Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Normandie (bataille de) (suite)

11 juin - 25 juillet, l’élargissement de la tête de pont

Les premières réactions allemandes affectent le secteur est du front, où 700 chars interdisent aux Britanniques la conquête de Caen. Pour la Ire armée américaine de Bradley, qui se heurte toujours à une résistance opiniâtre dans le secteur de Montebourg, il s’agit d’atteindre au plus vite le port de Cherbourg en isolant la presqu’île du Cotentin. Saint-Sauveur-le-Vicomte, puis Barneville et la côte ouest sont atteints les 16 et 17, Montebourg le 19, Valognes le 20. Le 26, après cinq jours de bombardements terrestres, navals et aériens, les forces allemandes de Cherbourg (45 000 hommes) capitulent après avoir détruit toutes les installations portuaires. Faisant alors face au sud, Bradley s’empare le 8 juillet de La Haye-du-Puits, tandis qu’une puissante offensive de Dempsey libère enfin Caen en ruine le 9 juillet. La tête de pont est maintenant solidement constituée sur un front continu qui va de Caen à Lessay, mais Saint-Lô n’est libéré que le 18 juillet. Ce front de 140 km offre aux Alliés des arrières suffisamment profonds pour réaliser la mise en place, entre le 10 et le 25 juillet, d’un dispositif d’attaque, aisément alimenté par le million d’hommes et les 200 000 véhicules qu’Eisenhower a fait débarquer depuis le 6 juin. Entre l’île de Wight et Cherbourg, un pipe-line de 112 km est immergé, qui débite bientôt plus de 1 000 m3 de carburant par jour. Le 4 juillet, von Rundstedt a été remplacé par von Kluge, mais ce dernier ne dispose plus maintenant que de 35 divisions, d’inégale valeur et qui sont quasi totalement dépourvues de soutien aérien.


25 juillet - 15 septembre la rupture du front allemand

Après une puissante préparation aérienne, la Ire armée américaine passe à l’offensive le 25 juillet. Alors que les Britanniques ne peuvent déboucher de Caen, les Américains s’emparent de Coutances le 28, de Granville le 30 et d’Avranches le 31, ouvrant ainsi une brèche dans le dispositif allemand. La IIIe armée américaine du général Patton*, jusque-là maintenue en réserve et dans les rangs de laquelle combat à partir du 1er août la 2e division blindée française de Leclerc*, s’y engouffre aussitôt. Le 2 août, 4 divisions blindées déferlent vers le sud, libérant Dinan le 3, Rennes le 5, Laval le 6, Vannes le 7 et Le Mans le 9. Le 10, Leclerc est à Alençon, et les Américains à Chartres. Le point faible de cette avance foudroyante réside toutefois dans l’étroitesse de la brèche (30 km) ouverte entre Avranches et Mortain dans le dispositif allemand. Cette situation n’échappe pas à von Kluge, qui déclenche le 6 août avec 5 divisions une puissante contre-offensive sur Vire et sur Mortain, que les Allemands réussissent à reprendre le 7 août. Mais, débordé sur ses arrières et écrasé par les bombardements aériens alliés, von Kluge doit donner le 13 août l’ordre de retraite générale. Entre-temps, les Britanniques réussissent à déboucher de Caen sur Thury-Harcourt. Les Canadiens du général Henry Crerar (1888-1965) s’emparent de Falaise le 17 août et font le 21 leur jonction avec les forces de la IIIe armée Patton à Chambois, réalisant ainsi l’encerclement, puis l’anéantissement de la VIIe armée allemande.

En Bretagne, les troupes allemandes, au nombre de 75 000 hommes, s’étaient regroupées autour des principaux ports de Saint-Malo, Brest, Lorient et Saint-Nazaire, dont elles organisèrent la défense. Après de rudes combats, Saint-Malo fut libéré le 14 août, mais il fallut mettre le siège devant Brest, qui ne tomba aux mains des Américains que le 18 septembre.

L’acte capital de la bataille était terminé, et la poursuite vers la Seine commençait aussitôt. Au nord, les Canadiens, lancés le long de la côte, libèrent Abbeville le 2 septembre. Les Britanniques, débouchant de la région de Rouen, atteignent Lille et Bruxelles le 3, Anvers le 4. Au sud, Patton occupe Orléans le 17 août, Fontainebleau le 21, Troyes le 25 ; son 12e corps franchit la Meuse aux ponts de Commercy et de Saint-Mihiel, et le 15 septembre atteint Nancy. Trois jours plus tôt, à sa droite, la 2e division blindée du général Leclerc opérait à Sombernon (12 km à l’ouest de Dijon), puis à Châtillon-sur-Seine sa jonction avec les unités de la Ire armée française du général de Lattre* débarquées en Provence le 15 août. Entre-temps, Paris s’était soulevé, et, les 24 et 25 août, les blindés du général Leclerc libéraient la capitale (v. Paris [libération de]). La bataille de Normandie était cette fois terminée, et les Alliés, toutes forces réunies, pouvaient s’élancer vers les frontières du Reich. Du 6 juin à la fin du mois d’août, le quartier général des forces expéditionnaires alliées (ou SHAEF) avait fait débarquer en Normandie plus de deux millions d’hommes (1,2 million d’Américains et 0,8 million de Britanniques), 438 000 véhicules et 3 100 000 tonnes de matériel.

P. A. V. et P. D.

➙ Guerre mondiale (Seconde).

 D. Eisenhower, Report by the Supreme Commander to the Combined Chiefs of Staff on the Operations in Europe of the Allied Expeditionary Force (Londres et Washington, 1946 ; trad. fr. les Opérations en Europe des forces expéditionnaires alliées, 6 juin 1944 au 8 mai 1945, Charles-Lavauzelle, 1946). / E. Rommel, Krieg ohne Hass (Heidenheim, 1950 ; trad. fr. la Guerre sans haine, Amiot-Dumont, 1952). / G. Blond, le Débarquement, 6 juin 1944 (Fayard, 1951 ; nouv. éd., Presses de la Cité, 1972). / A. G. Lemonnier, les Cent Jours de Normandie (France-Empire, 1961). / J. Mordal, la Bataille de France (Arthaud, 1964). / le Débarquement en Normandie, 6 juin 1944 (Hachette, 1964).

norme dans un espace vectoriel sur ℝ

Application f d’un espace vectoriel E sur l’ensemble des nombres réels ℝ dans l’ensemble des nombres réels positifs ou nuls ℝ+, satisfaisant aux axiomes suivants :

Une semi-norme est une application définie par les seuls axiomes (1) et (2).