anciens nunataks qui perçaient la calotte de glace, aux formes souvent émoussées. Certains dépassent 2 000 m, forment de hautes montagnes comme le Glittertind (2 468 m), au nord-ouest d’Oslo (point culminant de la Scandinavie).

Massive au sud, la chaîne des Scandes est étroite au nord du cercle polaire avec le massif de Sulitjelma et le grand glacier du Svartisen (glacier de plateau de 450 km2). Un vaste ensellement à la hauteur du fjord de Trondheim facilite les relations avec Stockholm par le seuil de Storlien (moins de 1 000 m). La partie sud de la chaîne est formée par un ensemble de hauts fjells, groupés en quatre massifs : l’Hardangervidda, le Langfjellene, le Jotunheim et le Dovrefjell. Plusieurs glaciers subsistent encore sur ces hauteurs : glaciers de plateau comme le Folgefonna, le Hardanger, le Jostedalsbreen ; glaciers de vallées et glaciers de cirques, de petites dimensions dans le Jotunheim.