Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nord (mer du) (suite)

 G. Böhnecke et G. Dietrich, Monatskarten der Oberflächentemperatur für die Nord- und Ostsee und die angrenzenden Gewässer (Hambourg, 1951). / H. U. Roll, Die Meereswellen in der südlichen Nordsee (Hambourg, 1956). / A. Guilcher et J. Beaujeu-Garnier, l’Europe du Nord et du Nord-Ouest, t. I : Généralités physiques et humaines (P. U. F., 1958). / Serial Atlas of Marine Environment, fasc. 4 : Surface Water Type of the North Sea and theirs Characteristics (New York, 1963) ; fasc. 9 : Meteorology of the North Sea (New York, 1965). / A. Wenger, Pétrole et gaz naturel en mer du Nord. Droit et économie (Technip, 1971). / J. Coull, European Fisheries (Londres, 1972).

Nordeste

Grande région naturelle du Brésil.


Le Nordeste, comme son nom l’indique, occupe le nord-est du pays et comprend au sens strict les sept États suivants : Alagoas, Ceará, Maranhão, Paraíba, Pernambouc, Piauí et Rio Grande do Norte. Mais on y englobe aussi le Sergipe et l’État de Bahia.

C’est la zone la plus anciennement peuplée, où se sont installés les colons portugais après une brève rivalité avec les Hollandais, où a prospéré la société coloniale avec ses plantations et ses esclaves et où était située la capitale de la colonie jusqu’au xviie s. (Salvador). C’est aujourd’hui la région de la misère, qui porte le plus profondément, dans les niveaux de vie et les paysages, la marque du sous-développement d’une grande partie du Brésil. Certes, la nature y est souvent ingrate, puisque 90 p. 100 de la superficie sont affectés d’un climat semi-aride aux pluies insuffisantes et irrégulières.

Mais il convient néanmoins de chercher les parts respectives des conditions naturelles et de l’histoire dans l’explication de la pauvreté actuelle et des difficultés économiques et sociales.


La nature

Elle offre des conditions de mise en valeur fort différentes selon les régions. Le relief comprend une plaine littorale relativement large, de 50 à 200 km, puis un escarpement plus ou moins ample qui prend l’allure d’une zone de moyenne montagne, au niveau de l’État de Pernambouc, mais se résume au nord à quelques collines. Il borde un plateau cristallin, d’altitude également variable, de 200 à 1 000 m, qui s’incline vers l’intérieur et cède progressivement la place à des secteurs où alternent plaines et plateaux formés par des grès ou autres terrains sédimentaires anciens. Mais le Nordeste se caractérise surtout par des oppositions de climat. Sa latitude, entre 1 et 16° S. environ, le situe d’une façon générale dans une ambiance tropicale et subéquatoriale aux températures élevées, à peine adoucies par l’altitude dans la partie intérieure. Toutefois les régimes pluviométriques sont très variés : la partie côtière, au-delà de 6° de latitude, vers le sud, est bien arrosée, recevant de 1 500 à 2 500 mm de pluies par an. La végétation correspondait, avant le défrichement, à la forêt dense ; aussi cette zone est-elle dénommée zona da mata, zone de la forêt. Elle ne dépasse pas les limites de la plaine littorale et fait place, vers l’ouest, à une zone de transition où les pluies oscillent autour de 1 000 mm par an, avec des variations, selon le relief, qui expliquent les alternances de la végétation entre les forêts sèches et les broussailles semi-arides : c’est la zone de l’Agreste. L’ensemble de l’intérieur du Nordeste et la zone côtière en deçà de 6° de lat. S. constituent le Sertão, qui ne reçoit qu’une moyenne annuelle de précipitations inférieure à 750 mm, voire à 500 mm sur de petites étendues. Ces quantités sont très insuffisantes en pays chaud, avec l’intensité de l’évaporation, aussi la végétation s’adapte-t-elle à cette sécheresse : c’est la caatinga, composée d’épineux et de cactacées. En fait, ces totaux pluviométriques moyens n’ont qu’une signification relative, car le véritable problème est posé par l’irrégularité des précipitations. Tantôt il tombe 500, voire 700 mm de pluies en quelques mois, puis la sécheresse s’installe de façon imprévisible : 5, 10 ou 15 mois sont sans précipitations notables. Les sécheresses marquées qui arrivent tous les cinq ou dix ans, sans régularité, provoquent des drames allant jusqu’à la mort du bétail et l’obligation pour les hommes de fuir leur terre en de longs cortèges d’émigrants cheminant à pied, les retirantes, bien connus de la littérature et de la sculpture brésiliennes.


La mise en valeur agricole

Cette nature contrastée a fait l’objet de deux modes de mise en valeur durant l’époque coloniale. La zone humide est devenue le centre de la culture de la canne à sucre et le lieu d’implantation des villes, Salvador, Recife, Fortaleza. L’intérieur, après avoir été le domaine des Indiens (les premiers esclaves), devint, à la suite de la disparition des tribus et du métissage, le lieu d’installation de grandes fermes d’élevage fournissant à la fois les bêtes de trait et la viande à la zone des plantations. Cette dernière portait des cultures dites « nobles », au sein de grandes propriétés, de plus en plus travaillées par des esclaves souvent importés d’Afrique. Ce rôle important des esclaves durant l’époque coloniale et le xixe s. (l’esclavage n’ayant été aboli qu’à la fin du siècle dernier) explique la très forte proportion de Noirs et de métis de Noirs dans cette partie du Brésil. Celle-ci groupait, jusqu’au milieu du xixe s., la moitié de la population brésilienne ; aujourd’hui, elle en abrite moins du tiers, comptant tout de même près de 30 millions d’habitants pour l’ensemble du Nordeste au sens large. Durant le xixe s., puis le xxe s., l’essentiel de la richesse brésilienne, plantations de café et surtout industrialisation, s’est concentré dans le Sud-Est, tandis que le Nordeste restait dans le cadre de l’économie et des structures traditionnelles héritées de l’époque coloniale. Aussi retrouve-t-on aujourd’hui les zones décrites ci-dessus. Dans la région de la forêt prédomine encore la culture de la canne à sucre. Il s’y ajoute, dans le sud de l’État de Bahia, celle du cacao, développée à partir de la fin du xixe s. D’autre part, la crise récente de la canne à sucre a entraîné, dans ce même État, quelques tentatives de conversion de cette monoculture en cultures d’hévéas, qui demeurent toutefois encore expérimentales. Dans la zone de transition, la production des cultures vivrières destinées à l’approvisionnement des grandes villes du littoral s’est accentuée ; dans cette partie du Nordeste s’opposent des zones de trop petites propriétés où vivent difficilement des paysans issus d’anciens esclaves installés là après l’abolition de l’esclavage, et des zones de grandes propriétés où se pratique un élevage laitier. Enfin, en dépit de quelques secteurs de culture du coton, l’intérieur reste essentiellement le domaine de l’élevage extensif, pratiqué dans de très grandes propriétés de 10 000, voire 20 000 ha et même davantage. Cette structure en grands domaines se retrouve dans la zone de la canne à sucre sous deux formes : il s’agit tantôt d’anciennes fermes traditionnelles de 2 000 à 3 000 ha, tantôt de zones de plantations regroupées autour d’une usine traitant la canne à sucre et qui atteignent entre 10 000 et 15 000 ha. Mais, quelle que soit la forme de ces grandes propriétés, les relations de travail opposent le propriétaire, individu ou société, à un prolétariat agricole très pauvre. Autrefois la rémunération consistait uniquement dans le droit, pour l’ouvrier, de s’installer sur un petit lopin de terre de la ferme pour y construire une cabane et pratiquer quelques cultures vivrières. Maintenant, le travail est en général rémunéré par un salaire en argent, mais qui demeure extrêmement faible et ne permet qu’un niveau de vie misérable. L’habitat rural, dans l’ensemble du Nordeste, aussi bien dans la zone humide que dans la zone de transition ou la zone de sécheresse, est le reflet de cette misère et consiste en de simples cabanes faites de troncs d’arbres, de terre séchée et de feuillages.