Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nordeste (suite)

Une part importante de la population rurale de plus de six ans est analphabète, et le taux de mortalité infantile demeure élevé. La misère est d’abord le résultat de la structure traditionnelle de la production ; il ne s’y ajoute qu’un facteur supplémentaire et épisodique dans l’intérieur, quand une sécheresse particulièrement accentuée provoque l’émigration du prolétariat rural déjà très misérable.


Les villes

Les trois grandes villes sont des ports créés initialement pour servir de lien entre la colonie et la métropole portugaise : Salvador et Recife dépassent maintenant le million d’habitants, seuil dont Fortaleza approche. Elles concentrent l’essentiel des activités du tertiaire supérieur, maisons de commerce, banques, services de santé, universités. Grâce à un effort récent du gouvernement, elles connaissent actuellement un certain développement industriel, qui tente de résoudre le problème du sous-emploi. Pourtant, leur potentiel de production, non négligeable, semble presque dérisoire au regard de l’ensemble de l’économie et de la population de la région. En effet, la misère et la pression démographique de l’intérieur provoquent de grandes migrations vers ces villes, et une accumulation de gens pauvres qui dépasse de beaucoup les possibilités d’emplois du milieu urbain. Aussi les « bidonvilles » se multiplient-ils et portent-ils des noms significatifs : « invasões » à Salvador, « mocambos » à Recife. Dans cette dernière ville, approximativement le tiers de la population active n’a pas d’emploi permanent. En dehors de ces trois cités, le Nordeste compte un certain nombre de villes moyennes. Ce sont parfois d’anciens ports qui exercent toujours une fonction de capitale administrative, mais se sont trouvés en dehors des grands foyers de concentration de la vie économique moderne : tel est le cas de la ville d’Aracaju, capitale de l’État de Sergipe, ou celui de Maceió, capitale de celui d’Alagoas. Ce sont encore des villes de l’intérieur qui constituent des relais des grandes cités portuaires. C’est le cas en particulier des villes de foire, où le bétail est concentré avant son acheminement vers les zones de consommation des plaines littorales, les plus célèbres étant Feira de Santana à 120 km à l’intérieur de l’État de Bahia, au nord-ouest de Salvador, et Caruaru dans l’État de Pernambouc, à l’ouest de Recife. Éparses sur l’ensemble du Nordeste, de nombreuses petites villes constituent enfin des centres locaux dont les quelques magasins et bazars témoignent, par leur aspect et la nature des produits qu’ils offrent, de la pauvreté générale des habitants de leur zone d’influence. Assez semblables dans leur paysage, elles ne diffèrent que par leur nombre relatif dans l’espace, selon les densités humaines. Plus nombreuses dans la zona da mata, où les densités atteignent 50 habitants au kilomètre carré, elles se raréfient dans l’intérieur, où les densités tombent à moins de 10 habitants au kilomètre carré.

Le Nordeste pose de très graves problèmes à la nation. Cette grande région de la misère envoie de trop nombreux migrants vers les foyers industriels du Sud-Est, sans pouvoir, pour autant, nourrir convenablement ceux qui restent. Les tentatives d’industrialisation sont hors de rapport avec l’ampleur des besoins. Seule une profonde modification des conditions de travail imposées par la structure actuelle de l’économie agricole pourrait peut-être briser cet étau de la pauvreté auquel se heurtent jusqu’à maintenant les plans de la SUDENE, service fédéral chargé de l’aménagement du Nordeste.

M. R.

➙ Bahia / Brésil / Recife / Salvador.

 J. de Castro, Geografia da fome (São Paulo, 1946, nouv. éd., 1961 ; trad. fr. Géographie de la faim, Éd. ouvrières, 1949, nouv. éd., Éd. du Seuil, 1964). / M. Correia de Andrade, A terra e o homen do Nordeste (São Paulo, 1963).

Nord-Pas-de-Calais

Région économique de la France septentrionale, formée des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais ; 12 378 km2 ; 3 913 773 hab. Capit. Lille*.


La densité, supérieure à 300 habitants au kilomètre carré, est à la mesure de celle de l’Europe du Nord-Ouest. Favorisé par ses sols et son sous-sol, région de contacts physiques et humains, le Nord-Pas-de-Calais était considéré comme une « région pilote » dans les années 1950. Au cours des années 1960, assez brutalement, de graves difficultés sont apparues, notamment dans le textile et dans les charbonnages, ces « deux piliers » de la Région. Une vague de pessimisme déferla. L’image de marque de la Région changeait rapidement : les riches plaines et les grands foyers industriels étaient remplacés par un Nord gris et froid, plat et monotone avec ses pavés, ses gueules noires et ses corons. À la fin des années 1960, un nouveau changement est intervenu, début d’une évolution profonde, peut-être d’une révolution ; la décennie 1970 veut être celle de la naissance d’une nouvelle Région, dont les bases de la richesse ne seront plus les mêmes.


Aspects physiques

Une carte topographique montre la division de la Région en deux parties.

Au sud, ce sont des hauteurs en forme de V ; la branche occidentale, orientée N.-O. - S.-E., est l’Artois, la branche orientale, orientée S.-O. - N.-E., constitue le Cambrésis, l’Avesnois, puis l’Ardenne. À la pointe du V, les altitudes s’abaissent jusqu’à une centaine de mètres, c’est le seuil de Bapaume ; de part et d’autre, les altitudes remontent : à l’ouest, l’Artois culmine à un peu plus de 200 m, puis lui succède la « fosse » du Boulonnais ; à l’est, l’Avesnois dépasse aussi 200 m, et l’Ardenne, à l’extrême est, atteint 300 m.

Au nord, ce sont les bas pays, région de plaines et de collines où les altitudes se tiennent au-dessous de 30 à 50 m et peuvent même descendre au-dessous du niveau de la mer. Du nord-ouest au sud-est alternent plaines et régions de collines : plaine maritime, Flandre intérieure ou Houtland, plaine de la Lys, collines du Weppe, plaine du Mélantois, collines du Pévèle, plaine de la Scarpe. La principale ligne de hauteurs, orientées ouest-est, coupe en deux la Flandre intérieure, ce sont les monts de Flandre culminant au mont Cassel (176 m).